BIDAULT Armand, Émile [dit Cabet] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, Guillaume Davranche

Né le 29 mai 1869 à Palaiseau (Seine-et-Oise), mort le 28 janvier 1938 à Paris IIIe arr. ; mécanicien ; éditeur de La Brochure mensuelle dans l’entre-deux-guerres.

Émile Bidault participa, en août-septembre 1886, à la constitution de la Ligue des antipatriotes. Il fut condamné le 9 avril 1887 à six jours de prison pour outrages aux agents. Cette ligue organisa quelques conférences, édita quelques placards, puis disparut au cours des années suivantes.

En 1889, il fréquentait le Cercle anarchiste international qui, fondé en 1888, était le principal lieu de rencontre anarchiste à l’époque (voir Alexandre Tennevin). Autour de 1890, insoumis, il vivait au 97, Charlotte Street, à Londres, parfois sous le pseudo de Dubois ou Dupont. De 1892 à 1894 au moins, il vécut à La Chaux-de-Fonds (Suisse). Il retourna à Paris en 1895 et fut condamné à un mois de prison pour insoumission.

En 1912, la police le signalait comme militant anarchiste, résidant 52, rue des Boulets, à Paris XIe arr.

En octobre 1913, il résidait à Yvetot (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), où il était gérant des Galeries cauchoises. Il était alors adhérent individuel de la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (FCAR).

Durant la guerre, il fut hostile à l’union sacrée et apprécia les positions de Sébastien Faure. Après une brève période aux armées, il fut détaché en juillet 1915 chez Salmson à Billancourt, où il travaillait à la fabrication de moteurs d’aéroplanes. En 1916, il cosigna le manifeste pacifiste « La paix par les peuples » (voir Charles Benoît) qui s’opposait au Manifeste des Seize (voir Jean Grave).

En 1919, il était trésorier du Comité de défense sociale, poste qu’il occupait encore en 1922.

Il tenta à l’époque de mettre sur pied une « Bibliothèque circulante gratuite ». Membre de la Fédération anarchiste, il était chargé, ainsi que Louis Rimbault, des correspondances et communications au Libertaire. Il recevait également tous les mandats qui concernaient la Librairie sociale qui dépendait du journal.
Lors du congrès fondateur de l’Union anarchiste, les 14 et 15 novembre 1920 à Paris, il proposa de doter l’organisation de sa propre librairie, « une maison qui serait celle des anarchistes ». À la fin du congrès, il fut pris à partie par un responsable du Libertaire, Pagès. Au IIe congrès de l’UA, à Lyon, les 26 et 27 novembre 1921, il représenta le groupe de Paris 11e. Au IIIe congrès, tenu à Levallois en décembre 1922, il fut encore attaqué à propos de la Librairie sociale. Il promit alors de signer la cession du bail de la boutique située, 69, boulevard de Belleville, à Paris.

En 1923, Bidault s’installa comme libraire-éditeur au 39, rue de Bretagne, à Paris 3e. C’est là qu’il accomplit son œuvre principale : la publication de La Brochure mensuelle, collection de textes anarchistes désormais considérés comme des classiques (Kropotkine, Reclus, Most, Sébastien Faure, Thonar…) mais aussi des études d’actualité politique et sociale.

Dans ses souvenirs, Nicolas Faucier, qui était alors permanent de l’UACR, parle de lui comme d’un « curieux personnage, assez effacé, se tenant à l’écart du milieu anarchiste, mais très avisé sur le plan commercial. Il vivait au milieu de ses livres dans un local assez vétuste, au premier étage d’un immeuble situé au 39 de la rue de Bretagne. Au rez-de-chaussée, il avait installé une presse qui lui servait à imprimer La Brochure mensuelle, publication diffusée par abonnements à l’usage des groupes et militants chez lesquels il s’était acquis une nombreuse clientèle […]. Il avait raflé chez les éditeurs – et particulièrement chez P.V. Stock – presque tout le fonds des œuvres anarchistes datant de l’avant-guerre 1914-1918 et non rééditées depuis […], si bien que nous devions passer par lui pour nous les procurer. Mais étant donné les débouchés dont nous disposions, nous étions son plus gros client et il nous consentait les remises habituelles aux libraires, soit 33 %, ayant lui-même bénéficié sur ses achats de remises plus avantageuses. »

Bidault fut également gérant du journal-revue La Conquête du pain en 1934-1935, ouvert à tous les courants de l’anarchisme et dont le n° 1 parut le 13 octobre 1934.

Avec sa mort, en janvier 1938, disparut La Brochure mensuelle, dont l’ultime numéro avait paru au début du mois. Il fut incinéré au Père-Lachaise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154112, notice BIDAULT Armand, Émile [dit Cabet] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, Guillaume Davranche, version mise en ligne le 8 mars 2014, dernière modification le 3 octobre 2020.

Par Jean Maitron, Guillaume Davranche

SOURCES : Arch. Nat. F7/13053 et 13061, rapport du 2 juillet 1915. — Arch PPo BA/1499. — Arch. Paris, Recrutement militaire de la Seine. — CAC Fontainebleau, 19940500 art. 59 dossier 1087 — Le Libertaire, 2 février et 18 mai 1919, 21 et 28 novembre 1920. — Syndicalisme révolutionnaire et communisme. Les archives de P. Monatte, Paris, 1968. — Nicolas Faucier, Dans la Mêlée sociale, La Digitale, 1983. — Constance Bantman, Anarchismes et anarchistes en France et en Grande-Bretagne, op. cit. — David Burkhard, La répression des anarchistes dans le canton de Neuchâtel au temps de la propagande par le fait, 1878-1895, mémoire de licence, Université de Neuchâtel, 2010.

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