DAUTHUILLE Auguste, Jospeh, Toussaint [Dictionnaire des anarchistes]

Par Guillaume Davranche

Né le 4 mai 1891 à Avranches (Manche), décédé le 31 mai 1950 à Beauchamp (Seine-et-Oise) ; typographe ; anarchiste et syndicaliste, puis communiste.

Farouchement anti-hervéiste, Auguste Dauthuille fut en novembre 1910 un des cofondateurs de la Fédération révolutionnaire communiste (FRC).

Militant de la minorité syndicaliste révolutionnaire de la fédération du Livre, il écrivit, dans Le Réveil typographique de janvier 1911, un article violemment hostile à Auguste Keufer et à la direction réformiste du Livre.

Désigné secrétaire de la FRC le 2 avril 1911 en remplacement d’André Schneider, il dut céder sa place à la réunion plénière du 30 mai 1911 à Eugène Martin, jugé plus dynamique. Il résidait alors 19, rue de Seine, à Paris 6e et était secrétaire du groupe de Paris 18e.

En août 1911, il était membre du Comité de défense sociale (CDS) et militait au groupe FRC de Pontoise, où il résidait 37, place du Grand-Martroy.

Le 29 septembre 1911, il fut convoqué aux assises de la Seine, pour l’article antimilitariste « Les volontaires » paru dans Le Libertaire du 6 mai, tandis qu’Édouard Sené était accusé d’« appel au pillage » pour un article sur la vie chère. Tous deux refusèrent de se rendre à la convocation, pour ne pas avoir à s’asseoir à côté de l’ex-gérant, Jean Dudragne. Ils furent condamnés par défaut, Dauthuille à trois mois de prison et 500 francs d’amende, et Sené à trois ans de prison et 3 000 francs d’amende. Ayant fait opposition, Dauthuille devait repasser devant les assises le 19 juin 1912

En octobre 1911, Dauthuille fut un des fondateurs du Club anarchiste communiste et cosigna son manifeste (voir Albert Goldschild).

De mars à mai 1912, il appartint au Comité antiparlementaire révolutionnaire — impulsé par la FRC — qui mena une campagne abstentionniste à l’occasion des élections municipales de mai. Ce comité rassemblait 25 personnalités anarchistes et/ou syndicalistes révolutionnaires (voir Henry Combes).

En avril 1912, il était secrétaire de la Jeunesse syndicaliste du Livre de la Seine. La même année, il était secrétaire du groupe de Pontoise de la FRC.

Quand Dauthuille revint devant la cour d’assises le 19 juin 1912 pour son article « Les volontaires », son procès avait pris une envergure politique particulière. Il s’apprêtait en effet à partir effectuer son service militaire, et la loi Berry-Millerand ayant été votée entre-temps, il risquait d’être envoyé au bagne militaire. La condamnation fut malgré tout confirmée mais « avec les circonstances atténuantes » et la peine fut ramenée à six semaines de prison et 250 francs d’amende. Ne rentrant plus dans les critères de la loi, modifiée le 11 juillet 1912, Dauthuille échappa au bagne militaire.

En 1912-1913, il collabora au Mouvement anarchiste.

Le 11 avril 1916, il épousa Charlotte Billard à Paris 14e.

En 1919, il était membre du CDS et suivait l’affaire Sadoul avec Jean-Louis Thuillier.

Il milita ensuite au PCF à Paris 14e. Le 16 janvier 1923, il fut exclu du parti avec l’ensemble du Comité d’unité communiste, qui rejetait les conclusions du IVe congrès de l’Internationale hostiles à la franc-maçonnerie et à la Ligue des droits de l’homme.

Le 16 juillet 1938, il épousa Marie Obach à Paris 19e.

Sous l’Occupation, Auguste Dauthuille fit partie des responsables syndicaux qui intégrèrent les organismes de la Charte du travail. En octobre 1941, il fut nommé secrétaire chargé des relations syndicales au « Centre syndicaliste de propagande », lié au gouvernement de Vichy. Il partageait cette fonction avec Pierre Vigne. Le bureau comprenait également : Aimé Rey (secrétaire général), René Mesnard (secrétaire trésorier), Georges Albertini (secrétaire à l’éducation), Gabriel Lafaye (secrétaire à la propagande) et Fernand Hamard (secrétaire technique).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154132, notice DAUTHUILLE Auguste, Jospeh, Toussaint [Dictionnaire des anarchistes] par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 19 avril 2014, dernière modification le 5 novembre 2022.

Par Guillaume Davranche

SOURCES : État-civil de la Manche. — Arch PPo BA/1513, 1514 et 882. — Arch. Nat. F7/13053 et 13568. — Le Réveil typographique de janvier 1911. — La Guerre sociale du 10 août 1911. — L’Humanité du 18 janvier 1923. — L’Atelier n° 47, 1er novembre 1941 et passim. — René Bianco, « Cent ans de presse anarchiste… », op. cit. — Guillaume Davranche, Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914), L’Insomniaque/Libertalia, 2014.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable