FERRÉ Henri [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice revue par Guillaume Davranche

Né le 28 décembre 1898 à Paris (VIe arr.) ; mort le 26 mai 1953 à Paris (XIVe arr.) ; terrassier, puis charpentier en fer ; anarcho-syndicaliste.

Militant à Paris XIVe, Henri Ferré était, en février 1921, secrétaire du comité d’entente des Jeunesses syndicalistes de la Seine. En mars, il occupait la fonction de trésorier. Anarchiste, il se classait alors dans la minorité révolutionnaire de la CGT.

Lors de son congrès de Dijon, en mai 1921, les minoritaires gagnèrent la fédération CGT du Bâtiment. Aussi, jusqu’au congrès confédéral de Lille (juin 1921), le secrétaire fédéral, Chanvin, fut « assisté » par une commission exécutive provisoire dominée par les révolutionnaires, où siégea Henri Ferré.

Passé à la CGTU après la scission confédérale de décembre 1921, Henri Ferré se classa dans la tendance Besnard. En mars 1922, il cosigna l’appel de 33 militants pour la parution de La Bataille syndicaliste, qui allait être l’organe de cette tendance, alors à la direction de la CGTU. Il en fut ensuite membre du comité de rédaction.

Le 18 juin 1922, il fut un des animateurs de la conférence des Jeunesses syndicalistes de la Seine, affiliées à la CGTU. Il participa ensuite à la conférence des Jeunesses syndicalistes de Paris, du Centre et de l’Est, à la bourse du travail de Saint-Étienne, en prélude du Ier congrès confédéral de la CGTU. La conférence adopta une déclaration où elle se disait fidèle au « syndicalisme révolutionnaire (fédéraliste) » et demandait que son existence soit inscrite dans les statuts confédéraux. Ferré fut désigné représentant des Jeunesses syndicalistes au congrès confédéral.

Au congrès confédéral, qui se déroula du 25 juin au 2 juillet 1922, Henri Ferré fut donc le représentant des Jeunesses syndicalistes, mais également du syndicat du bâtiment de Verdun. Il vota les motions Besnard. Après le vote du contre-projet de statuts déposé par la tendance Monmousseau, Ferré déposa, avec Louis Barthès, un projet d’addition aux statuts demandant que les Jeunesses aient voix consultative à la commission exécutive et au comité confédéral national de la CGTU.

Le congrès de Saint-Étienne ayant mis la tendance Besnard en minorité dans la CGTU, Henri Ferré fit partie de la commission exécutive du Comité de défense syndicaliste, qui structura la minorité dite « anarcho-syndicaliste » à partir de juillet 1922.

En décembre 1922, Henri Ferré fut délégué au congrès de l’Union des syndicats de la Seine de la CGTU. Fidèle à la ligne Besnard, il y déclara : « Nous ne sommes pas contre l’adhésion à l’Internationale syndicale rouge. Nous sommes pour l’adhésion, mais avec certaines modalités » (sa rupture préalable avec la IIIe Internationale). Il ne s’agissait que d’une position tactique. En effet, quelques jours plus tard, Ferré participait, avec Couture*, Pierre Besnard et Albert Lemoine*, au congrès fondateur de l’Association internationale des travailleurs (AIT), tenu à Berlin du 25 décembre 1922 au 3 janvier 1923. Il y représentait les Jeunesses syndicalistes de la Seine, qui revendiquaient alors 750 membres.

Dans les luttes de tendances au sein de la CGTU, Ferré se montra particulièrement intraitable et virulent contre les communistes et les syndicalistes pro-Moscou. Le 10 janvier 1923, le Syndicat unique du bâtiment (SUB) de la Seine le nomma à la commission exécutive de l’UD de la Seine. Il y fut le seul « anarcho-syndicaliste » avec Bacot, du syndicat des terrassiers. En février il déclarait que, pour déjouer les manœuvres communistes, il était prêt à se servir de « ses poings pour appuyer son point de vue ».

Le 1er juin, alors que la commission syndicale des communistes du Bâtiment se réunissait au siège du PCF, Ferré et un camarade, Salvator, firent irruption pour perturber la réunion.

Du 4 au 7 juillet 1923, il fut délégué au congrès de la fédération CGTU du bâtiment à Paris, où les procommunistes furent battus par une très nette majorité syndicaliste révolutionnaire. Ferré fut alors élu comme suppléant à la commission exécutive fédérale.

Du 12 au 17 novembre 1923, il fut délégué au congrès confédéral CGTU de Bourges par les syndicats du bâtiment de Saint-Brieuc, de Fismes, de Mantes, et par les monteurs en chauffage de la Seine. Il habitait alors 120, boulevard de La Villette à Paris (XIXe arr.).

Au congrès de l’UD de la Seine des 30 et 31 décembre 1923, marqué par de violents incidents, il en vint aux mains avec les communistes. Suivit-il la majorité de la Fédération du Bâtiment lorsqu’elle rompit avec la CGTU et passa à l’autonomie, en novembre 1924 ?

Il se maria à Paris (XIXe arr.) le 22 novembre 1924.

Un E. Ferré, était militant de la CGT-SR à Limoges (Haute-Vienne) en 1935.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154147, notice FERRÉ Henri [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice revue par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 1er mai 2014, dernière modification le 4 juillet 2022.

Par Jean Maitron, notice revue par Guillaume Davranche

SOURCES : Arch. Nat. F7/13586, F7/13651. — Comptes rendus des congrès de la Fédération du Bâtiment. — Comptes rendus des congrès de l’Union des syndicats de la Seine. — Comptes-rendus des congrès CGTU de 1922 et 1923 — Le Cri, 1921-1922 — Boris Ratel, « L’anarcho-syndicalisme dans le bâtiment de 1919 à 1939 », mémoire de maîtrise en histoire, université Paris-I, 2000 — Renseignements fournis par Charles Salembier. — État civil de Paris VIe arr., 19 juin 1984.

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