JEAN Lucien [Lucien Dieudonné, dit] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche

Né le 20 mai 1870, mort le 1er juin 1908 ; employé à la préfecture et écrivain ; anarchiste et syndicaliste.

Lucien Dieudonné perdit son père à l’âge de 16 ans et entra comme auxiliaire à la préfecture de la Seine. Il travailla par la suite comme dessinateur à l’annexe de l’avenue Victoria, puis au service de l’éclairage, à la mairie du 4e arrondissement.

Dès 1894, il fréquenta les réunions littéraires, comme celles de La Plume, et les réunions anarchistes. Émile Janvion dit l’avoir connu dans le cadre du « cénacle littéraire de la Montagne-Sainte-Geneviève » où fréquentaient également Zo d’Axa*, Georges Deherme*, Louis Lumet* et Victor Barrucand*. Plus tard, sous le nom de Lucien Jean, il collabora à de nombreux périodiques littéraires anarchisants : La Plume, L’Art social, L’Humanité nouvelle, L’Enclos, L’Ermitage, Le Mercure de France, Antée, La Société nouvelle. Il donna aussi des articles au Parti ouvrier (allemaniste). En 1901, il fonda un cahier mensuel, Aujourd’hui, qui n’eut que 4 numéros.

Écrivain apprécié mais de santé fragile, Lucien Jean n’eut le temps de publier, à compte d’auteur, qu’un petit livre, Dans le jardin, tiré à 200 exemplaires, et deux minces plaquettes : Un vieil homme et Souvenirs d’hôpital. Sur la requête d’André Gide, Georges Valois*, qui fut son ami, réunit après sa mort ses meilleurs écrits dans un ouvrage paru en 1910 et intitulé Parmi les hommes.

Lucien Jean fut aussi un militant de tendances libertaires. Il était ami avec Émile Janvion et Charles-Louis Philippe, employés comme lui à l’hôtel de ville, et tous trois se battirent pour la reconnaissance des droits des fonctionnaires. En 1904 ils cofondèrent le syndicat parisien des employés municipaux (CGT), dont Lucien Jean fut « une des âmes » selon Émile Janvion. Charles-Louis Philippe, qui en parallèle était écrivain, le prit à deux reprises pour modèle : pour son Louis Buisson dans Bubu de Montparnasse et pour son Lucien Teyssèdre dans Croquignole.

Lucien Jean mourut le 1er juin 1908, laissant deux enfants, Jean et Lucienne. Lorsque sa femme mourut le 25 novembre 1930, après une vie de privations, elle était la proie d’une sorte de délire de la persécution et elle avait détruit souvenirs et notes laissés par son mari.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154171, notice JEAN Lucien [Lucien Dieudonné, dit] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 17 avril 2014, dernière modification le 23 mai 2014.

Par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche

ŒUVRE : Dans le jardin, Impr. de L. Badel, 1901 — Un vieil homme, Impr. de Blais et Roy, 1905 — Souvenirs d’hôpital, 1906.

SOURCES : Georges Valois, préface à Parmi les hommes, Mercure de France, 1910 — Terre libre du 14 juillet 1910 et 16 décembre 1913 — La Révolution prolétarienne, août-septembre 1952, note de Pierre Monatte — Louis Lanoizelée, Lucien Jean, Plaisir du bibliophile, 1952, préface de Henri Poulaille — Michel Ragon, Histoire de la littérature prolétarienne de langue française, Albin Michel, 2005 — André Gide, Correspondance avec Eugène Rouart, volume 2 (1902-1936), PUL, 2006.

ICONOGRAPHIE : Louis Lanoizelée, op. cit.

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