MANUEL Maurice [dit Perrier] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Guillaume Davranche, Rolf Dupuy, Françoise Fontanelli, Thierry Bertrand

Né à Marseille le 7 janvier 1872, mort le 10 décembre 1911 à Méandre (Isère) ; liquoriste, colporteur de journaux ; anarchiste.

Né de père inconnu, Maurice Manuel demeurait avec sa mère, veuve Perrier, au 8, rue Saint-Mathieu. Il demeura ensuite au 27, rue Glandeves et, en 1893, au 3, rue Fortia. Sans métier précis, il travailla quelquefois comme commissionnaire et colportait journaux et brochures révolutionnaires. Il fut également (1892) liquoriste.

Au début des années 1890 il était membre, avec entre autres Julius Boisson, Venance Lesbros, Ernest Lavisse et Marius Raphaël, du groupe anarchiste dit des « Jeunes ». Il hébergeait à son domicile le compagnon d’origine russe David Tapuzzo. En août 1891, il fut écroué à la prison Chaves avec Tapuzzo et François Traverso pour « menaces de mort » contre le directeur du journal Le Radical qui avait publié un article injurieux envers les anarchistes. Il bénéficia d’un non-lieu.

En 1892 il était affecté aux services auxiliaires pour strabisme très prononcé.

Arrêté après l’attentat de novembre 1893 contre l’hôtel du général commandant le 15e corps d’armée, rue d’Armény, il fut arrêté : on l’aurait entendu approuver l’attentat. Lors de son interrogatoire du 17 novembre, il déclara à la police : « Ce n’est pas un emprisonnement d’un an qui me fera changer de conviction. » Immédiatement écroué, il comparut devant le petit parquet le 18 novembre 1893. En dépit d’une détention préventive assez longue, cela se solda par une ordonnance de non-lieu.

Son domicile fut perquisitionné et la police y trouva nombres de brochures, journaux et lettres prônant notamment l’abstention. D’après la police, en décembre 1893, il aurait fait une tournée dans le Gard et l’Hérault. À Montpellier, il lança une souscription au profit des anarchistes arrêtés pour l’attentat du 15 novembre 1893 qui rapporta la somme de 140 Francs.

Il était à cette époque à la rédaction de la deuxième série du journal L’Agitateur (Marseille-Toulon, 6 numéros du 14 janvier au 18 février 1893). Participant à toutes les réunions anarchistes, il fut souvent l’objet de perquisitions, notamment en janvier 1894.

En 1894 il figura sur une liste de 14 propagandistes anarchistes communiquée par la préfecture des Bouches-du-Rhône au ministère de l’Intérieur, à l’occasion d’une enquête nationale (voir Paul Gauchon).

Maurice Manuel habitait alors 3, rue Sainte-Marthe et était célibataire.
Il fut l’année suivante gérant de l’édition du Midi du journal antisémite La Libre Parole, dont le sous-titre était « Les juifs hors de France ». Le 21 juin 1895 il était condamné par le Tribunal Correctionnel de Marseille à 15 jours de prison, 200 Frs d’amende et 200 Frs de dommages et intérêts pour diffamation et injures par voie de presse. En 1896, il purgea à Aix-en-Provence puis à Draguignan une peine de trois mois de prison pour délit de presse.

Il semble avoir par la suite renié l’antisémitisme puisqu’en pleine affaire Dreyfus, en mars et avril 1898, la police signalait sa présence aux conférences données par Henri Dhorr. Le 19 décembre 1898, il était condamné par la Cour d’assises des Bouches-du-Rhône à trois ans de prison pour « agression suivie de vol ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154189, notice MANUEL Maurice [dit Perrier] [Dictionnaire des anarchistes] par Guillaume Davranche, Rolf Dupuy, Françoise Fontanelli, Thierry Bertrand, version mise en ligne le 19 avril 2014, dernière modification le 3 septembre 2020.

Par Guillaume Davranche, Rolf Dupuy, Françoise Fontanelli, Thierry Bertrand

SOURCES : Arch. Nat. F7/12504. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône 4 M 2419, 1R1123. — René Bianco, Le Mouvement anarchiste à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône de 1880 à 1914, CIRA, 1978.

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