Par Rolf Dupuy
Né à Oran (Algérie) en 1917, mort le 28 avril 2000 à La Seyne-Sur-Mer (Var) ; ouvrier métallurgiste ; anarchiste.
Antoine Martinez, de nationalité française, travaillait sur le port d’Oran quand éclata le soulèvement franquiste de juillet 1936. Il partit aussitôt comme volontaire dans une colonne de la CNT-FAI sur le front de l’Ebre.
Lors des évènements de mai 1937, il fut arrêté à Barcelone et emprisonné durant six mois. Libéré grâce à l’intervention du consul de France, il garda, toute sa vie, un profond ressentiment à l’égard des staliniens.
Revenu à Oran, il est sans doute le Martinez signalé comme membre du syndicat intercorporatif CGT-SR par Le Combat syndicaliste du 16 septembre 1938.
Au début des années 1940, il fit partie d’un réseau de résistance qui fit passer au Maroc plusieurs antifascistes italiens recherchés, dont les anarchistes Pio Turroni* et Giuseppe Petacchi* et le socialiste Leo Valiani.
A partir de décembre 1944, Martinez diffusait à Oran le bulletin franco-espagnol Libre Examen, dont 6 numéros parurent jusqu’en mai 1945. En 1947 il était membre du groupe d’Oran de la Fédération anarchiste.
Rapatrié en France en 1962 à la fin de la guerre d’Algérie, il s’installa à la Seyne-sur-Mer et travailla à l’usine La Provençale. Adhérent du Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA) de Marseille, il fut en 1976 l’un des fondateurs du groupe FA de Toulon et participa à l’organisation du congrès de la FA à Toulon-La Valette.
Membre du cercle Jean Rostand de la Libre-Pensée toulonnaise, il y combattit la mainmise des trotskistes lambertistes, et tenait chaque samedi les permanences du groupe libertaire domicilié dans les mêmes locaux, l’ancienne caserne Lamer, rue de Montebello. Il anima également le Cercle libertaire Seynois, qui se réunissait au centre culturel de la rue Jacques-Laurent à La Seyne, et n’hésitait pas à fréquenter le Cercle des travailleurs, où se réunissaient les socialistes.
En 1978, il fut, avec Gérard Blain, de l’aventure de Radio Trottoir, l’une des toutes premières radios libres anarchistes, qui émettait clandestinement à partir du mont Faron. En 1979 et 1980 il fut l’un des artisans des rencontres libertaires sur le domaine des Francas, à Ollioules, qui réunirent plus de 700 personnes.
Un de ses enfants, Ulysse, est l’auteur d’un mémoire d’histoire sur « L’anarchisme dans les Alpes-Maritimes au début du siècle ».
En 1994, alors qu’il projetait d’organiser un groupe de la FA à La Seyne, il fut victime d’une attaque et dut cesser tout militantisme. Après sa mort, ses archives, confiées au groupe Nada de Toulon, furent cédées en 2002 au CIRA de Marseille afin d’y constituer un Fonds Antoine Martinez.
Antoine Martinez était connu dans le mouvement varois sous le surnom de Titine. Sa rencontre fut déterminante pour de nombreux jeunes, comme témoigna un membre du groupe Nada : « Il m’avait ouvert une armoire remplie d’ouvrages... et de me dire avec son accent espagnol rocailleux : "C’est bien de se dire anarchiste, mais encore faut-il savoir ce que l’on défend, connaître les idées. Alors lis !". Et de me souvenir qu’il avait glissé entre mes mains les Propos subversifs de Sébastien Faure, le grand penseur libertaire qu’il avait eu l’occasion de rencontrer en 1936 sur les Ramblas à Barcelone. »
Par Rolf Dupuy
SOURCES : Bulletin du CIRA, Marseille, n°23/25, 1985, « Témoignages… », op. cit. — René Bianco, « Un siècle de presse… », op. cit. — Le Libertaire, année 1947 — Le Poulpe, Toulon, n°32, février 2002.