BACCONNIER Marcel, Ludovic

Par Roger Pierre

Né le 11 octobre 1913 à Bourg-Saint-Andéol (Ardèche) ; étudiant, puis artiste peintre et sculpteur à Privas (Ardèche) ; secrétaire de la Fédération des Jeunesses socialistes de l’Ardèche ; militant antifasciste.

Élève de première au collège de Privas où son père était professeur, Marcel Bacconnier n’avait pas encore dix-sept ans lorsqu’il se signala en ouvrant dans L’Ardèche socialiste, le 28 septembre 1930, une rubrique intitulée « Le Coin des jeunes » et se présentant comme « un pas vers la création d’une Jeunesse socialiste de l’Ardèche ». Il tint cette chronique jusqu’à la disparition de l’hebdomadaire, en 1934, et écrivit aussi, régulièrement pour ce journal, occasionnellement pour Le Cri des Jeunes ou Révolution Prolétarienne, de nombreux articles et essais sur les sujets les plus divers : les élections anglaises, les œuvres de Jaurès, les problèmes de la lutte contre la guerre, « les arts et les lettres considérés dans une optique antibourgeoise et populaire », etc. On est surpris de trouver dans les écrits de cet adolescent, avec l’enthousiasme et la fraîcheur juvéniles, une aisance de style, une culture déjà étendue, des talents qui témoignent d’une précocité rare à cet âge ; Marcel Bacconnier était considéré comme « le jeune espoir de la Fédération » (L’Ardèche socialiste, 27 septembre 1930).

Il créa à Privas, en 1931, un groupe des Jeunesses socialistes, dont il fut le secrétaire et l’animateur, et pendant trois ans, il parcourut le département pour créer d’autres sections, fut l’âme de la première Fédération des Jeunesses socialistes de l’Ardèche à laquelle il s’efforça de donner une orientation marxiste et unitaire.

Pour se perfectionner dans l’étude de la langue, il fit en Allemagne en 1932, 1933 et 1934 de longs séjours au cours desquels il se lia avec plusieurs groupes de jeunes résistants communistes ou sociaux-démocrates luttant contre la montée de l’hitlérisme. Il fut en 1934 délégué par la Fédération SFIO de l’Ardèche au congrès national de Lille, mais il abandonna un peu plus tard la direction des JS pour se consacrer à ses études artistiques et littéraires.

Il continua cependant à militer dans les organisations antifascistes et pacifistes ; en 1939, il fut arrêté lors d’une distribution de tracts à son centre mobilisateur et passa dix mois en cellule au fort Montluc à Lyon. À sa libération, en 1940, il reprit la direction d’une revue qu’il avait fondée à la veille de la guerre, Vivre (Cahiers vivarois) et qui se saborda en 1942, à son quatrième numéro. « La guerre d’abord, puis Vichy, et quelque manque de persévérance, ont eu rapidement raison de cet effort vers la pensée libre, malgré la sympathie qui l’avait entouré » (E. Reynier, Histoire de Privas, t. III, p. 382). Cette tentative valut à Marcel Bacconnier de rencontrer Pierre Seghers, Aragon, Pierre Emmanuel, Lurçat, Léger, etc. ; et de participer à l’action culturelle de la Résistance. À la Libération, il organisa sous forme d’expositions, de concerts, les premières manifestations artistiques « à la Liberté reconquise », dans le Lot et l’Ardèche, puis il se replia dans la solitude pour peindre et sculpter. Il éleva plusieurs monuments aux martyrs de la Résistance, dont l’émouvant bas-relief inauguré par l’abbé Boulier à Thines (Ardèche) où il perpétue la mémoire des jeunes maquisards victimes des Allemands lors d’une expédition punitive le 4 août 1943.

Marcel Bacconnier sortit parfois de sa retraite pour participer aux manifestations locales du Mouvement de la paix ; il avait adhéré en 1967 au Parti communiste.

Marcel Bacconnier était père de trois enfants d’un premier mariage, de quatre enfants d’un second.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15420, notice BACCONNIER Marcel, Ludovic par Roger Pierre, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 17 janvier 2009.

Par Roger Pierre

ŒUVRE : Collaboration, sous diverses signatures (M.B., Francis Vallon, Paul Chambaud, Pierre Simiane) à divers périodiques mentionnés ci-dessus, et aussi à Le Musée Vivant, Nouvel Âge, Les Cahiers du Sud.
Monuments à la Résistance, à Thines, Pranles (Ardèche), etc. — Cahiers du comité de rénovation des Cévennes, n° 3, s.d. : Thines, monographie.

SOURCES : L’Ardèche socialiste. — Note de Marcel Bacconnier. — Renseignements recueillis par A. Demontès.

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