BACELON Dominique, Jean, dit Nique.

Par Jacques Girault

Né le 12 août 1899 à Toulon (Var), mort le 10 mars 1983 ; ouvrier à l’Arsenal maritime de Toulon ; communiste ; conseiller municipal de Toulon ; conseiller général du premier canton de Toulon (1945-1958).

Son père Jean-Baptiste Bacelon, né à Sospel (Alpes-Maritimes), le 28 avril 1863, s’était instruit au régiment. journalier à l’Arsenal maritime de Toulon (direction des Constructions navales), il était connu pour son anticléricalisme militant. Propriétaire d’une maison dans le quartier du Pont-de-Bois, il avait par ses talents de bricolage, contribué à l’équipement du quartier de lotissement. Secrétaire du comité du quartier qui soutenait la candidat socialiste aux élections cantonales dans le premier canton en 1913, membre de la SFIO dans la fraction « révolutionnaire », il s’en détacha à la veille de la guerre en même temps qu’Auguste Berthon. Syndiqué, il prit sa retraite comme agent technique en 1920. Candidat aux élections municipales, il obtint, le 5 mai 1929, sur la liste du « Bloc ouvrier et paysan », 1 271 voix sur 25 500 inscrits et en conserva 914 au deuxième tour. Il mourut en mai 1936. Ses deux enfants furent baptisés. Sa fille alla communier à Sospel et son fils ne fit pas sa première communion et reçut un vélo pour ses onze ans !

Dominique Bacelon obtint le certificat d’études primaires en 1912 et fréquenta pendant deux ans l’école Rouvière avec Jean Bartolini. Il entra à l’Arsenal le 10 septembre 1914 comme apprenti ajusteur (Artillerie navale). Affecté à la Pyrotechnie, il s’engagea, toujours avec Bartolini, en septembre 1917 dans l’aviation. Après avoir fait ses classes à Dijon (Côte d’Or), il suivit les cours de l’école d’Ambérieu (Ain) et devint mécanicien d’escadrille. Affecté à Bron (Rhône), après l’armistice, il séjourna à Istres et à Miramas (Bouches-du-Rhône). Il fut été marqué par la lecture de La Vague pendant son passage sous les drapeaux. Démobilisé en septembre 1920, il réintégra l’Arsenal le 1er octobre 1920 et passa à la direction des Constructions navales (atelier des machines) le 1er avril 1921. En 1930, il était affecté à la base de Cuers (fabrication de l’hydrogène) et y resta jusqu’en 1933, date à laquelle il réintégra l’atelier des machines à Toulon.

Syndiqué dès le début à la CGT, puis à la CGTU, il fréquentait les anarchistes du groupe de la « Jeunesse libre » qui se réunissaient rue Nicolas-Laugier. Sympathisant du Bloc ouvrier et paysan vers 1924-1925, il adhéra au Parti communiste en 1929 à la cellule du quartier du Pont-de-Bois. Il en devint le secrétaire en 1933 et anima les campagnes électorales de son ami Bartolini, candidat en 1935 et en 1936. Ses activités essentielles consistaient alors dans l’animation du groupe Amsterdam-Pleyel qui, dans le quartier, dépassait les cent membres. Président de la fête du Front populaire dans le quartier en 1936, il anima par la suite le groupe « Paix et Liberté ». Quand la première section communiste de Toulon fut organisée dans les quartiers ouest de la ville, il en devint le secrétaire vers 1937. Gréviste le 30 novembre 1938, il fut mis à pied une journée supplémentaire.

Le 17 octobre 1939, rayé de l’affectation spéciale, Dominique Bacelon fut envoyé dans la zone des combats dans les Alpes-Maritimes dans l’artillerie. Le 17 janvier 1940, il était arrêté à Nice sous l’inculpation d’activités communistes et transféré à Marseille au fort Saint-Nicolas. Il choisit comme avocat Édouard Le Bellegou. Le deuxième tribunal militaire permanent de la quinzième région, le 30 mai 1940, le condamna à trois ans de prison, 5 000 francs d’amende et dix ans d’interdiction des droits civils et civiques, condamnations confirmées par le tribunal maritime de cassation, le 5 juin. De la prison Saint-Pierre, il fut transféré en septembre 1941 à la Centrale de Nîmes (Gard) où il fut responsable de la solidarité entre détenus politiques. A la fin de l’accomplissement de sa condamnation, libéré le 17 janvier 1943, il ne réintégra pas l’Arsenal maritime d’où il avait été officiellement congédié le 4 septembre 1940. Après une période d’isolement, en septembre 1943, il fut à nouveau en contact avec des dirigeants communistes clandestins. Il déclara avoir travaillé du 24 mai 1943 au 28 octobre 1944 à la Société de draguage de Toulon (selon son dossier lors de sa réintégration à l’Arsenal). Selon son témoignage, il avait séjourné dans le Haut-Var, puis dans le Jura (à partir d’avril 1944 où, hébergé par une parente, il fut en contact avec le maquis de Saint-Amour) et à Marseille (où conséquence d’un accident du travail le 9 mai 1944, il subit l’ablation d’un œil à l’hôpital de la Conception à Marseille). En convalescence à Solliès-Toucas (Var), il y anima le Comité local de Libération qui s’empara de la mairie, trois jours avant le départ des Allemands. Peu après, revenu à Toulon au début d’octobre, il participa à la création du Comité de production. Réadmis comme ouvrier temporaire le 17 octobre 1944 à l’Arsenal, il fut réintégré le 1er novembre, comme ouvrier immatriculé dans les services administratifs à compter du 4 septembre 1940 avec redressement financier. Nommé chef-ouvrier le 1er janvier 1946, avec effet rétroactif au 1er juillet 1943, il partit à la retraite le 23 avril 1949.

Secrétaire de la section Gabriel Péri du Parti communiste dès 1945, membre du comité fédéral, membre de la section d’éducation, il conserva ces responsabilités pendant quelques années.

Candidat aux élections municipales sur la liste « d’Union patriotique républicaine antifasciste » conduite par Bartolini, il obtint le 29 avril 1945, 19 362 voix sur 60 365 inscrits et fut élu au deuxième tour, avec 31 951 voix. Membre du conseil d’administration du bureau de bienfaisance, délégué à l’état civil et à la Jeunesse, il s’occupait aussi des questions du ravitaillement, des sports, des élections, des prisonniers et déportés. Réélu le 19 octobre 1947 sur la liste « d’union républicaine et résistante », il le fut à nouveau avec 17 504 voix et signes préférentiels le 8 mai 1949, puis le 26 avril 1953, sur la liste « d’union ouvrière et démocratique... », avec 15 678 voix. Après la dissolution du conseil municipal le 29 mars 1955, il fut réélu le 24 mai 1955, avec 16 199 voix sur 73 245 inscrits. L’accord passé avec les socialistes le 11 février 1955 fut reconduit en mai 1955. Il était délégué à l’assainissement et à l’incinération en février. Il devint délégué aux contributions, au cadastre, aux signatures et membre des conseils d’administration de la Régie mixte des transports toulonnais et du syndicat intercommunal avec La Seyne. Il perdit ces délégations lors de la rupture de l’accord, le 16 novembre 1956. Il fut réélu conseiller municipal sur la liste d’« union de défense républicaine... » qui obtint, avec 15 374 voix, dix élus, le 8 mars 1959. Le 21 mars, lors de la désignation du septième adjoint, il obtint 11 voix contre 14 à son adversaire. Candidat le 14 mars 1965 sur la liste « d’Union républicaine et laïque... », il ne fut pas élu comme ses camarades puisque la liste obtenait 13 644 voix sur 95 789 inscrits et 15 907 au deuxième tour.

Bacelon était depuis 1945 délégué départemental de l’Éducation nationale. Il l’était toujours en 1981.

Candidat du Parti communiste français pour le conseil général dans le premier canton de Toulon (ouest de la ville), Bacelon fut élu le 23 septembre 1945 dès la premier tour avec 6 688 voix sur 22 691 inscrits. Il participa à la première commission (Finances), aux commissions des transports, des œuvres de Sécurité sociale, des Habitations à bon marché et des sinistrés, au comité de patronage des HBM du Var, à la commission de visite des bâtiments départementaux, au syndicat des communes du littoral varois, à l’Office départemental de la Santé. En 1948, s’y ajoutaient la commission d’études concernant l’approvisionnement en viande, le conseil d’administration de l’Office public des HBM du Var, le comité départemental de l’Enseignement technique et celui des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire. Le 7 octobre 1951, à nouveau candidat, il obtenait 4 381 voix sur 25 724 inscrits. Sa réélection était hypothétique. Elle ne fut obtenue qu’à l’issue d’une élection triangulaire où il obtenait 4 609 voix au deuxième tour. Il ne faisait plus partie de la première commission ni de celle des transports, mais figurait dans la deuxième commission (Travaux publics, bâtiments départementaux et vicinalité) et dans celle de l’Hydraulique. Toutes les autres délégations lui étaient retirées, sauf la participation au syndicat des communes du littoral. À partir de 1955, il redevint membre de la commission des Finances à la place de la deuxième commission et retrouva d’autres commissions (lotissements défectueux, caisse départementale de prêts, surveillance des camps et colonies de vacances, aide à la construction et à l’habitat). En 1958, il fut remplacé comme candidat par François Golési qui fut battu.

Bacelon, toujours membre du Parti communiste, célibataire, gardait à la fin des années 1970 une grande influence dans son quartier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15421, notice BACELON Dominique, Jean, dit Nique. par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 24 février 2017.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 7.32.3 ; 2 M 7.35.4 ; 4 M 59.4.4 ; 18 M 98 ; 3 Z 2.23. — Arch. Troisième Région mar., dossier individuel : 2 G 2 96. — Archives de la fédération communiste du Var. — Presse locale. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Sources orales.

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