Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy
Née le 14 octobre 1907 à Czestochowa (Pologne), morte le 11 octobre 1937 ; chimiste ; militante du groupe anarchiste polonais de Paris.
Fille d’Adam Alexander, fabricant de produits chimiques (1869-1946), et de Sophie Karpt, Aniela Wolberg devint anarchiste au cours de ses études à l’université de Cracovie, par des contacts avec des anarchistes bulgares. Elle fut dès lors responsable du périodique clandestin Proletariat.
Arrivée à Paris en novembre 1926 pour poursuivre ses études, elle résida tour à tour 38 rue de Lourmel, 2 rue de l’Echaudé et 40 rue de Seine dans de petites chambres meublées. Aniela, qui recevait des subsides de ses parents, adhéra au Groupe anarchiste polonais dont le siège était situé à la Librairie sociale internationale, 72 rue des Prairies.
Compagne du militant polonais Benjamin Goldberg dit Maxime Ranko*, elle devint vite l’animatrice du périodique Walka (la Lutte), destiné avant tout à propager l’anarchisme en Pologne mais qui servit aussi de moyen de liaison avec les libertaires polonais exilés dans les divers pays du monde. Le 20 mars 1927 elle participa à la réunion internationale tenue dans un cinéma de l’Haÿ-les-Roses, autour du projet de plate-forme organisationnelle (dite Plate-forme d’Archinov) et à laquelle participèrent entre autres Ranko, Lentengre*, Boucher*, Makhno*, Archinov*, Luigi Fabbri, Férandel*, Walecki*, Hugo Fedeli*, Bifolchi*, Perrin dit Odéon* et Woo Yang (Chen*). La publication de Walka ayant été interrompue faute de moyens financiers, Aniela Wolberg s’inscrivit à la faculté de Montpellier où elle noua des rapports étroits avec les groupes anarchistes français et espagnols tout en maintenant le contact avec le groupe polonais de Paris.
De retour dans la capitale elle collabora à l’organe de la CGTSR Le Combat syndicaliste, travailla comme ingénieur-chimiste dans une usine d’automobiles et fit reparaître le journal, ce qui lui valut d’être expulsée en 1932.
Revenue en Pologne, elle devint responsable de la publication clandestine Walka Klas (la Lutte de classes) et entra au secrétariat de la Fédération anarchiste de Pologne. Elle fut arrêtée à plusieurs reprises, en particulier en 1934, ce qui ne l’empêcha pas d’obtenir un poste à l’université de Varsovie.
Aniela Wolberg, qui serait allée en Espagne à l’été 1936, fit une ultime intervention publique en Pologne le 9 octobre 1937. Elle mourut le 11 octobre à Varsovie, des suites d’une opération chirurgicale. Lew Marek la remplaça au secrétariat de la fédération anarchiste.
L’écrivain chinois Pa Kin (Ba Jin*), qui l’avait croisée à Paris, l’évoqua dans une de ses nouvelles sous les traits d’« Ariana ».
Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy
SOURCES : Arch. PPo BA/1900. — Le Libertaire, 18 novembre 1937. — Le Combat syndicaliste, 26 novembre 1937. — Lettre d’Anna Zarnowska (Archives centrales de Varsovie) à R. Bianco, 6 octobre 1981. — D. Abad de Santillan, Memorias, Barcelone, Planeta, 1977. — Pa Kin, Le Secret de Robespierre et autres nouvelles, Éd. Mazarine, 1980. — Notes de R. Bianco, J.-M. Lebas et Thierry Bertrand.