ZÉVACO Michel [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron

Né le 1er février 1860 à Ajaccio (Corse), mort le 8 août 1918 à Eaubonne (Seine-et-Oise) ; journaliste et romancier ; militant anarchiste puis socialiste.

Michel Zevaco
Michel Zevaco
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Fils d’un tailleur ou d’un militaire de carrière (selon les sources) qui s’installa à Angers (Maine-et-Loire) en 1869, Michel Zévaco fit de brillantes études secondaires. Après le baccalauréat, il vint à Paris pour préparer le concours d’entrée à l’École normale supérieure. Devenu professeur au collège de Vienne (Isère) en janvier 1881, il démissionna à la fin de l’année et s’engagea dans les Dragons. Libéré au bout de cinq ans avec le grade de sous-lieutenant de réserve, il s’inspira de son expérience pour écrire un premier ouvrage, Le Boute-charge, qui parut fin 1888.

En 1889, Zévaco collaborait au quotidien de « concentration socialiste » de Jules Roques, L’Égalité. Il fréquentait alors le cercle Le Coup de feu, animé par le chansonnier communard Eugène Châtelain, où il rencontra Alexandre Zévaès. Il devint rapidement le principal responsable de L’Égalité, créant une équipe, recrutant des collaborateurs occasionnels tels Zéphirin Camélinat, Sébastien Faure, Émile Pouget, Charles Malato, Louise Michel, Emmanuel Chauvière, etc.

En septembre 1889, il se présenta aux élections à Paris et fit une campagne « anti-cadettiste, anti-possibiliste et anti-boulangiste ». A la suite d’un article contre le ministre de l’Intérieur, il fut incarcéré le 30 avril 1890 puis condamné à 1 000 F d’amende et quatre mois de prison.

Zévaco et Roques organisèrent une Ligue socialiste-révolutionnaire et accueillirent la Ligue des femmes socialistes. En 1890, ils jouèrent un rôle capital dans la constitution de la Chambre syndicale des chauffeurs et ouvriers-gaziers de Paris : à la demande des ouvriers, Michel Zévaco en rédigea les statuts. Il intervint également dans la création du syndicat des ouvriers-boulangers et dans celui des mariniers de la Seine. A la même époque, il fréquentait le groupe Marat du XVIIIe arr. où se retrouvaient anarchistes et socialistes.

Après les premiers attentats anarchistes, il publia Le Gueux, sous-titré « Semences de révolte libre ». Dans cet unique numéro signèrent Malato, Louise Michel, Constant Martin et Émile Tresse. Simultanément il commença à collaborer au Courrier français publié par J. Roques et donna à L’Éclair (16 mai 1892) une profession de foi anarchiste. Quelques jours plus tard, il prononça un éloge de Ravachol au cours d’une réunion publique, ce qui lui valut d’être condamné le 15 novembre 1892 à 1 500 F d’amende et six mois de prison.

Lorsque Sébastien Faure publia le Libertaire, Zévaco fit partie des collaborateurs. Il devait y donner des articles jusqu’en 1899. De décembre 1895 à janvier 1896, il fut l’un des principaux rédacteurs du quotidien anarchisant La Renaissance avec Zo d’Axa, Mecislas Golberg, Fortuné Henry, Bernard Lazare, Laurent Tailhade, Félix Fénéon. Il y fit campagne en faveur des insurgés de Cuba et rendit compte du conflit de la Verrerie ouvrière d’Albi.

A partir de décembre 1898, en pleine affaire Dreyfus, il dirigea L’Anticlérical, organe de la Ligue anticléricale de France, fondé par Constant Martin, où écrivirent Jacques Prolo et Séverine. Dans les colonnes de ce journal qui ne vécut que deux mois, il lança une souscription pour l’érection d’une statue au chevalier de La Barre.

Ensuite il collabora au Journal du peuple de S. Faure, publia Les Jésuites contre le peuple, et une série de sept fascicules, Les Hommes de la révolution, portraits de Jean Jaurès, S. Faure, Jules Guesde, Jean Allemane, Léon Gérault-Richard, J.-B. Clément, Ernest Vaughan.

A partir d’avril 1900, La Petite République commença à publier les feuilletons qui le firent connaître au grand public tel Le Chevalier de Pardaillan. Michel Zévaco figurait parmi les collaborateurs littéraires annoncés dans le premier numéro de l’Humanité (18 avril 1904) mais cette collaboration resta lettre morte. De 1906 à 1918, ce fut le Matin qui publia ses romans.

Le préfet de l’Oise le signala en septembre 1901 parmi les anarchistes installés dans l’Oise. Il fréquentait en effet, depuis le 21 août Pierrefonds, où il avait loué à bail avec promesse de vente une petite maison qu’il se proposait de venir habiter chaque été. La préfecture le décrit ainsi :Signalement ; taille 1m72 ; cheveux, sourcils châtains ; barbe légèrement grisonnante ; front haut ; yeux gris bleu ; nez moyen, bouche moyenne ; menton rond ; visage plein ; teint ordinaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154240, notice ZÉVACO Michel [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron , version mise en ligne le 29 avril 2014, dernière modification le 18 juillet 2022.

Par Jean Maitron

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ŒUVRE : Collaboration aux journaux, brochures et revues cités.

SOURCES : Arch. PPo., dossiers J. Roques, É. Odin, A. Chirac. — Arch. Dép. 60 M 1473-2C. Malato et E. Gégout, Prison fin de siècle, 1891 [icon.]. — Annuaire de la presse, 1919 [icon.]. — P. Caillot, « Le Premier roman-feuilleton de Michel Zévaco : Roublard et cie », Désiré, n° 2-6, mars 1974-janvier 1975. — Jeannette Colombelle, « Zévaco-Pardaillan », les Temps modernes, août-septembre 1974. — Notes de Didier Cliquot, et de P. Caillot.

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