BLED Eugène, Prosper [dit Bonnet] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Guillaume Davranche

Né le 12 mai 1876 à Thimert (Eure-et-Loir) ; mouchard infiltré à la FRC.

Eugène Bled (1911)
Eugène Bled (1911)
cc Agence Rol.

Eugène Bled était employé au début du 20e siècle dans l’agence de presse « policière » de Géo et Marco Fourny, La Presse internationale illustrée, 21 rue Ramey, à Paris 18e, qui infiltrait des mouchards dans certaines organisations politiques et syndicales pour fournir des informations de première main à la presse à la Sûreté. Auparavant, il avait été rédacteur à L’Étoile belge et à La Patrie, et pour une agence photographique.

Après avoir surveillé l’anarchiste Georges Roussel lors d’une affaire de bombe en banlieue parisienne, Bled infiltra les Camelots du roy de février à mai 1909. Il fit ensuite un séjour en prison pour escroquerie.

A sa sortie, il tenta d’approcher sans succès le syndicaliste cheminot Le Guennic pour obtenir des informations sur le Syndicat national des chemins de fer, et adhéra au groupe de Paris 18e de la Fédération révolutionnaire communiste (FRC).

En avril 1911, avec Géo Fourny, il prit en filature trois militants envoyés par La Guerre sociale suivre les troubles viticoles en Champagne, et fut à l’origine de la brève arrestation de l’un d’eux. C’est à cette occasion que son activité avait été repérée par l’équipe de La Guerre sociale.

Le 7 juin 1911, Bled se présenta aux bureaux de La Guerre sociale, affirmant vouloir adhérer aux Jeunes Gardes. Il fut alors séquestré par une équipe de militants (dont Almereyda, Tissier, Dolié, Truchard, Baure, Perceau, Dulac et Goldsky). Perceau et Dulac perquisitionnèrent le logement de Bled, une chambre d’hôtel au 21, rue de la Nation, et y découvrirent des rapports de filature.

Le 8 juin, Bled fut rejoint par son acolyte Dudragne, attiré à La Guerre sociale par un subterfuge. Tous deux signèrent alors des aveux.

Le lendemain, 9 juin, l’équipe de La Guerre sociale, s’auto-intitulant pour la circonstance « Service de sûreté révolutionnaire », convoqua la presse (entre autres Le Matin, L’Humanité et l’agence photographique Rol) ainsi que plusieurs responsables de la CGT et de la FRC, pour leur présenter les aveux des deux mouchards.

Bled fut alors publiquement dénoncé dans L’Humanité et La Guerre sociale. La FRC discuta de son cas, ainsi que de celui de Dudragne, lors de son assemblée plénière du 13 juin 1911. Tous deux furent exclus de la FRC.

Libéré, Bled porta plainte, avec Dudragne, pour séquestration et coups et blessures. Almereyda, Tissier, Goldsky, Truchard, Dulac, Dolié et Baur passèrent devant la cour d’assises de la Seine du 7 au 9 octobre 1911, pour cette affaire ainsi que pour l’affaire Métivier. A l’audience assistaient les dirigeants de la CGT Jouhaux, Aulagnier, Savoie, Marie, Griffuelhes, ainsi que plusieurs militants de la FRC et du Libertaire. Tous les accusés furent relaxés.

On n’entendit plus parler de Bled.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154267, notice BLED Eugène, Prosper [dit Bonnet] [Dictionnaire des anarchistes] par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 20 avril 2014, dernière modification le 1er octobre 2022.

Par Guillaume Davranche

Eugène Bled (1911)
Eugène Bled (1911)
cc Agence Rol.

SOURCES : L’Humanité des 10 et 11 juin et des 8, 9 et 10 octobre 1911 — La Guerre sociale du 14 juin 1911 — Le Petit Parisien du 8 octobre 1911.

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