CAILS Victor, Louis [Dictionnaire des anarchistes]

Par Marianne Enckell

Né le 16 février 1858, dans la région de Nantes, mort en banlieue parisienne au début de 1926. Mécanicien de marine. Impliqué dans le procès des anarchistes de Walsall en 1892.

Chauffeur mécanicien, engagé adolescent dans la marine, Victor Cails (parfois orthographié Cailes ou Cail) était de retour à Nantes vers 1880 où il devint un actif propagandiste anarchiste. En 1882, il était gérant de l’hebdomadaire L’Exploité, "organe de la formation d’un parti ouvrier". La police le considérait comme très dangereux à cause de sa virulence de langage, sa franchise brutale et sa ténacité militante. Le groupe anarchiste aurait été composé en outre d’Henri Mariot, Savariau, Guhur, Bregeon, Piron et Lecoq.

Selon un rapport (18 décembre 1893), il était, avec Régis Meunier et Faugoux, l’un des animateurs du syndicat des hommes de peine de Nantes, fondé le 10 février 1890.

Embarqué à nouveau, Cails rencontra Clément Duval au bagne des îles du Salut, probablement à plusieurs reprises. De retour en France, il fut candidat abstentionniste aux élections de 1889. Puis il fut arrêté en 1891 avec Liard-Courtois et Régis Meunier et traduit le 2 juillet devant les Assises pour « distribution d’écrits excitant aux crimes de meurtre, de pillage et d’incendie » : il avait distribué, notamment à un soldat, un Manifeste anarchiste aux meurts de faim, aux assassinés de tous les continents se terminant par "Ou tuer ou mourir ; tel est l’atroce dilemme. Mais est ce nous qui l’avons posé ? Tuons donc pour que soit préservée notre existence, et, avec elle, celle des nôtres également menacées. Vive la révolte ! Advienne l’anarchie, salut l’humanité !" Condamné par contumace à 2 ans de prison et 3000 francs d’amende, Cails était passé en Angleterre. Dans la Révolte (novembre 1891), il donnait sa nouvelle identité : William Brown, à Walsall. Il y vivait avec une jeune Nantaise, Marie Piberne.

Arrêté à Walsall en janvier 1892 avec un groupe d’anarchistes soupçonnés de préparer un attentat (à l’instigation en fait du provocateur Coulon), il fut condamné en avril et passa près de huit ans en prison. « Signalement : taille 1m58, cheveux et moustaches très brunes… porte habituellement une cravate rouge. » Libéré en décembre 1899, il organisa un club anarchiste à Londres, se lia avec Louise Michel, chercha à émigrer en Amérique du Sud, faute de trouver du travail en raison du harcèlement que lui faisait subir la police, puis reprit la mer en 1903.

Il rentra en France à une date inconnue. En 1919, il était abonné au Libertaire. En 1925, il était gérant du numéro unique du bulletin anarchiste italien Polemiche Nostre paru à Paris le 22 août. Il habitait 36, rue du Marché à Puteaux.

L’en dehors, le Semeur et le Libertaire annoncèrent sa mort à la mi-mars 1926 : « Victor Cails, qui était bâti à chaux et à sable (et c’est ce qui explique sa lutte avec la mort) […], s’était mis courageusement au travail et s’y était épuisé » (L’en dehors, 15 mars 1926).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154277, notice CAILS Victor, Louis [Dictionnaire des anarchistes] par Marianne Enckell, version mise en ligne le 24 mars 2014, dernière modification le 18 mars 2020.

Par Marianne Enckell

SOURCES : CAC Fontainebleau, cote 20010216 0201 — Arch. Dép. Loire-Atlantique 1 M 579, 582, 584, citées par Yannick Guin, Le Mouvement ouvrier nantais, Maspero 1976 — La Révolte, novembre 1889, juillet 1891, janvier 1892 — Freedom, Londres 1892-1902 — Louise Michel, Je vous écris de ma nuit, Paris 1999 — Constance Bantman, "Anarchismes et anarchistes en France et en Grande-Bretagne, 1880-1914", thèse Paris, 2007 — Moi, Clément Duval…, op. cit. — Bettini, Bibliografia…, op. cit. — Emile Mermet, Annuaire de la presse française, 1883. — fonds Biblioteca Franco Serantini, Pise — La Révolte (Paris), 1891 — Arch.Nat. BB 18 6449 — L’Union Bretonne, 3 juillet 1891 — Journaux cités — Notes de Dominique Petit.

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