CHAUMEL Léon, Maurice [Dictionnaire des anarchistes]

Par René Bianco, notice complétée par Thierry Bertrand

Né le 5 mars 1875 à Marseille ; peintre en bâtiment ; anarchiste.

Célibataire et peintre en bâtiment à Marseille, Maurice Chaumel avait été poursuivi à de nombreuses reprises : le 6 avril 1893 il était condamné à quinze jours de prison pour « désertion à l’intérieur » ; en janvier 1897 il était écroué sous l’inculpation d’outrage et rébellion à agents et condamné le 23 à deux mois de prison ; en juin il était à nouveau condamné pour « cris séditieux » et le tribunal correctionnel le condamnait en juillet à deux mois de prison pour apologie de faits qualifiés de crimes et outrages à agents. Tous ces incidents lui valaient d’être inscrit en novembre 1897 sur les États anarchistes dans la 1ère catégorie avec la mention « exalté et militant ».

En novembre 1895 il était inscrit marin pour son service et rejoignait la flotte à Toulon. En mars 1896 il était congédié car "impropre au service de la mer et utilisable exclusivement dans un service de la marine à terre". En 1902 il était rayé des matricules des gens de la mer.

Chaumel se montrait très remuant, perturbant aussi bien les prêches dans les églises (le 11 décembre 1897 à la Belle de Mai) que les réunions électorales (avril-mai 1898). Il avait la parole facile et en usait largement dans de nombreuses réunions publiques où il portait la contradiction et développait les théories anarchistes. Il donnait lui-même un grand nombre de conférences notamment en 1898. La même année il présida celles de Sébastien Faure* et fit le « coup de poing » contre les membres de la Ligue Antisémite en participant avec entre autres Marius Escartefigue, au groupe anarchiste qui le 1er février 1898 était allé saccager le Bar La Marseillaise (rue Saint Bazile) où la Ligue tenait une réunion privée.

Il collabora à la troisième série du journal L’Agitateur (Marseille, n°1, 4 à n°2, 18 février 1897) dont le gérant était Edouard Roch et qui avait été lancé « sans capitaux et sans avances » par le groupe La Jeunesse Internationale. L’année suivante il participa avec les anciens rédacteurs de L’Agitateur à la publication du Libertaire hebdomadaire, transféré à Marseille où furent publiés 13 numéros (n°120, 13 mars à n°132, 5 juin 1898) avant de retourner à Paris.

Dans les années 1899-1900, il participa à de nombreuses réunions et fit une active propagande en faveur du capitaine Dreyfus. Puis tout en restant anarchiste et anticlérical, il évolua vers le bouddhisme et ses interventions devinrent de plus en plus philosophiques. Ainsi le 6 février 1909, il prit la parole au théâtre Chave lors d’une conférence de Sébastien Faure sur le thème « La révolution pourquoi ? », et engageant avec ce dernier une discussion sur les origines et les destinées de l’homme. Un rapport de police rapportait : « Chaumel, ayant dit que l’homme a en lui, malgré tout, des aspirations qui tendent vers un but divin, il a recueilli les applaudissements d’une grande partie de l’auditoire ».

Cette évolution le mit à l’écart des militants dont certains allèrent jusqu’à dire qu’il « était payé pour diviser les camarades ». Il fut récusé comme délégué au congrès international d’Amsterdam et disparut alors des milieux anarchistes.

En septembre 1915 il fit "campagne contre l’Allemagne" mais se trouvait réformé le même mois pour "atrophie du bras gauche et ankylose du coude".

Son père se prénommait Henri, marin et sa mère Marie Françoise Foncet. Il se mariait le 14 mars 1903 à Marseille avec Antoinette, Julie Durand, anarchiste qui se fit connaître par la justice en 1898.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154282, notice CHAUMEL Léon, Maurice [Dictionnaire des anarchistes] par René Bianco, notice complétée par Thierry Bertrand, version mise en ligne le 20 avril 2014, dernière modification le 23 décembre 2021.

Par René Bianco, notice complétée par Thierry Bertrand

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône M6/ 3347 A, 3348, 3349, 3350, 3351 A, 3351 B, 3352, 3353, 3355, 3356, 3359, 4689 A, 1R1151, -Z1/10. — État civil de Marseille. — R. Bianco, « Le mouvement anarchiste à Marseille… », op. cit. — R. Bianco, « Un siècle de presse… », op. cit.

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