DULAC Émile [Georges, dit] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, Guillaume Davranche

Né le 2 septembre 1887 à Paris VIIIe arr., mort le 2 avril 1863 à Meaux (Seine-et-Marne) ; ouvrier chocolatier ; anarchiste individualiste, puis communiste, puis hervéiste.

Georges Dulac collabora au Flambeau, « organe des ennemis de l’autorité » animé par Georges Butaud*. En mai 1907, il fut signataire de l’affiche « Aux soldats » (voir Mouchebœuf). Il militait alors comme anarchiste à Levallois-Perret, où il habitait au 6, impasse Gravel, à la même adresse que les frères Alexandre Girard *et Maurice Girard* et Albert Jacquart*.

Georges Dulac fréquentait assidûment les Causeries populaires d’Albert Libertad et lisait L’Anarchie, organe des individualistes. Après la mort de Libertad, il désapprouva l’orientation scientiste que prenait L’Anarchie.

La campagne antiparlementaire du printemps 1910 le fit basculer du côté des anarchistes communistes. Dans La Guerre sociale du 20 avril 1910, Almereyda le décrivait comme « un Gavroche vibrant, une sorte de Titi de la Sociale [...] qui est à Levallois la cheville ouvrière de la propagande révolutionnaire ». Le 21 mai, il convoqua au café Jules tous les déçus des Causeries populaires et reprocha publiquement à Lorulot* d’avoir dévoyé le mouvement initié par Libertad.

Le 12 septembre 1910, il fut désigné à la commission de réorganisation du Libertaire (voir Pierre Martin), qui réorienta l’hebdomadaire pour en faire un organe exclusivement anarchiste communiste et prosyndicaliste révolutionnaire. Il devint alors, pour un mois, gérant du Libertaire, en remplacement d’Hélène Lecadieu*. Dès le 16 octobre, il fut arrêté au siège du journal pour trois articles antimilitaristes non signés, relatifs à la grève des cheminots. Durant la perquisition au Libertaire, la police saisit des objets pouvant servir à la confection d’engins explosifs. Après plusieurs mois de prison préventive, il passa en procès le 24 février 1911 avec une rédactrice du Libertaire, Anna Mahé*, arrêtée également pour un article antimilitariste. Ils furent défendus par les avocats Berthon et Ducos de la Haille, et acquittés.

Peu de temps après, Dulac quitta la Fédération révolutionnaire communiste (FRC) au sein de laquelle il avait milité pour rejoindre les Jeunes Gardes lancées par La Guerre sociale, où il concentra finalement son activité. Il devint bientôt gérant de La Guerre sociale.

Le 7 juin 1911, il participa à la séquestration de Bled* et Dudragne* et, inculpé, préféra prendre la fuite. Il ne comparut donc pas, avec les autres militants de La Guerre sociale, au procès qui se tint du 7 au 9 octobre 1911.

Il devint gérant de La Guerre sociale à partir du 18 septembre 1912 et, dans le numéro du 10 décembre 1912, cosigna la déclaration « Pourquoi nous entrons au Parti socialiste » (voir Émile Tissier) et rejoignit la section de Levallois du PS. En 1914, il accepta l’Union sacrée.

Il avait été exempté du service militaire mais il s’engagea dès novembre 1914 ; en 1919, il avait obtenu plusieurs décorations militaires pour "bravoure des plus remarquables". Démobilisé en juillet 1919, il s’installa à Levallois.

Fidèle de Gustave Hervé, il le suivit dans son évolution et fut dans l’entre-deux-guerres militant de son Parti socialiste national (PSN). Aux législatives d’avril 1928 il se présenta sous cette étiquette dans la 1re circonscription du 20e arrondissement et obtint 2 223 voix (1,4 % des suffrages exprimés).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Dulac suivit encore Hervé dans son soutien critique au régime de Vichy. En 1946, il corédigea un livre de témoignage, La Vérité sur Gustave Hervé, pour défendre l’honneur de son défunt mentor.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154296, notice DULAC Émile [Georges, dit] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, Guillaume Davranche, version mise en ligne le 21 avril 2014, dernière modification le 23 août 2020.

Par Jean Maitron, Guillaume Davranche

ŒUVRE : La Vérité sur Gustave Hervé (avec Lucien Leclerc), Éd. de la Société nouvelle La Victoire, Paris, 1946.

SOURCES : CAC Fontainebleau 19940437/art337 (dossier Henry Combes) — AN F7/13 053 — Arch. PPo. BA/1702 — La Guerre sociale du 20 avril 1910 et du 18 septembre 1912 — Le Libertaire, Le Gaulois, L’Humanité du 25 février 1911 — Le Matin du 23 avril 1928 — Gilles Heuré, Gustave Hervé, itinéraire d’un provocateur, La Découverte, 1997 — Guillaume Davranche, Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914), L’Insomniaque/Libertalia, 2014. — Etat civil. — Recrutement militaire de la Seine.

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