LARCHER Simonne [WILLISSEK Simone, Marie, dite] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy

Née le 3 avril 1903 à Montataire (Oise), morte le 10 avril 1969 à Saint-Michel-de-Dèze (Lozère) ; correctrice d’imprimerie ; militante anarchiste.

Simone Willissek était la fille d’un ouvrier des forges de Montataire, né à Montauban, d’origine tchécoslovaque, et d’une mère originaire de la Creuse. Elle s’intéressa très jeune aux questions sociales et commença à militer dans le mouvement libertaire sous le pseudonyme de Simonne Larcher (du nom de sa grand-mère maternelle).

C’est dans le numéro du 20 juin 1925 du Libertaire que parut son premier article, « Je ne suis pas Française. » Le 17 juillet de la même année, elle fut arrêtée pour avoir distribué aux soldats de la caserne de Reuilly à Paris la brochure d’Ernest Girault contre la guerre du Maroc, La crosse en l’air, qu’avait éditée L’Éveil des jeunes libertaires, organe de la Fédération des jeunesses anarchistes que publiait Louis Louvet ; la 11e Chambre correctionnelle la condamna, le 19 août 1925, à six mois de prison et à 100 francs d’amende. A la prison Saint-Lazare à Paris où elle était incarcérée depuis le 18 juillet, elle fit en décembre la grève de la faim pour obtenir le quart de réduction de peine accordé à tous les prisonniers politiques hommes. Après dix jours de grève, elle fut transportée à l’hôpital, sa peine fut réduite de quelques jours.

Devenue la compagne de Louis Louvet, avec lequel elle habitait 80 bis boulevard de la Villette, elle participa dès lors à toutes ses activités. En 1926, tous deux adhéraient à la Jeunesse anarchiste autonome et lançaient le journal L’Anarchie (Paris, 52 numéros d’avril 1926 au 21 avril 1929) qui, suite à des désaccords avec l’Union anarchiste, prenait la suite de L’Eveil des jeunes libertaires. Puis ils animèrent conjointement à partir de l’année suivante et pendant dix ans les débats des Causeries Populaires qui réunirent tous les mercredis, d’abord à la Bellevilloise (1928-29) puis au 10 rue de Lancry, des centaines d’auditeurs et de nombreux orateurs du mouvement libertaire (dont Sébastien Faure, Han Ryner, Lorulot, Eugène et Jeanne Humbert, Ch. A. Bontemps, Louis Loréal, Roger Monclin, etc). Elle collabora sans doute à la feuille mensuelle L’Action Libre (Paris, 35 numéros du 25 novembre 1931 au 5 avril 1935) qui avait pour objet d’annoncer les conférences des Causeries. A partir de 1932, ils éditèrent la revue Controverse (Paris, 11 numéros et un supplément de janvier 1932 à décembre 1934) dans laquelle étaient publiés les textes des principales conférences des causeries.

Simonne Larcher fut également à partir de février 1927 la gérante des journaux des compagnons italiens réfugiés en France, La Diana (Paris, 26 juin 1926 à 15 juillet 1929), dont le responsable était Renato Siglich dit Souvarine, et Remember (Paris), un numéro unique en faveur des prisonniers politiques paru le 22 mai 1927.

Après avoir constitué le groupe Elisée Reclus avec Louvet et avec l’aide d’un compagnon ouvrier du livre, elle participa dans la nuit du 30 au 31 octobre 1944 à l’édition de 4000 exemplaires d’un numéro spécimen suivi bientôt par le journal Ce Qu’il Faut Dire (Paris, 60 numéros du 4 décembre 1944 à novembre 1948 et un numéro spécimen du 30 octobre 1944), auquel elle collabora jusqu’en 1946.

En décembre 1944 elle publia un petit opuscule intitulé La renaissance libertaire (n°1 de la collection Ce qu’il faut dire, 8 p.) qui reproduisait son intervention lors de la première réunion publique le 10 décembre du groupe Elisée Reclus, puis entreprit une tournée de conférences dans tout le pays (deux séries d’une dizaine de conférences chacune).

Elle participa également à la fondation en décembre 1945 de la Confédération générale pacifiste et collabora, sans doute sous le pseudonyme de "S. Larc", aux premiers numéros du Libertaire (1944-1953) ainsi qu’à la revue franco-espagnole Universo (Toulouse, 13 numéros de novembre 1946 à mai 1948) publiée par le mouvement libertaire espagol en exil et dont le gérant était Louis Vaquer.

Simonne Larcher, admise au syndicat des correcteurs en juillet 1928, fut dans ce métier la première femme à qui furent confiées des responsabilités syndicales ; elle siégea au comité syndical en 1941 et de 1943 à 1947 et fut secrétaire adjointe du syndicat en 1946. Correctrice à Paris-Matinal, La Journée industrielle, La Vie industrielle, Franc-tireur, et Paris-Jour, elle entra au journal Le Monde le 20 janvier 1959 et y acheva sa carrière le 30 septembre 1968.

Après sa retraite, Simonne Larcher se retira en Lozère où elle décéda le 10 avril 1969 à Saint-Michel-de-Dèze. Elle était restée en rapports amicaux avec les anarchistes (voir l’article nécrologique de May Picqueray dans Liberté du 1er mai 1969 et de Maurice Laisant dans Le Monde libertaire de juin 1969). Toutefois, dans les Cahiers de l’humanisme libertaire de juillet 1971, Leval* nota qu’elle s’était « ralliée au communisme stalinien » et May Picqueray, dans le numéro de Liberté ci-dessus mentionné, écrit : « Bien que ses opinions aient quelque peu varié, elle resta fidèle à certaines amitiés et à Liberté. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154318, notice LARCHER Simonne [WILLISSEK Simone, Marie, dite] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 12 avril 2014, dernière modification le 17 février 2020.

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy

SOURCES : Arch. PPo., cartons 49 et 50 — Bulletin des correcteurs, n° 85, mai 1969 (article de L. Louvet) — Y. Blondeau, Le Syndicat des correcteurs, op. cit. — J. Maitron, Le Mouvement anarchiste en France, op. cit. — R. Bianco, "Un siècle de presse anarchiste d’expression française", Thèse, Aix-en-Provence, 1988 — Le Libertaire, 21 août et 11 décembre 1925 — L’Anarchie, année 1926 — Monde Libertaire, juin 1969 — Liberté, mai 1969 — Précisions apportées par sa petite fille (juillet 2009) — L. Bettini, Bibliografia, op. cit. — Note de Marianne Enckell.

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