MALOUVIER Guy [dit Guy Ségur, Gui Maslobièr] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Guillaume Davranche

Né le 15 janvier 1938 à Malakoff (Seine-et-Oise) ; correcteur, cadre ; communiste libertaire ; cofondateur de l’ORA et un des organisateurs des congrès internationaux de Carrare (1968) et Paris (1971).

Guy Malouvier (1968)
Guy Malouvier (1968)
cc Coll. Guy Malouvier/Archives d’AL/FACL

Fils d’un artisan et d’une couturière limousins établis à Montreuil-sous-Bois, Guy Malouvier fit des études d’économie. C’est à l’université de Barcelone, en 1959-1960, qu’il devint anarchiste sous l’influence de la CNT-FAI clandestine. De retour en France en juillet 1960 une fois ses études terminées, il fut incorporé dans l’armée et expédié en Algérie en mars 1961, où il servit dans le 9e RIMa.

Il participa aussitôt à un petit groupe dissident au sein de l’armée, composé de sept ou huit soldats et sous-officiers partisans de l’indépendance. À Palestro (actuelle Lakhdaria, en Kabylie), il entra en contact avec le FLN, et lui fit passer des colis d’uniformes militaires volés dans les réserves de l’armée française. Devenu familier de certains responsables du FLN, ceux-ci lui proposèrent, lors du putsch des généraux, fin avril 1961, de passer au maquis, ce qu’il ne fit pas. Ses opinions anticolonialistes étaient suffisamment connues, y compris de ses supérieurs, pour que, à l’annonce des accords d’Évian, en mars 1962, des Algériens en liesse dans les rues de Palestro le reconnaissent parmi les soldats français et l’obligent à figurer avec eux sur une photo de groupe.

Revenu à la vie civile, Guy Malouvier partit à Madrid épouser, le 17 décembre 1962, Celia Polo-Domech, qu’il avait rencontrée durant ses études en Espagne. Il eût avec elle un fils en 1963. Vivant désormais à Montreuil, il adhéra au groupe local de la Fédération anarchiste (FA), animé par Robert Pannier.

De 1963 au début des années 1980, il travailla pour diverses librairies ou maisons d’édition (Hachette, Fayard, Régine Deforges), comme correcteur ou secrétaire d’édition.

Dès le congrès de la FA à Paris en mai 1964, Guy Malouvier intégra le comité de rédaction du Monde libertaire et devint secrétaire aux relations internationales en remplacement de Marc Prévotel.

En 1966, à l’initiative de la FA italienne, un congrès international de fédérations anarchistes fut convoqué. Guy Malouvier fut alors la cheville ouvrière du comité d’organisation, qui compta notamment Federica Montseny et Mariano Ocaña (FA ibérique), Georges Balkanski (Union des anarchistes bulgares) et Umberto Marzocchi (FA italienne).

Le congrès se tint à Carrare (Toscane) du 31 août au 3 septembre 1968 (il devait initialement finir le 5), et Guy Malouvier y fut délégué par la FA française avec entre autres Maurice Joyeux, Suzy Chevet, René Bianco, Michel Cavallier et Richard Pérez. Le congrès créa l’Internationale des fédérations anarchistes (IFA). Cependant, la FA étant dans l’incapacité de se prononcer pour ou contre l’adhésion à l’IFA, c’est la tendance communiste libertaire de la FA, l’Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA), qui devint la section française de l’IFA. La commission de relations de l’IFA (CRIFA) fut d’ailleurs confiée à Michel Cavallier, Robert Guillaume, Solange Nuñez, Richard Perez (trésorier), Jean Roy et Guy Malouvier (secrétaire général), tous membres de l’ORA.

Après le congrès de Bordeaux de la FA en mai 1967, la tendance ORA avait effectivement vu le jour, inspirée par les idées organisationnelles de Maurice Fayolle. Guy Malouvier en fut un des pionniers avec Michel Cavallier, Richard Pérez, Antonio Ariste, Ramon Finster, Pol Chenard, Daniel Florac, Jacques Serra, et Fayolle lui-même.

Guy Malouvier prit part aux événements de mai 1968 à Paris, notamment à la Sorbonne où l’ORA avait son « quartier général » dans l’escalier E. Le fils de Guy, qui avait alors 5 ans, était confié à la « crèche anarchiste » de l’université.

Mai 68 puis le congrès de Carrare enfoncèrent un coin entre la FA et l’ORA. Accusés de fractionnisme au congrès de Marseille de la FA, en novembre 1968, les militantes et les militants ORA quittèrent la salle en chantant L’Internationale. Ils furent démis de toutes leurs fonctions au sein de la FA. En avril 1969, l’ORA publia son propre journal, L’Insurgé.

La rupture des derniers liens avec la FA fut décidée lors de la Ire Rencontre nationale de l’ORA, qui se tint dans les locaux de la CNT espagnole, rue Sainte-Marthe, à Paris 10e, les 29 et 30 mars 1970. Guy Malouvier y représentait le groupe Albert-Camus (Paris 14e), et fut élu au comité national provisoire, avec Pierre Comte, Jean Luc Redlinski, Michel Cavallier, Solange Nuñez, Patrice Duquesnne et Maurice Fayolle.

En 1970, Guy Malouvier participa à l’édition du premier numéro d’Occitania libertaria, qui allait bientôt devenir le bulletin de la Fédération anarchiste communiste d’Occitanie (Faco), fondée en 1971. Guy Malouvier démissionna de l’ORA en 1971 pour se consacrer pleinement au développement de la Faco. Malgré cette séparation qui ne se fit pas sans douleur – de nombreux militants de l’ORA et de la FA ibérique critiquaient fortement les luttes de libération nationale –, la Faco put occuper des locaux au 33, rue des Vignoles, où était également logée l’ORA.

Au secrétariat international de l’ORA, Guy Malouvier fut remplacé par son ami Rolf Dupuy.

Lors du congrès international de Paris, du 1er au 4 août 1971, Guy Malouvier remit son mandat de secrétaire général de l’IFA et fut remplacé par Umberto Marzocchi, de la FA italienne. La Faco ne put jamais se faire admettre au sein de l’IFA.

Guy Malouvier écrivit à l’époque de nombreux articles sous divers pseudonymes occitans : Guy Ségur, Gui Maslobièr, Josep Capmany i Riu, Simon Cazauvielh, Patric Chazela, Jàcme Grimal, Gui Lasjunias ou encore Pèire Magnoux. Une fois la Faco disparue courant 1976, Guy Malouvier cessa pendant longtemps toute activité militante. Il se lança alors dans une recherche sur le mouvement anarchiste yiddish. Il avait aussi été le rédacteur de la revue surréaliste Le Puits de l’Ermite (1965-1979).

À partir de 1983 il travailla comme cadre pour diverses entreprises métallurgiques de la Région parisienne (Vauriac, Syprim, G2M, Sciaky), jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite en 1999.

Il renoua alors avec le mouvement libertaire en adhérant à la CNT entre 1999 et 2003, puis à Alternative libertaire à partir de 2007.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154335, notice MALOUVIER Guy [dit Guy Ségur, Gui Maslobièr] [Dictionnaire des anarchistes] par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 24 avril 2014, dernière modification le 18 octobre 2022.

Par Guillaume Davranche

Guy Malouvier (1968)
Guy Malouvier (1968)
cc Coll. Guy Malouvier/Archives d’AL/FACL

SOURCES : Témoignage de Guy Malouvier. — Roland Biard, Histoire du mouvement anarchiste 1945-1975, Galilée, 1976. — Archives Roland Biard, Archives Guy Malouvier (IIHS Amsterdam) — Bulletins de la commission préparatoire du congrès de Carrare. — Bulletins de la CRIFA. — Occitania libertaria. — Entretien avec Rolf Dupuy et Guy Malouvier : « Chacun de ces mots comptait : organisation ; révolutionnaire ; anarchiste », dans Alternative libertaire, mai 2008. — Note de Marianne Enckell.

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