GOUILLARDON Suzanne, épouse MORAIN [Dictionnaire des anarchistes]

Par Daniel Goude

Née le 14 mars 1930 à Châteldon (Puy-de-Dôme), morte le 7 juillet 2021 à Millau (Aveyron) ; institutrice, militante de la FCL.

Suzanne Gouillardon (1957)
Suzanne Gouillardon (1957)
Coll. famille Morain/Archives d’AL/FACL

Fille de Lucien Gouillardon, agent d’assurance, et de Jeanne Viallard, institutrice, Suzanne Gouillardon sortit de l’École normale à 21 ans. Elle occupa un premier poste à Imphy (Nièvre), où elle se syndiqua au Syndicat national des instituteurs (tendance École émancipée).

C’est en 1955, alors que la guerre d’Algérie débutait, qu’elle adhéra à la Fédération communiste libertaire (FCL) à Paris. Elle vendait Le Libertaire dans les cafés algériens de la capitale et, à l’été 1955, fit partie de l’équipe de la FCL envoyée à Nantes pour faire de la propagande pendant les grèves insurrectionnelles.

De retour dans la Nièvre en octobre 1955, elle participa aux activités clandestines de la FCL en soutien aux indépendantistes algériens. Il s’agissait notamment de transporter des armes et des fonds, de jeter des tracts antimilitaristes par-dessus le mur d’enceinte de la caserne de Nevers, et de transporter des réfractaires et insoumis de l’armée française.

« En bonne militante », Suzanne Gouillardon écrivait également des lettres de soutien à Pierre Morain, le militant de la FCL incarcéré à la Santé. Elle le rencontra pour la première fois à sa sortie de prison, fin mars 1956. Ils eurent bientôt une liaison.

Elle était présente avec lui lors de la deuxième arrestation de Pierre Morain en février 1957. Alors enceinte, elle fut emmenée avec lui mais relâchée après perquisition à son domicile de Saint-Pierre-le-Moûtier (Nièvre). Elle l’épousa le 13 juin 1957, durant sa deuxième détention. Ils eurent ensemble deux enfants, dont le premier naquit alors que Pierre était en détention.

Suzanne continua à militer pendant toute cette période. A l’autodissolution de la FCL, elle ne participa à aucune autre organisation mais fut approchée par le PCF pour occuper un poste de secrétaire de cellule, qu’elle refusa. À la fin des années 1960, elle participa aux Comités Vietnam de base.

À l’issue du rassemblement de l’été 1976 au Larzac, et suite à sa mise en retraite anticipée de l’Education nationale, elle décida de s’installer, avec Pierre Morain, sur le plateau. À partir de 1983, elle fut trésorière de la fondation Larzac, rebaptisée plus tard Larzac-Solidarité. À ce titre elle fut active dans le soutien au FLNKS et aux Kanaks en lutte dans les années 1980.

Après le déclenchement de la deuxième Intifada en 2000, elle fut responsable des Missions civiles de solidarité pour le peuple palestinien pour le sud-Aveyron. Elle fut aussi engagée dès le début dans le mouvement altermondialiste, prenant part à plusieurs grands rassemblements. Parmi ses derniers engagements il faut mentionner sa participation au combat des Faucheurs volontaires d’OGM.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154443, notice GOUILLARDON Suzanne, épouse MORAIN [Dictionnaire des anarchistes] par Daniel Goude, version mise en ligne le 2 mai 2014, dernière modification le 28 août 2022.

Par Daniel Goude

Suzanne Gouillardon (1957)
Suzanne Gouillardon (1957)
Coll. famille Morain/Archives d’AL/FACL

SOURCES : Témoignage de Suzanne Morain. — Georges Fontenis, Changer le monde, Alternative libertaire, 2008. — Guillaume Lenormant et Daniel Goude, Une résistance oubliée. Des libertaires dans la guerre d’Algérie (1954-1957), DVD 32 mn, 2001. — Article dans le Midi-libre après sa mort.

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