Par Daniel Vidal
Né à Aimargues (Gard) le 28 juillet 1908, mort à Le Cailar (Gard) le 14 novembre 1986 ; ouvrier agricole ; anarchiste.
Jean Jourdan avait quitté l’école à l’âge de douze ans. Après avoir suivi un apprentissage de maréchal-ferrant, il devint ouvrier agricole. Son père, marié avec Antoinette Bernard, eut deux autres enfants : Paul et Marie Antoinette.
Inspiré par la lecture de Sébastien Faure*, il devint anarchiste et fut membre du Groupe d’études sociales créé à Aimargues dans les années 20 et du groupe anarchiste local. Il rencontra Nestor Makhno* et sa famille venus se réfugier à Aimargues en 1924. Lors d’une manifestation contre une procession religieuse le 6 mars 1926, il fut blessé par un coup de sabre.
En 1927, le Groupe anarchiste d’Aimargues était constitué d’une douzaine de personnes. Ce groupe contribua à créer une coopérative de consommation, La Fourmi, sous l’influence de quelques uns de ses membres inspirés par le courant coopératiste de Charles Gide, l’Ecole de Nimes.
Les anarchistes étaient fortement implantés au syndicat autonome qui regroupait 150 travailleurs et restait en contact avec un syndicat du même type à Coursan dans l’Hérault. Jean Jourdan fut fréquemment désigné pour négocier lors des conflits avec les employeurs.
Il hébergea souvent les orateurs de nombreux meetings ou conférences organisés à Aimargues comme Maurice Joyeux*, Chazoff* du journal Le Libertaire, René Ghislain* de Montpellier et André Prudhommeaux* qui vivait à Nîmes. Jean Jourdan participa également en 1934 à l’hébergement de Paul Roussenq*.
Lors de la guerre d’Espagne, il aida à recruter des volontaires et André Prudhommeaux lui confia la mission d’acheter des armes et de les faire passer en Espagne. Ce fut à cette occasion qu’il participa au cambriolage d’une armurerie à Narbonne.
En 1939, il figurait sur la liste des "anarchistes français dangereux pour la sécurité nationale" . Mobilisé en 1939, il choisit de s’insoumettre et changea d’identité et de ville : sous l’identité de Fernand Sol, il vécut à Toulouse et travailla sur divers chantiers. Un an plus tard, il fut arrêté à Aimargues, détenu trois jours à la Maison d’arrêt de Nimes, puis à Oraison (Alpes de Haute Provence). Après un passage à la citadelle de Sisteron, il fut interné au camp de Saint Sulpice la Pointe (Tarn) le 9 février 1941 (n° matricule 635) où il rencontra E. Armand*, et dont il parvint à s’évader. De nouveau arrêté, à Nîmes, il fut libéré après intervention de Vernier, ex-conférencier pacifiste, travaillant pour le ministère de l’Intérieur du gouvernement Pétain.
A la Libération, Jean Jourdan fut nommé à la tête du comité de libération d’Aimargues. Il organisa la réquisition de denrées alimentaires pour la population et s’opposa à la tonte de femmes du village suspectées d’avoir fréquenté l’occupant. Il refusa de devenir formellement maire du village.
Au sortir de la guerre, le groupe libertaire et le syndicat autonome d’Aimargues étaient exsangues. Jean Jourdan se brouilla avec ses ex-camarades et s’installa dans le village voisin, Le Cailar, sur une parcelle achetée en 1948 où il ouvrit avec sa femme Marie une guinguette connue sous le nom de Guinguette à Chocho. Il participa en 1973-74 aux manifestations anti-franquistes organisées à Nîmes.
Jean Jourdan qui fut également marié à Carmen Ségura (née en 1908) puis à Marie Andréo (née en 1925), avec lesquelles il n’eut pas d’enfants, est mort au Cailar le 14 novembre 1986.
Par Daniel Vidal
SOURCES : Etat-civil d’Aimargues — Arch. Dép. (30) 1M756, 1M759, 1W173 — Arch. Dép.Tarn 493W32 et 493W33 — M. Falguières, Jean Jourdan, libertaire d’Aimargues, Editions Comedia, Nîmes, 2008 — Note de Rolf Dupuy.