KNOCKAËRT Jean-Baptiste [Dictionnaire des anarchistes]

Par Yves Le Maner, notice revue par Guillaume Davranche

Né le 25 mars 1877 à Tourcoing (Nord), mort le 20 novembre 1957 à Tourcoing ; ouvrier tisseur, puis colporteur ; syndicaliste et anarchiste puis communiste.

Fils de Henry, Léopold Knockaert, un tisserand originaire de Belgique, et de Philomène Rosalie Nys, Jean-Baptiste Knockaërt fut expulsé de France à l’âge de 18 ans pour avoir, en août 1895, pris part à une manifestation antipatriotique.

Peu avant 1905, il revint parmi les anarchistes militants et organisa des conférences antimilitaristes dans le cadre de l’Association internationale antimilitariste (AIA). Il fut délégué par les groupes de Roubaix-Tourcoing au congrès de l’AIA de Saint-Étienne en juillet 1905.

Ami de Benoît Broutchoux, Knockaërt s’orienta vers le syndicalisme et, en 1905, devint membre de la Fédération des syndicats de Tourcoing et du comité fédéral du Textile. Il contribua activement, en octobre 1905, à la parution du Combat, rebaptisé Le Combat de Roubaix-Tourcoing en février 1906, puis finalement Le Combat du Nord en novembre 1906. Il y signait bon nombre d’articles sous son vrai nom ou sous le pseudonyme Jacques Rouge.

En 1908, il habitait 31, rue de la Prairie, à Tourcoing. En 1912, il logeait au 11, cour Bossut. Il fut inscrit au Carnet B le 20 mars 1909.

D’août à octobre 1909, Jean-Baptiste Knockaërt fut un des animateurs de la campagne en faveur de trois militants anarchistes injustement emprisonnés (voir Jules Bernard). C’est lui qui recevait les fonds pour les soutenir. Il habitait alors 17, rue de Brest, à Tourcoing.

À l’époque, Knockaërt s’était fortement rapproché de La Guerre sociale, et il répondit favorablement au projet de Parti révolutionnaire (PR) imaginé par Gustave Hervé (voir Miguel Almereyda). Le 14 août 1910, il participa au congrès des groupes anarchistes du Nord qui rassembla des délégués de 16 localités à la salle de la Fourmi, 22, rue des Augustins, à Lille. Ces groupes se constituèrent en Fédération révolutionnaire du Nord, qui eut son siège au 22, rue des Augustins. Ce congrès départemental décida également la fusion des trois journaux anarchistes de la région : Le Combat du Nord, de L’Action syndicale de Lens (voir Broutchoux) et du Réveil artésien d’Arras. Finalement, seuls les deux premiers fusionnèrent pour donner naissance au Révolté, dont le n°1 parut le 9 octobre 1910.

La Fédération révolutionnaire du Nord était destinée à devenir la section départementale du futur PR, mais la dynamique fut cassée quand Hervé renia l’antimilitarisme et l’antipatriotisme début 1911, et le PR ne vit jamais le jour.

Dès janvier 1911, Knockaërt et ses camarades, laissant Le Révolté à Broutchoux, relancèrent Le Combat, « organe communiste révolutionnaire du Nord », qui devait durer jusqu’à la guerre. Knockaërt en fut l’imprimeur-gérant jusqu’en janvier 1912. À l’époque il était toujours un militant actif du syndicat du textile de Tourcoing.

Fin 1911, suite à l’exclusion d’Eugène Cornil, le syndicat du Textile de Roubaix, tenu par les guesdistes, subit une scission. Une nouvelle organisation d’ouvriers du Textile vit le jour sur des bases syndicalistes révolutionnaires, et sous le nom d’Union des travailleurs de Roubaix. Quelques mois plus tard, deux regroupement similaires virent le jour : l’Union des travailleurs de Lille et l’Alliance des travailleurs de Tourcoing, dont Knockaërt fut le secrétaire.

Le 22 juin 1912, il comparut le tribunal correctionnel de Lille avec Boudet et Charles Dhooghe suite à la campagne de protestation contre l’arrestation de 3 militants accusés d’avoir saboté dans la région de Roubaix-Tourcoing (voir Jean Descamps).

Après avoir été délégué au congrès national anarchiste à Paris, du 15 au 17 août 1913, il représenta les trois syndicats du Textile non fédérés au congrès syndicaliste révolutionnaire de Londres, les 27 et 28 septembre 1913. Les deux autres Français présent étaient A. Couture, délégué par six syndicats parisiens du Bâtiment, et Michelet, délégué par la fédération de la Chapellerie. Contrairement à eux, Knockaërt se montra favorable à la création d’une internationale syndicaliste révolutionnaire concurrente du Secrétariat syndical international dominé par la GGB allemande.

En 1914, il était gérant du journal La Peste cléricale et habitait au 73, rue Saint-Blaize, à Tourcoing.

Lors de la déclaration de guerre, il fut arrêté, sur la base du Carnet B, comme un certain nombre d’autres anarchistes (voir Benoît Broutchoux), puis libéré. Il fut néanmoins réformé en raison de sa petite taille (1,48 mètre).

Au cours de l’occupation du Nord, les Allemands le déplacèrent dans les Ardennes. Il finit par rejoindre son frère mobilisé à Corbeil en 1916. Il semble qu’il ait alors adhéré au Parti socialiste.

Du 15 au 18 juillet 1918, il représenta les syndicats des métallurgistes de Corbeil et de Meudon au congrès confédéral de la CGT à Paris, et approuva le bilan de l’action confédérale. Au congrès confédéral suivant à Lyon, du 15 au 21 septembre 1919, il avait durci sa position : il vota contre le rapport moral mais pour la motion d’orientation qui invoquait de nouveau les principes révolutionnaires.

À cette époque, il signait, sous le nom de Jean Rouge, des articles dans le journal socialiste de Corbeil, Le Réveil du Peuple, proche du Comité de la IIIe Internationale. En juillet 1919, il avait d’ailleurs sollicité Pierre Monatte, directeur de La Vie ouvrière, pour distribuer des cartes du Comité de la IIIe Internationale à Corbeil. Il annonça ensuite dans Le Réveil du peuple que, le 2 août 1919, la section socialiste de Corbeil s’était prononcée pour l’adhésion à la IIIe Internationale, et avait décidé l’expulsion des « éléments étrangers au socialisme », c’est-à-dire des socialistes de guerre.

À l’automne 1919, Knockaërt fit campagne, avec le Parti socialiste, pour les législatives de novembre. Selon la police il habitait alors au 38, rue des Grandes-Bordes, à Corbeil, c’est-à-dire dans le logement mitoyen du local du Réveil du peuple, du syndicat des métallurgistes de Corbeil et de plusieurs autres organisations. Il est possible qu’il soit retourné en 1920 à Tourcoing, puisque la police y signale sa présence au moment de l’adhésion de la section socialiste locale à la IIIe Internationale.

Jean-Baptiste Knockaërt adhéra au Parti communiste et à la CGTU en 1920-1921. Pour plus de détails sur sa trajectoire ultérieure, essentiellement au PCF, à la CGTU et en tant que président de la Libre Pensée du Nord, consulter le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.

Sans responsabilités au sein du PCF à partir de 1931, il rompit définitivement avec le Parti en 1939 après la conclusion du Pacte germano-soviétique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154461, notice KNOCKAËRT Jean-Baptiste [Dictionnaire des anarchistes] par Yves Le Maner, notice revue par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 1er mai 2014, dernière modification le 10 août 2021.

Par Yves Le Maner, notice revue par Guillaume Davranche

SOURCES : État civil de Tourcoing — Arch. Nat. F7/13609, 13053 et 13586, 1994045/152, dossier 13097 — Arch. PPo. 100 —– AD du Nord, M 154/191A — La Guerre sociale du 18 août 1909 — L’Action syndicale de juillet à octobre 1910 — Le Combat 1911-1914 — Le Libertaire du 23 août 1913 — La Vie Ouvrière, 16 juillet 1919 et 30 juillet 1919 — Le Réveil du Peuple (1919-1920) — J. Polet, « L’Anarchisme dans le département du Nord, 1880-1914 », DES Lille, 1967 — Guillaume Davranche, Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914), L’Insomniaque/Libertalia, 2014 — notes de François Ferrette.

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