BACQUET René, Georges, Robert

Par Alain Dalançon

Né le 25 juillet 1920 à Eppeville (Somme), mort le 29 avril 2006 à Créteil (Val-de-Marne) ; conseiller d’orientation professionnelle, directeur adjoint de l’INOP ; militant syndicaliste du SNET.

René Bacquet était le fils de Georges, dit Émile Bacquet, peintre, et de Marie, Eva Feuillette, sans profession. Bon élève à l’école primaire, il poursuivit sa scolarité au cours complémentaire de la commune voisine de Ham (Somme), puis fut élève maître à l’École normale d’instituteurs d’Amiens (Somme), de 1936 à 1939. Il fut mobilisé en septembre 1939 et autorisé à préparer les EOR.

Après sa démobilisation en 1940, il enseigna comme instituteur en cours complémentaire jusqu’en 1944. Désireux de poursuivre des études supérieures à Paris, intéressé par les questions sociales et aspirant à être promu socialement, il entra à l’INETOP (Institut national d’étude du travail et d’orientation professionnelle) dont il sortit avec le diplôme d’État de conseiller d’orientation professionnelle créé le 27 janvier 1944. De 1946 à 1964, il fut affecté, en tant que conseiller chargé de formation pratique, au Centre d’application de l’INETOP (sis 41, rue Gay Lussac, Paris Ve), à la prise en charge des huit écoles de garçons et de filles de cet arrondissement : tests collectifs d’aptitude et de connaissance, examens individuels, entretiens avec enfants et parents, conseils d’orientation et suivi sur plusieurs années. Ses débuts dans la carrière furent marqués par les conceptions du fondateur de l’INETOP et son directeur de l’époque, Henri Piéron.

Tout en étant adhérent de l’AGOF (Association générale des orienteurs de France) créée en 1946, il participa la même année à la création de la section D (orientation professionnelle) du Syndicat national de l’enseignement technique affilié alors à la FEN-CGT, par fusion avec le Syndicat du personnel des services d’orientation scolaire, professionnelle et de psychométrie de la CGT. Le syndicat souhaitait en effet représenter ces catégories de l’orientation professionnelle, et pas seulement pour défendre les intérêts corporatifs d’une profession dont l’identité s’affirmait, en même temps que s’autonomisaient et se professionnalisaient par ailleurs la psychologie du travail et la psychologie scolaire.

La première responsable de la section D du SNET, Monique Varin*, définit alors les objectifs de l’OP : répondre à la fois aux « désirs des familles de donner à leur fils un métier conforme à ses goûts et aptitudes » et d’autre part répondre aux nécessités de « l’adaptation de la qualification pour éviter de recourir à de la main d’œuvre étrangère » et à celle de « l’adaptation à la profession ». Elle insistait ensuite sur l’élaboration d’une « technique humaine scientifiquement fondée au service de l’individu considéré dans son milieu social, dans un cadre de production déterminé ». Cette mission nécessitait donc que l’OP devienne un véritable service public national et laïque avec des personnels assimilés aux cadres de l’Éducation nationale. Le syndicat prit une part importante dans la création de centres d’OP dont le statut n’était toujours pas clairement pris en charge par l’État, coordonnés et contrôlés par des secrétariats d’OP qui se transformèrent en inspections d’OP en 1951, et en 1948, l’assimilation des conseillers d’orientation aux certifiés, puis leur intégration à l’Éducation nationale en 1951.

C’est à cette époque, au congrès de mars 1948, lorsque le syndicat décida de rester à la FEN autonome, que René Bacquet devint responsable de la section D du SNET. Il le demeura jusqu’en 1953, élu à la CA, titulaire puis suppléant, au titre du courant « cégétiste » « Unité et action », en restant toujours sans adhésion à un parti politique. Cette même année 1948, le 15 mai, il épousa à Decourdemanche (Sarthe) Jeanne, Elise, Baston.

Dans les années 1950, jusqu’alors fidèle à la conception de l’orientation définie en 1946, René Bacquet évolua dans sa conception de l’orientation, comme beaucoup de conseillers et conseillères. Pour deux raisons principales. D’une part, alors que les conseillers prenaient en charge essentiellement des élèves quittant la scolarité primaire obligatoire pour l’apprentissage, les années 1950 furent marquées par le développement de deux filières : dans l’enseignement technique, avec les centres d’apprentissage et les classes de 5e et 4e des collèges techniques, et d’autre part dans les cours complémentaires. Il ne s’agissait plus seulement de faciliter l’accès au métier de jeunes, mais de guider les élèves vers des études plus longues et donc d’aller vers une conception plus éducative de l’orientation. D’autre part, la théorie des aptitudes était remise en question sous l’influence des analyses marxistes d’Antoine Léon. Dès 1953, ces approches nouvelles apparaissaient dans les analyses du SNET sous la plume de Denise Galloy* qui prit la succession de Bacquet dans la responsabilité de la section D, ce dernier continuant à faire partie du groupe de travail du SNET et d’appeler à voter UA puis UASE (Union pour une action syndicale efficace) aux élections à la CA nationale, jusqu’en 1962.

Ils rédigèrent d’ailleurs ensemble des articles notamment dans la revue Enfance. Durant ces années, René Bacquet chercha donc à développer une orientation éducative de « chacun, de façon positive, d’amener les jeunes au maximum de leur réussite, de préserver toutes leurs chances d’avenir ».

Il fut ensuite affecté auprès de la direction de l’INETOP, de 1965 à 1974, dont il devint sous-directeur de 1975 à 1985, adhérent de l’Association des psychologues de l’Éducation nationale. Il fut en outre secrétaire général du Musée national des techniques du CNAM en 1981-1982, chargé de cours complémentaire (méthodes en psychologie) à l’université Paris V, de 1969 à 1973 et, à partir de sa création, en 1972, responsable de la rédaction de L’Orientation scolaire et professionnelle.
Avec Maurice Reuchlin, il contribua à la rédaction de la circulaire ministérielle du 21 novembre 1960 sur l’évolution de l’« Ordre de priorité des missions des Centres publics d’orientation scolaire et professionnelle », définissant les activités des centres, dans la perspective d’une prolongation et d’une démocratisation de la scolarité.

Après son décès, Pierre Roche rendit hommage à « l’un des bons artisans » de la profession, « un constructeur de progrès social ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15449, notice BACQUET René, Georges, Robert par Alain Dalançon, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 23 janvier 2022.

Par Alain Dalançon

ŒUVRE : René Bacquet, Jacqueline Cambon, Henri Chaudagne, Antoine Léon, Pour l’information professionnelle des jeunes gens de 14 ans, Bourrelier, 1957. — Denise Galloy, René Bacquet, « À propos d’orientation scolaire », Enfance, 1958, 11-3, p. 275-278. — Françoise Bacher, René Bacquet, Robert Lefranc, Guy Avanzini, « Organigramme d’enseignement et de recherche », Revue française de pédagogie, 1978, 42, p. 106-122.

SOURCES : Arch. IRHSES (SNET, fonds Rabier et Astre, Le Travailleur de l’enseignement technique). — JO, lois et décrets, 17 septembre 1939. — Pierre Roche, GREO, biographie d’hommage, 2006. — Jérôme Martin, « De l’orientation professionnelle à l’orientation scolaire. L’Association générale des orienteurs de France et la construction de la profession de conseiller d’orientation (1931-1956) », Histoire de l’éducation, 142/ 2014. — État civil, mairie d’Eppeville. — Notes de Julien Veyret dans la version précédente de 2008, signée J. Girault, J. Veyret.

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