PRENANT César, Victor [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche et Thierry Bertrand

Né le 6 mars 1845 à Dontilly (Seine-et-Marne), mort à Ivry (Seine) le 4 mai 1911 ; chauffeur ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie ; blanquiste, puis anarchiste.

César Prenant (1897)
César Prenant (1897)
Source : Arch. PPo

Fils de paysan, soldat de la guerre franco-allemande de 1870-1871, blessé et fait prisonnier, Prenant revint en France au moment de la Commune de Paris à laquelle il participa. Condamné le 9 janvier 1872 par le 15e conseil de guerre à la déportation simple, il fut déporté à l’Île des Pins (Mélanésie). Amnistié, il rentra à bord du Creuse.

De retour en France, il se joignit aux blanquistes. Alors que Charles de Freycinet était ministre des Travaux publics (entre 1877 et 1879), César Prenant voulut attirer l’attention du gouvernement sur les injustices révoltantes en Nouvelle-Calédonie. Une lettre à la main, il aborda Freycinet, qui inaugurait un port dans le Midi. Accusé d’avoir voulu assassiner le ministre, il fut condamné à la prison et à l’interdiction de séjour. Il passa six ans à Bicêtre puis à Clermont.

C’est sans doute à cette époque qu’il passa à l’anarchisme. En 1888, avec plusieurs autres libertaires transfuges du blanquisme comme Constant Martin, il fit partie du comité de rédaction du Ça ira (mai 1888-janvier 1889). Le Ça ira projetait de devenir quotidien, mais la répression judiciaire l’en empêcha. Les promoteurs du projet furent poursuivis en Cour d’assises.

Il fut interné à l’hôpital psychiatrique de Bicêtre en novembre 1896, puis à Saint-Anne, à la suite de manifestations un peu vives contre les magistrats qui lui avaient fait perdre un procès intenté à son patron. Enfermé il faisait passer des lettres pour dénoncer les brutalités exercées sur ses codétenus. Une campagne pour sa libération fut menée en 1902 par Malato et E. Girault (Libertad y prit part également). C’est l’avis d’une commission de médecins chargés d’examiner l’état mental de Prenant qui décida sa mise en liberté en juillet 1902.

César Prenant fréquenta ensuite Le Libertaire, rue d’Orsel, à Paris 18e. Francis Jourdain en fit ce portrait : « Voûté, édenté, tétant sans arrêt le jus tiède d’une pipe infecte, César Prenant portait depuis des décades un paletot décoloré par les intempéries et ne se rasait que par hasard. Il avait fallu une campagne de meetings et d’affiches pour faire sortir cet inoffensif pauvre vieux clochard de la cage (je dis bien la cage) d’un asile d’aliénés où l’avait mené sa phobie des mâgistrrrâts. Le doux vieillard n’en pouvait voir un sans entrer dans un état que les médecins légistes qualifiaient injustement de fureur démentielle. »

Au début de 1911, atteint de paralysie, César Prenant fut admis à l’hôpital Tenon (Paris XXe). Déclaré incurable, il fut transféré à Ivry où il mourut début mai.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154504, notice PRENANT César, Victor [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche et Thierry Bertrand, version mise en ligne le 1er mai 2014, dernière modification le 24 août 2022.

Par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche et Thierry Bertrand

César Prenant (1897)
César Prenant (1897)
Source : Arch. PPo

SOURCES : État civil d’Ivry. — Arch. PPo., listes d’amnistiés. — ANOM, dossier H 97. — Le Libertaire, 13 mai 1911. — Francis Jourdain, Sans remords ni rancune, Corrêa, 1954.— Le Libertaire, L’Aurore (1902).

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