SAGETTE Olivier [dit Seznec] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Théo Roumier

Né le 11 février 1953 à Boulogne-Billancourt ; employé de banque ; communiste libertaire, syndicaliste et militant du droit au logement.

Olivier Sagette (2005)
Olivier Sagette (2005)
Source : Archives d’AL/FACL

Ce fut en classe de seconde au lycée Claude-Bernard à Paris qu’Olivier Sagette connut Patrice Spadoni. Ensemble, ils hésitèrent à rejoindre la FA, mais, se sentant résolument plate-formistes, ils préférèrent pousser la porte de l’ORA. Ils eurent notamment pour camarade de classe Michel Field, alors membre de la LC (future LCR).

Lycéen, Olivier Sagette intervint principalement sur le front de l’antimilitarisme, front de lutte particulièrement suivi dans les lycées parisiens. Membre de l’ORA, il était affilié au groupe des Hauts-de-Seine (également dénommé groupe de Rueil). Il fut exclu de Claude-Bernard, termina sa scolarité secondaire au Lycée Carnot dans le 17e et obtint son bac en 1972. À l’été 1972, il intégra la BNP comme employé de Banque et se syndiqua rapidement à la CFDT. Stagiaire, donc professionnellement vulnérable, il n’eut pas d’apparition syndicale avant sa titularisation en 1973.

En mars-avril 1974, il intervint activement dans la grande grève des Banques. Chargé, avec Rolf Dupuy, des relations internationales de l’ORA, il fut également membre de la tendance officieuse UTCL.

Sur le plan syndical, il fut rapidement nommé délégué du personnel de son agence, ce qui entraîna sa décharge à temps complet, spécificité du droit syndical de nombreuses banques de l’époque. Les banques, et plus particulièrement la BNP, étaient dans ces années un véritable secteur d’intervention où se côtoyaient les militants révolutionnaires de nombreuses organisations : ORA, FA, LC/LCR, Révolution !, AMR, AS... Plusieurs de ces militants se retrouvaient sous l’étiquette CFDT et composaient une opposition d’extrême gauche résolue à la ligne confédérale. Olivier Sagette entretint plus particulièrement des liens avec les anarcho-syndicalistes de l’Alliance syndicaliste (AS), particulièrement actifs au sein de l’UL-CFDT de Paris 9e.

En Avril 1975 il fut appelé sous les drapeaux pour effectuer son service militaire dans l’est de la France. Antimilitariste révolutionnaire convaincu, ce fut l’occasion pour lui de participer au mouvement des comités de soldats. À son retour, il participa très brièvement à la constitution du comité autonome de la BNP aux côtés d’Alain Pojolat et Nathalie Ménigon. Malgré un désaccord politique profond avec les thèses du comité, il partit, en compagnie d’Alain Pojolat, faire une tournée de « découverte » de l’autonomie italienne dans la péninsule.

En janvier 1978, les instances de la section CFDT-BNP, forte de 1200 adhérents, furent suspendues par le syndicat parisien avec l’appui de la fédération CFDT des Banques. Ce fut le départ d’une bataille pour le maintien dans la CFDT qui dura jusqu’au congrès confédéral de Brest de mai1979. Avant cette date, en novembre 1978, la majorité du syndicat parisien de la BNP avait constitué le Syndicat démocratique des banques (SDB). La minorité, dont faisait partie Olivier Sagette, maintenait l’objectif de réintégrer la CFDT. Ce fut à l’occasion de cette bagarre d’appareil, qu’il croisa le chemin des exclus CFDT du centre de tri PTT de Lyon-Gare, dont Georges Valero, et d’Usinor-Dunkerque, qui respectivement fondèrent le Syndicat autogestionnaire des travailleurs (SAT) et le Syndicat de lutte des travailleurs (SLT). Après le congrès de Brest, l’idée de la réintégration fut définitivement abandonnée. Les militants exclus reprirent leur liberté et négocièrent individuellement leur ré-adhésion à la CFDT ou leur adhésion éventuelle à FO ou à la CGT. C’est cette dernière option que prit Olivier Sagette, bien que son adhésion ne fut acceptée qu’en 1982. Il fut néanmoins vite intégré à la commission exécutive (CE) du syndicat CGT des agences parisiennes BNP et fut permanent de 1984 à 1986.En 1988, il intégra la CE de l’UL-CGT de Paris 8e, ce qui devint son activité syndicale principale.

Politiquement, il rompit avec la majorité de l’ORA au congrès d’Orléans de 1976 et suivit les militants de la tendance UTCL qui constituèrent le collectif pour une UTCL. Lorsque ce collectif dut se doter d’une presse, ce fut Olivier Sagette qui se porta volontaire pour être directeur de publication du mensuel Tout le pouvoir aux travailleurs. Il occupa cette fonction jusqu’en mars 1978, date à laquelle il rompit avec ses camarades, considérant que le moment n’était pas venu de transformer le collectif pour une UTCL en une organisation pérenne.

En 1985, naquit son fils. Olivier Sagette décida alors de limiter son activité politique, préférant se recentrer sur le combat syndical. Enfin à partir de 1986, il reprit une activité professionnelle à mi-temps et suivit, de 1986 à 1992, un enseignement professionnel jusqu’au diplôme de troisième cycle de l’Institut technique de banque.

En 1991, le manque de réaction syndicale à la première guerre du Golfe interpella Olivier Sagette et l’incita à renouer avec le militantisme politique organisé. C’est naturellement qu’il retrouva ses anciens camarades du collectif pour une UTCL et fut signataire de l’Appel pour une alternative libertaire, prélude à la constitution de l’organisation du même nom. Par la suite il fut le trésorier national d’AL jusqu’en 1995 et signa de nombreux articles dans le mensuel de l’organisation sous le nom de Seznec.

Il participa à l’été 1991 au campement du quai de la Gare dans à Paris 13e avec les militants du Droit au logement (DAL), organisation qu’il rejoignit peu après et avec laquelle il participa à l’occupation de l’immeuble du 7, rue du Dragon, en décembre 1994. À l’issue de cette lutte, un partage des tâches se fit entre les militants impliqués sur le front du mal-logement, certains créant l’association Droits devant !! (Dd !!). Olivier Sagette resta au DAL Paris et fut un ardent partisan de la constitution d’une fédération nationale DAL. De 1996 à 1999, il fut trésorier du DAL-Paris avant de devenir trésorier de la fédération DAL à partir de sa création en 1999. En parallèle, il devint conseiller prud’homal en 1996, puis entra en 1999 à la CE de l’UD-CGT 75, au titre de laquelle il allait occuper les fonctions d’administrateur de la CAF 75 par la suite.

Habitant de Noisy-le-Sec (93), avec sa compagne, Clotilde Maillard, également membre d’Alternative libertaire, il noua des relations suivies avec les militants PCF de sa commune. Avec le groupe AL de Seine-Saint-Denis, il fut actif dans la campagne pour le Non à la constitution européenne de 2005.

En 2008, il se présenta aux élections municipales à titre personnel sur la liste « La gauche qui vous ressemble et vous rassemble » conduite par Gilles Garnier et composée à parité de militants PCF, LO et sans étiquettes. Cette même année, dans le cadre de son engagement au sein de son UL-CGT et en qualité de membre de son secrétariat, il fut un actif soutien des grèves des travailleurs sans papiers de Paris 8e.

Olivier Sagette participa au processus qui aboutit en juin 2019 à la fusion d’Alternative libertaire (AL) et de la Coordination des groupes anarchistes (CGA) au sein de l’Union communiste libertaire (UCL). Au nom du « plate-formisme » et avec une petite minorité de militantes et militants, il rendit publique une lettre de démission collective de l’UCL à la fin de l’année 2021.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154520, notice SAGETTE Olivier [dit Seznec] [Dictionnaire des anarchistes] par Théo Roumier, version mise en ligne le 22 avril 2014, dernière modification le 28 décembre 2021.

Par Théo Roumier

Olivier Sagette (2005)
Olivier Sagette (2005)
Source : Archives d’AL/FACL

SOURCES : FACL, Archives ORA — FACL, Archives UTCL — FACL, Archives AL — Philippe Dubacq, « Anarchisme et marxisme dans l’après 68. Le cas de l’organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) », mémoire de maîtrise de sociologie politique, Paris-X, 1992. — Cécile Péchu, « Les générations militantes à Droit au logement »,Revue française des sciences politiques n°51, février-avril 2001. — Théo Rival, Syndicalistes et libertaires. Une histoire de l’UTCL (1974-1991), Alternative libertaire, 2013.

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