Par Jean-Marc Delpech
Né le 18 octobre 1875 à Grospierre (Ardèche), mort le 2 janvier 1912 à Saint Jean du Maroni (Guyane), ouvrier sculpteur, anarchiste illégaliste.
Marius Baudy rédigea ses « mémoires » en prison en 1905. Il espérait ainsi échapper à la route du bagne. Cette relation d’une vingtaine de pages dresse le parcours d’un jeune homme, orphelin de père, anarchiste par conviction, voleur par nécessité. Marius Baudy tentait de minimiser son implication dans la bande de cambrioleurs mise au point par Alexandre Jacob. Il ne pouvait pourtant nier les vols pour lesquels il comparut à Amiens du 8 au 22 mars de cette année. Sa déclaration Pourquoi j’ai cambriolé ?, publiée dans le n°12 de la feuille libertaire Germinal, constitue même une justification de son illégalisme, pratiqué au nom du droit à l’existence.
Arrêté le 22 septembre 1902 pour un vol commis à Toulouse, Marius Baudy retrouva deux ans plus tard à la prison d’Abbeville ses anciens compagnons marseillais (Jacob, Joseph Ferrand, Jules Clarenson, Honoré Bonnefoy*) et les autres membres inculpés des Travailleurs de la Nuit. Comme la plupart d’entre eux, il fut condamné mais le procès en appel de Laon (Aisne, 1er octobre 1905) réduisit sa peine à 7 ans de réclusion, assortie de la relégation.
Il embarqua pour la Guyane le 23 décembre 1909 après avoir été déclaré « apte à tous travaux dans toutes conditions d’habitat », c’est-à-dire apte à l’exploitation de la forêt, des mines ou des carrières de la colonie pénitentiaire. L’épuisement physique constitue certainement la cause du décès du matricule n°10190 survenu le 2 janvier 1912.
Par Jean-Marc Delpech
SOURCES : Arch. Nat. BB18 2261 A dossier 2069 A03 et BB241012 dossier 2818 S05, — Arch. de l’Outre-Mer H 896 et H3678/10190 — Arch. Pref. Police EA/89, — Arch. Dep. Somme 99M13/2 — Alexandre Jacob, Écrits, Insomniaque, 2004 — Jean-Marc Delpech, Parcours et réseaux d’un anarchiste : Alexandre Marius Jacob 1879-1954, thèse de doctorat, Université de Nancy II, 2006 — Valérie Portet, Les anarchistes dans les bagnes de Guyane de 1887 à 1914, mémoire de maîtrise, université Paris X, 1995.