BOIVIN Henry [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy

Né à Liffré (Ille-et-Vilaine), mort à l’automne 1966. Traminot. Militant anarchiste, pacifiste et syndicaliste d’Ille-et-Vilaine.

Mobilisé pendant la première guerre mondiale dont il était revenu mutilé, Henry Boivin prit conscience du massacre et ne cessa plus de militer contre la guerre et dans les milieux libertaires. Il fut particulièrement actif lors de l’incarcération de Jeanne Morand à la centrale de Rennes. Après avoir renvoyé son fascicule de mobilisation, il fut arrêté par les gendarmes et condamné.

Dans les années 1921-22, ses activités syndicales lui valurent d’être révoqué de la Compagnie des Tramways bretons. Il collaborait alors au journal Le Syndicaliste de l’ouest. Il était début 1921 trésorier du Comité départemental des Comités Syndicalistes Révolutionnaires (CSR), poste auquel il fut reconduit lors du congrès régional des CSR tenu à Rennes le 27 mars ; les autres membres du bureau étaient les libertaires Quemerais (secrétaire) et Jean Texier. Il est à noter que ces trois militants libertaires furent à Rennes à l’origine de la fondation de l’union locale de la CGTU. Au congrés de fondation de l’Union régionale unitaire (URU) tenu le 27 mai 1923 et où les libertaires étaient majoritaires, Boivin fut nommé trésorier et Quemerais, secrétaire. Les libertaires furent mis en minorité par les communistes en 1924 et constituèrent alors une union autonome.

Mutilé de guerre et réformé, Henry Boivin refusa à deux reprises d’aller chercher son fascicule de mobilisation : d’abord en avril 1922 où il fut arrêté puis relâché sur intervention de la Fédération ouvrière et Paysanne des mutilés dont il était adhérent ; en octobre 1925 il refusa à nouveau et fut interné une semaine dans les locaux disciplinaires de la caserne Mac-Mahon de Rennes avant d’être transféré à l’hôpital militaire dont il s’évada. Le 12 décembre il fut condamné par le tribunal correctionnel de Rennes à quinze jours de prison pour « outrage à agents de la force publique » venus l’arrêter en octobre.

En 1935 il faisait partie du groupe de militants libertaires regroupés dans la Phalange de soutien au Lib, qui, chaque semaine versaient de l’argent pour soutenir Le Libertaire, organe de l’Union Anarchiste (UA).

Pendant la seconde guerre mondiale, Henry Boivin fut arrêté par les miliciens de Vichy, puis par les Allemands et s’en tira de justesse. En 1944, avec d’autres militants anarchistes dont Gilles Dubois, les frères Le Marc et Joseph Briand, il vivait caché dans la forêt de Rennes.

Henry Boivin qui était également membre de la Libre Pensée, est mort à l’automne 1966.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154546, notice BOIVIN Henry [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 2 mai 2014, dernière modification le 10 mai 2020.

Par Rolf Dupuy

SOURCES : J. Briand, Mon vieil ami Joachim, ill. Germain Delatousche, Ruche ouvrière, [s. d.]. — Libertaire, année 1934 — Liberté, janvier 1967 (nécrologie) — Bulletin du CIRA, Marseille, n°23-25, 1985 (témoignage de G. Dubois) — J.-L. Remond « Discours et propagande anarchistes en Bretagne, 1920-1929 », Mémoire de maitrise, Université de Rennes II, 1994.

Version imprimable