CAROUY Édouard [Dictionnaire des anarchistes]

Par Anne Steiner

Né le 28 janvier 1883 à Lens-sur-Deudre (Belgique), mort suicidé le 27 février 1913 à Paris, ouvrier tourneur, puis camelot, anarchiste individualiste, illégaliste.

Edouard Carouy (1912)
Edouard Carouy (1912)
cc Arch. PPo

Fils d’un petit employé des douanes, orphelin de mère à l’âge de trois ans, Edouard Carouy commença à travailler à l’âge de douze ans dans une raffinerie de sucre : condition moralement dégradante et épuisante physiquement. Il perdit son emploi, vendit des journaux le soir dans l’humidité, le froid. Puis il connut les chantiers et devint tourneur sur métaux, travail auquel il disait préférer la mort.

Dans une lettre à son avocat datée de janvier 1913, il écrit « A douze ans et demi , on me mit au travail dans une raffinerie de sucre. J’y appris tout ce que les enfants apprennent dans les ateliers : à être méchant, menteur, rampant devant les forts représentés par les chefs, contremaîtres, premiers ouvriers. (..) Je crois qu’un homme qui n’a que l’atelier pour vivre ne s’en tire jamais. J’aimerais mieux la mort que la perspective de travailler toute ma vie en atelier. Ceux qui m’ont connu savent que j’aime le travail, mais l’atelier pour moi est une prison"

Anarchiste depuis 1906, il a été administrateur du journal individualiste belge Le Révolté, aux côtés de Callemin, Kibaltchich et De Boë. En décembre 1909, il gagna Paris et vécut à Romainville, au siège de l’anarchie, jusqu’en août 1911. Pour échapper à la condition ouvrière, il devint camelot avec sa compagne Jeanne Bélardie, anarchiste individualiste, elle aussi. En mai 1911, dans la rubrique" trois mots aux amis" du journal l’anarchie, il faisait part de son intention de louer une ferme ou un pavillon avec grand jardin.

Il fut accusé de plusieurs vols commis avant l’affaire Bonnot dans des magasins, chez des particuliers et au bureau de poste de Romainville. Il aurait connu Bonnot en 1908, à Genève, où il avait séjourné. Accusé d’avoir commis, le 2 janvier 1912 à Thiais, en compagnie de Marius Metge, un double meurtre crapuleux sur la personne de deux vieillards et d’avoir recélé une automobile volée, il fut dénoncé par un camarade et arrêté en mars 1912.

Jugé dans le cadre de l’affaire Bonnot, il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité. Pendant sa cavale qui avait duré trois mois, certains avaient fait courir le bruit qu’il était un mouchard, ce qui l’avait profondément atteint. Niant être l’auteur du crime dont on l’accusait et qu’il ne cautionnait pas, déçu par le milieu illégaliste, il se suicida le soir même du verdict, le 27 février 1913, en absorbant le contenu d’ une ampoule de cyanure de potassium.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154555, notice CAROUY Édouard [Dictionnaire des anarchistes] par Anne Steiner, version mise en ligne le 31 mars 2014, dernière modification le 22 octobre 2021.

Par Anne Steiner

Edouard Carouy (1912)
Edouard Carouy (1912)
cc Arch. PPo

SOURCES : Archives PPo, cartons Bonnot EA140, EA141. — Mémoires d’un révolutionnaire, Victor Serge — Le Journal, Le Matin (années 1912-1913).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable