BADIA Simone [née THÉVENON Eugénie, Philomène, Simone]

Par Jacques Girault

Née le 10 mars 1915 à Lyon (Rhône), morte le 6 juin 2010 à Paris (IIIe arr.) ; institutrice, professeure ; résistante ; militante syndicaliste ; militante communiste ; adjointe au maire de Gentilly (Seine-Val-de-Marne)

Fille d’un mécanicien-conducteur de camions, Simone Thévenon reçut les premiers sacrements catholiques. Ses parents habitaient dans le XVIIe arrondissement de Paris. Après une scolarité en cours complémentaire, elle entra à l’École normale d’institutrices du boulevard des Batignolles à Paris en 1932. Institutrice, elle enseigna à Villejuif (1935), au Kremlin-Bicêtre (1937) puis à Gentilly (1938-1943), où elle épousa en septembre 1939 (mariage exclusivement civil) Gilbert Badia, alors surveillant d’internat au collège Chaptal qui préparait l’agrégation d’allemand. Elle termina une licence de philosophie à la Sorbonne en 1941. Membre de la section de la Seine du Syndicat national des instituteurs (SNI) depuis son entrée en fonction, habitant Gentilly, alors municipalité communiste, elle y militait : elle était membre du Parti communiste et des Amis de l’Union soviétique depuis 1935.

Après l’interdiction du Parti communiste, Simone Badia fut chargée de la réorganisation clandestine du Parti dans la proche banlieue Sud. Après l’arrestation d’Émile Bastard, elle fut arrêtée avec son mari en février 1941, mais tous deux furent laissés en liberté. Ils obtinrent un non-lieu après expertise d’écriture et faute de preuves. Le Parti rompit le contact avec eux jusqu’en décembre 1942, date à laquelle elle devint la responsable aux femmes de la Région Nord parisienne du PCF clandestin. Entrée dans la clandestinité, elle quitta Gentilly pour la rue Charlemagne dans le IVe arrondissement de Paris. À la demande du Parti, elle se sépara de son mari, lui aussi clandestin, pour se charger de l’aide aux familles des communistes emprisonnés comme responsable nationale de l’Assistance française « Marguerite ». En février 1944, après l’évasion de son mari à laquelle elle participa, en se chargeant d’organiser la fourniture de l’essence et les liaisons, elle devint son adjointe à la sécurité du Front national.

À la Libération, Simone Badia était membre de la délégation municipale mise en place à Gentilly, adjointe au maire jusqu’aux élections de mai 1945, membre du comité de la section communiste, et elle assurait les liaisons des responsables des mairies du Front national. Journaliste permanente puis non permanente à partir de 1946 à Femmes françaises, elle y publiait des articles sur divers sujets (reportages, critiques, livres, cinéma, théâtre).

Elle reprit un poste d’institutrice à l’école primaire de la rue des Archives (1946-1947), puis fut nommée professeure au cours complémentaire de filles à Nogent-sur-Marne (1948-1947) avant d’être mutée au cours complémentaire de filles, rue de l’Arbalète dans le Ve arrondissement (1953-1964). Le secrétariat du PCF donna son accord en 1951 pour qu’elle se rende en Pologne faire un reportage pour Femmes françaises et, en mars 1952, pour qu’elle devienne secrétaire adjointe du comité de défense des “34 de Barcelone”.

Membre du SNI, elle siégeait au conseil syndical de la section départementale. Double affiliée à la FEN-CGT, elle collaborait à la Fédération internationale des syndicats d’enseignement. Après la démission collective en 1953 des élus au Conseil départemental de l’enseignement primaire pour protester contre la politique gouvernementale et antilaïque, Simone Badia fut candidate du SNI et élue en janvier 1954, pour les Ve, VIe, VIIe et VIIIe arrondissements. Elle y siégea jusqu’à son départ pour l’Algérie où son mari occupait un poste de professeur d’allemand à la faculté d’Alger. Elle enseigna le français au lycée de Ben Aknoun (1964-1967) et obtint le CAPES en 1967. Revenue à Paris cette année-là, elle travailla au lycée Arago jusqu’à sa retraite en 1971.

Simone Badia quitta discrètement le PCF, au début des années 1980, pour protester notamment contre l’approbation en 1980 de l’intervention soviétique en Afghanistan.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15457, notice BADIA Simone [née THÉVENON Eugénie, Philomène, Simone] par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 17 octobre 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F 17/17778. — Arch. comité national du PCF. — Renseignements fournis par l’intéressée.

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