PERRIER Jules, Elie, Volci (dit Nolet) [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Marianne Enckell

Né le 16 septembre 1837 à Ars-en-Ré (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), mort le 29 novembre 1904 à Genève ; communard, commerçant, bibliophile.

Marchand d’étoffes à Paris, Jules Perrier participa à l’agitation républicaine. Il fut "l’un des humbles et anonymes acteurs du soulèvement parisien" et combattit pendant la Commune comme capitaine de la Garde nationale. Il réussit à échapper aux troupes versaillaises et se réfugia en Suisse en août 1871 grâce à des faux papiers, où il reprit son métier. Il fut condamné par contumace en 1874 à la déportation à vie. A Genève, il fréquentait les autres proscrits et des anarchistes espagnols sans participer activement à leurs activités, hormis lors du banquet traditionnel du 18 mars. Il était particulièrement lié à Elisée Reclus. Après l’amnisitie, il resta à Genève.

"BIen connu" comme Charles Perron pour venir en aide aux anarchistes dans le besoin, tous deux auraient fourni en 1890 à Weill, Bernard*, Petraroja, Stoianoff et Luigi Galleani les moyens d’organiser des réunions, selon la police.
En 1892, avec d’autres réfugiés de la Commune comme Léon Berchtold, et des réfugiés russes comme Nicolas Joukovsky, Perrier signa une brochure proposant d’adjoindre, pour la manifestation du Premier Mai, la revendication du désarmement à celle des huit heures, comme l’avait proposé le congrès de la Deuxième Internationale de 1891.

En 1893, ce "protecteur avéré des anarchistes" aida les compagnons de La Chaux-de-Fonds à payer une forte amende, et aurait subventionné le journal L’Avenir publié à Genève (19 numéros, 1893-1894).

Perrier collectionna des milliers de livres, de brochures et de journaux révolutionnaires, des photos et quelque 1500 caricatures politiques des années 1870-1880. Il achetait, recevait, voire héritait des collections qu’il légua à la Bibliothèque de Genève sur la suggestion de Max Nettlau. Conservée dans le plus grand désordre, la collection a été passablement dispersée (divers manuscrits ont notamment disparus, pour être probablement vendus), mais elle a toutefois été montrée lors de plusieurs expositions. Perrier avait lui-même établi un catalogue, annotait ses ouvrages, les truffait de coupures de presse. Peu avant sa mort, il légua ses collections aux archives de la Ville de Genève.

Atteint dans sa santé, Perrier dût abandonner son commerce en 1904 et mourut peu après à son domicile, 4 rue des Terreaux-du-Temple à Genève.

« C’était un vieil homme ombrageux et malade qui vivait d’avoir connu Elisée Reclus, Félix Pyat et Gambon. Leurs portraits ornaient sa boutique, où il attendait une clientèle boudeuse, en dressant le catalogue de ses livres et de ses reliques. » (Lucien Descaves)

Ses tableaux ont été légués à l’île de Ré pour qu’elle ouvre un musée dans sa maison natale, ce qui fut fait en 1908, mais ils ont suscité peu d’intérêt et ont fini par être vendus aux enchères ainsi que la maison, en 1952.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154660, notice PERRIER Jules, Elie, Volci (dit Nolet) [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Marianne Enckell, version mise en ligne le 15 avril 2014, dernière modification le 6 février 2020.

Par Jean Maitron, notice complétée par Marianne Enckell

SOURCES : Marc Vuilleumier, in Musées de Genève, mai et octobre 1960, février 1971. — Feuille fédérale suisse, 1885. — CAC Fontainebleau 19940500 art 59, Mouvement anarchiste en Suisse. — L. Descaves, Philémon vieux de la vieille, Paris, 1913. — Marc Vuilleumier, "Jules Perrier, Max Nettlau et le destin d’une bibliothèque", in recueil pour J.-D. Candaux, Genève, Droz 1997. — Le Journal de l’île de Ré — notes d’Eric Coulaud.

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