Par Marianne Enckell
Né le 20 août 1859 à Reggio Emilia (Italie), mort le 8 juin 1903 au bagne de Cayenne. Typographe, illégaliste anarchiste.
Déjà militant en Italie, Vittorio Pini arriva en France en 1886, où il vécut de divers emplois. À Paris, il exerçait le métier de cordonnier. D’après Goron, l’ancien chef de la sûreté, Pini était un des fondateurs de la Ligue des antipropriétaires. Il ne dépensait que 25 sous par jour pour sa nourriture, tout le reste de l’argent volé servait à une caisse noire pour financer les activités anarchistes. Il avait en particulier installé une imprimerie anarchiste rue de Bellefond.
Vers 1887, il fonda avec son compatriote Luigi Parmeggiani le groupe anarchiste « Gli Intransigenti di Londra e Parigi », prônant et pratiquant la reprise individuelle, notamment pour financer des journaux. A cette époque, il fréquenta la Ligue cosmopolite (voir Malato). En février 1888, Pini et Parmeggiani s’en prirent à Amilcare Cipriani qu’ils accusaient d’être revenu à un patriotisme interclasses, puis attentèrent à la vie de deux députés socialistes italiens de ses amis, Celso Ceretti (un ancien ami de Bakounine) et Camillo Prampolini. Après des échanges de coups de feu avec la police, ils parvinrent à s’enfuir (Pini, qui avait été pompier en Italie, était très leste, selon Malato) et à revenir en France, mais Parmeggiani, recherché, dut se réfugier à Londres.
Au cours d’une perquisition qui eut lieu au domicile de Pini, en juin 1889, on découvrit un véritable arsenal de cambrioleur ainsi que le produit restant de nombreux vols commis à Paris et en province. Aussi comparut-il devant la cour d’assises de la Seine en compagnie de quatre co-inculpés. Il fut condamné à vingt ans de travaux forcés, sentence qu’il accueillit, bravant jusqu’au bout, aux cris de : « Vive l’Anarchie. À bas les voleurs ! » Sa défense fut imprimée en placard, accompagnée d’un manifeste du Groupe parisien de propagande anarchiste intitulé "Mort aux Voleurs".
Sa condamnation ranima le débat au sein du mouvement anarchiste sur la légitimité du vol, qui avait commencé avec le procès de Clément Duval. Le 15 août 1890, Pini fut envoyé au bagne de Guyane d’où il tenta à deux reprises de s’évader, sans succès. En 1902, on lui accordait une remise de peine de 3 ans. Il mourut de maladie au bagne en juin 1903.
Par Marianne Enckell
SOURCES : Dizionario biografico degli anarchici italiani, op. cit. — ANOM, matricule 24216. — René Bianco, "Un siècle de presse…", op. cit. — Luigi Galleani, Aneliti e singulti : medaglioni, Newark (USA), 1935. — Charles Malato, "Mémoires d’un libertaire", Le Peuple (Paris), 1937-1938). — Moi, Clément Duval…, op. cit. — Mémoires de M. Goron, ancien chef de la Sûreté. — Notes de Dominique Petit.