Par Sylvain Boulouque
Né le 1er mars 1900 à Plovdiv (Bulgarie), mort le 6 juillet 1994 à Plovdiv ; tresseur puis typographe ; créateur à Paris du groupe anarchiste bulgare en exil ; militant syndicaliste CGT ; militant libertaire ; résistant.
Né le 1er mars, Jossif Sintov avait pris le nom de son camarade Nikola Tchorbadieff, né le 23 octobre 1900 à Plovdiv en Bulgarie, qui avait été tué lors de la répression en Bulgarie. Il commença à militer lorsqu’il était au lycée, à la fin de l’année 1916, dans les mouvements de la jeunesse libertaire. En 1918, il participa à la création de la Fédération anarchiste bulgare et à de multiples associations à caractère libertaire. En juin 1923, lors du coup d’État, il passa à la clandestinité et participa à la tentative d’insurrection du 20 septembre 1923. Il se réfugia ensuite en France et, ne trouvant pas de travail à Paris, partit à Saint-Étienne.
Revenu à Paris, Nikola Tchorbadieff créa le groupe bulgare en exil et en fut le trésorier. Ce groupe édita un périodique : Bulletin, qui ne compta que deux numéros. Sa compagne, Léa Kamener (1899-1982), faisait alors partie du groupe juif (voir Jacques Doubinsky). Il travailla comme tresseur et dû à son ami Samuel Schwartzbard de ne pas être expulsé. Il participa à la création de la Librairie internationale (voir Sébastien Faure) et collabora à la Revue internationale anarchiste, dans laquelle il traitait des questions bulgares. Devenu typographe, syndiqué à la CGT, il fut employé par Armand Bidault qui publiait La Brochure mensuelle.
Pendant la guerre d’Espagne, Nikola Tchorbadieff participa à la rédaction et à la confection du bulletin Fraternité (dont seul le titre était en français) qui essayait de rassembler tous les Bulgares en exil en France pour que ces derniers soutiennent la République espagnole. Il représenta les Bulgares en exil au Comité pour l’Espagne libre.
Lors de la mobilisation, il s’engagea volontairement mais fut arrêté et envoyé au camp du Vernet, où il se trouva dans le même baraquement qu’Arthur Koestler qui le mentionna plus tard dans La Lie de la Terre. Il fut libéré et rejoignit son régiment. Au moment de l’Armistice, il se trouva en zone non occupée et participa alors à la Résistance.
Après la seconde guerre mondiale, il resta en France et participa aux réunions des groupes anarchistes bulgares en exil. Il fit partie des comités de rédaction de la revue Notre Route, revue mensuelle d’information sur la Bulgarie, et des brochures d’information sur la Bulgarie et sur l’histoire du mouvement libertaire bulgare.
En 1979, il fut des fondateurs de la revue d’information, d’abord publiée en bulgare puis en français, sur les pays de l’Est : Iztok. En 1993, Nikola Tchorbadieff édita une brochure en bulgare : Les causes qui ont créées le socialisme. L’anarchisme d’aujourd’hui et de demain destinée à la jeunesse bulgare.
Il décida en juin 1994 de retourner à Plovdiv où il mourut quelques jours après, le 6 juillet.
Par Sylvain Boulouque
SOURCES : G. Balkanski, Histoire du mouvement libertaire en Bulgarie, Volonté anarchiste n° 16-17, 1982. — Témoignage de l’intéressé.