TOGNY Albert [Ernest, Albert, dit] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Guillaume Davranche

Né le 29 octobre 1876 à Paris ; ouvrier coloriste sur cartes postales ; syndicaliste et anarchiste.

En 1909 et 1913, Albert Togny fut secrétaire du syndicat des ouvriers coloristes de Paris, fondé en novembre 1909 - devenu par la suite Chambre syndicale ouvrières des coloristes enlumineurs travailleurs de la carte postale du département de la Seine.

Le 6 mars 1910, le syndicat tint un meeting à la bourse du travail de Paris, rue du Château-d’Eau, sous la présidence de Togny et de Lucien Métivier*. Peu de temps après, les coloristes-enlumineurs de la maison Katz-Dreyfus se mirent en grève contre une diminution de salaire. Le 18 mars, durant une manifestation de grévistes, des coups de feu furent tirés, apparemment par Métivier et sa compagne. Le lendemain, à la sortie de la bourse du travail, la police procéda à une douzaine d’interpellations, dont celle de Togny et Métivier. Togny resta quelques semaines en prison, puis bénéficia d’un non-lieu.

Albert Togny assista comme délégué au congrès de la CGT à Toulouse du 3 au 10 octobre 1910, où il représentait la Fédération française des industries en papier.

Il fut ensuite membre de la Fédération révolutionnaire communiste (FRC), où il adhéra au Club anarchiste communiste. Du 7 au 9 octobre 1911, il assista au procès de La Guerre sociale, dans l’affaire Bled*-Dudragne*-Métivier. Il témoigna en faveur de Miguel Almereyda et de ses co-inculpés, en signalant le rôle de provocateur de Métivier durant la grève des coloristes.

De mars à mai 1912, il appartint au Comité antiparlementaire révolutionnaire — impulsé par la FRC — qui mena une campagne abstentionniste à l’occasion des élections municipales de mai. Ce comité rassemblait 25 personnalités anarchistes et/ou syndicalistes révolutionnaires (voir Henry Combes). Le 29 mars, il prenait la parole devant 300 personnes à un meeting du comité organisé salle de l’Égalitaire, rue de Sambre-et-Meuse. Intervinrent à ses côtés Léon Israël*, André Mournaud, Francis Delaisi, Eugène Martin* et Henry Combes, tous militants de la FRC, ainsi que Tissier*, de LaGuerre sociale, et Bodechon*, du Comité de défense sociale (CDS).

Togny fut membre du comité de L’Entr’aide, une caisse de solidarité avec les militants emprisonnés et leurs familles, impulsée par la FCA en juin 1912. Le comité de L’Entr’aide, dont Lacourte* était le trésorier, rassemblait une quarantaine de « personnalités » communistes libertaires et syndicalistes révolutionnaires. En 1912, il était également trésorier de la commission des grèves et de la grève générale de la CGT. Il habitait alors 51, rue Lhomond, Paris 5e.

Le 25 mai 1913, il prit la parole à la tribune de la FCA au grand rassemblement du Pré-Saint-Gervais contre la guerre et les trois ans.

Les 13, 14 et 15 juillet 1913, il représenta la Fédération du papier à la conférence extraordinaire de la CGT, mais ne s’exprima pas sur la question de la grève générale du 24 septembre (voir Arthur Marchand). En août 1913, il assista au congrès national anarchiste, où il prit la défense de la CGT contre les critiques d’une partie des congressistes, tout en reconnaissant qu’elle était « perfectible » et que les anarchistes devaient se concentrer sur la formation des jeunes syndicales car « ils seront ce que nous les ferons ». Au terme du congrès, il fut désigné à la commission de 8 membres chargée de mettre sur pieds la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (FCAR).

En décembre 1913, il était secrétaire du Club anarchiste communiste et trésorier fédéral de la FCAR. Il était inscrit au carnet B.

Au printemps 1914, il était le trésorier du Comité de défense pour la liberté d’opinion, qui opposait des candidatures de détenus politiques aux candidatures de politiciens de tous partis (voir Léon Jahane). Sous le pseudonyme Albret, il fut désigné pour représenter la FCAR au congrès anarchiste international de Londres, qui devait se tenir en août 1914. Mobilisé, il fut incorporé au 26e régiment d’artillerie.

Après guerre, il milita au sein du Comité syndicaliste révolutionnaire (CSR) de la fédération du Papier. En août 1921, après le congrès confédéral CGT de Lille, il figura dans la liste des candidats présentés par les CSR à la commission administrative de la CGT.

Après la scission confédérale de décembre 1921, il rejoignit la CGTU. Sans doute figurait-il initialement dans la tendance Monmousseau car, en octobre 1923, il était passé à la minorité, au sein des Groupes syndicalistes révolutionnaires (GSR, voir Benoît Broutchoux). À l’approche du congrès de Bourges, il figura sur la liste de candidats à la commission exécutive confédérale de la CGTU présentée par les GSR.

En 1924-1925, il collabora à la série quotidienne du Libertaire.

Il fut rayé du carnet B le 16 mai 1931.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154700, notice TOGNY Albert [Ernest, Albert, dit] [Dictionnaire des anarchistes] par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 29 avril 2014, dernière modification le 20 avril 2020.

Par Guillaume Davranche

SOURCES : AN F7/13053 et 13056 — Arch. PPo. BA/1694, 1513 et 1514, et GA A10 — L’Humanité du 7 au 20 mars 1910, et du 8 au 10 octobre 1911— Le Libertaire du 23 août 1913 — Le Réveil anarchiste, Les Lilas, n°1, 1er avril 1914 — La Presse du 13 août 1921— René de Marmande, L’Intrigue florentine, La Sirène, 1922 — L’Humanité du 21 octobre 1923.

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