TORRENS Joseph [José, Diego, Antonio dit] [Dictionnaire des anarchistes]

Par René Bianco, Guilaume Davranche, Rolf Dupuy

Né à Barcelone (Espagne) le 5 juillet 1854 ; ouvrier journalier ; anarchiste.

José Torrens arriva en France avec ses parents Andrés et Domingue Marti, à l’âge de 2 ans. Après un passage par Nantes, ils s’installèrent l’année suivante à Marseille, où le jeune José devint parfaitement bilingue. C’est sous l’influence de son frère André Torrens* qu’il devint anarchiste. La police le considérait comme « intelligent, très actif et très dangereux » et il fut, à ce titre, constamment surveillé.

En 1881 il logeait dans un garni, au 12 rue Coutellerie, et fut l’organisateur d’une grande réunion publique qui se tint le 16 mai salle des Vingt-Cinq-Billards, au 2 place du Mont-de-Piété. Le Parisien Émile Gautier* y fit une conférence révolutionnaire sur la propriété.

En 1882 il monta un petit commerce de primeurs avec S. Goirand, l’un des fondateurs du Cercle de l’indépendance, et un des animateurs du Cercle Esquiros. Tous deux vendaient des oranges, mais, au bout de quelques mois, ils se brouillèrent et Torrens poursuivit seul ce commerce. Il était alors le secrétaire du groupe anarchiste qui se réunissait au 54, rue Saint-Laurent.

En 1884, la police signala qu’il faisait partie, avec Alphonse Montant* et Justin Mazade*, du Cercle de l’union des Peuples latins. Il assistait aussi, régulièrement, aux réunions anarchistes qui se tenaient 11, rue de la Monnaie, ou à la buvette tenue par son frère André au 5, rue de la Mûre. La même année il fut l’un des rédacteurs et l’administrateur de l’organe communiste-anarchiste L’Affamé.
Avec 11 autres compagnons, il fit partie de la commission d’organisation des meetings de chômeurs pendant l’épidémie de choléra. Ces manifestations qui réunirent plusieurs milliers de personnes les 14 et 20 juillet se soldèrent par plusieurs condamnations.

L’année suivante, Torrens collabora au Droit social dont le gérant était Alphonse Lauze* ; il était également abonné à La Révolte de Jean Grave* et rédacteur à L’Étendard révolutionnaire, un journal qui devait remplacer Le Droit social mais qui n’est sans doute pas paru. Il recevait alors toute sa correspondance au bar du Soleil, quai du Port, qui servait de lieu de réunion aux groupes marseillais.

À l’automne 1885, suite à la publication dans Le Petit Provençal d’une affiche du candidat abstentionniste Étienne Bellot, signée de divers groupes (Les Justiciers de la révolution, les Fils de Spartacus, Les Ombres diurnes, les Porteurs de glaives, etc.), Joseph Torrens fut signataire d’un droit de réponse des anarchistes marseillais signalant que « les groupes mentionnés dans l’affiche n’existent que dans l’imagination du signataire de l’affiche » (Le Petit Provençal du 3 octobre 1885).

Le 1er décembre 1885, lors d’une réunion franco-espagnole, salle des Folies marseillaises, il fit adopter un ordre du jour engageant les républicains espagnols à faire proclamer « la République sociale par tous les moyens possibles ».

En 1886, toujours assidu aux réunions, il était signalé comme « entretenant des correspondances suivies avec Jean Grave et Lissagaray de Paris, ainsi qu’avec les compagnons de divers pays ». Selon la police, c’est lui qui approvisionnait en imprimés révolutionnaires le kiosque de Marius Gauchon* au cours Belzunce. Le 18 mars 1886, Torrens fut l’organisateur, avec Justin Mazade, d’une commémoration de la Commune, tenue au Café de la marine, 17, rue de la Loge.

En février 1887 il remit à Alphonse Montant le tract « Appel aux conscrits » dont une pile, le 10 février, fut jetée dans la cour de la caserne Saint-Victor. Arrêté en 1890 pour « provocation par placards à commettre des crimes », il bénéficia, le 17 mai, d’un non-lieu mais fut l’objet d’un arrêté d’expulsion qui fut finalement suspendu.

Au début des années 1890, il épousa sa compagne, Marie Maestralli, avec laquelle il s’installa rue Pellissier et dont il eut un fils, Joseph. Il continua d’avoir une correspondance suivie avec les compagnons de France et de l’étranger.

Le 18 novembre 1893, à la suite de l’attentat commis contre l’hôtel du général commandant le 15e corps d’armée, rue d’Armény, son domicile fut perquisitionné par la police. Il habitait alors au 4, rue Pélissier. Elle y saisit des journaux et des brochures. Le 3 décembre, il fut l’objet d’un arrêté d’expulsion avec 13 autres compagnons de nationalités diverses, et fut reconduit à la frontière espagnole le 13 décembre. De Barcelone, où il se fixa, il continua d’entretenir des relations avec les Marseillais, en particulier Guérin et Mazade avec lesquels il était très lié.
Il figura néanmoins sur une liste de 14 propagandistes anarchistes communiquée en 1894 par la préfecture des Bouches-du-Rhône au ministère de l’Intérieur, à l’occasion d’une enquête nationale (voir Barnouin).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154703, notice TORRENS Joseph [José, Diego, Antonio dit] [Dictionnaire des anarchistes] par René Bianco, Guilaume Davranche, Rolf Dupuy, version mise en ligne le 1er mai 2014, dernière modification le 25 octobre 2014.

Par René Bianco, Guilaume Davranche, Rolf Dupuy

SOURCES : Arch. Dép. Marseille, M6/2467, 3389, 3390, 3392n 3393, 3397, 3398, 3399, 4699, 11M3/31, 4M2423 (état signalétique des anarchistes étrangers expulsés, n°1,mars 1894) — Arch. Nat. F7/12504 — Arch. PPo BA/1499 — René Bianco, « Un siècle de presse… », op. cit. — Miguel Iñiguez, Enciclopedia Histórica del Anarquismo Español, Asociación Isaac Puente, Vitoria, 2008.

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