Par Claude Pennetier
Né le 8 septembre 1887 à Paris (Xe arr.), mort le 5 mars 1972 à la Maison des déportés de Fleury-Mérogis ; militant communiste de la Seine ; conseiller municipal de Paris de 1952 à 1965.
Fils d’un employé et d’une domestique, François Bagard avait été peintre en bâtiment et infirmier dans un hôpital de la banlieue sud (Vitry-sur-Seine ?). Ancien combattant de la Première Guerre mondiale, il s’était marié le 12 août 1924 à Paris (Ve arr.). Il adhéra au Parti communiste en 1934 à quarante-sept ans, ce qui est rare.
Arrêté pendant l’Occupation, interné au camp de Compiègne où il fut responsable de l’infirmerie, Bagard fut déporté en Allemagne à Orianenbourg.
Maire adjoint du Ve arr. de Paris de 1947 à 1950, il s’était présenté sans succès au conseil municipal de Paris en 1947. Le décès de Pierre Rouquès lui permit de siéger au conseil de Paris de 1952 à 1965 comme représentant du 1er secteur. Annie Kriegel fit dans ses mémoires un portrait de ce « notable de quartier », « le contraire d’un bureaucrate [...] plus fin et averti qu’il n’y semblait à le voir. »
Paul Noirot en fit aussi un portrait nuancé : "François Bagard assurait le secrétariat de la section du Ve arrondissement de Paris [...] Aussi rond que Sorlin (Lucien Sorlin) était grand et filiforme, cet ancien ouvrier menuisier avait avec les sorbonnards communistes d’étonnants rapports. Il m’a souvent parlé de son amitié pour pour Marcel Prenant, par exemple, et il en parlait encore au moment où le biologiste subissait au PC les excommunications majeures. Bagard éprouvait à l’égard du professeur, du maître, de l’intellectuel combattant, un respect sans humilité que ne connaissaient pas les intellectuels inquisiteurs ; et cela tempérait chez lui les sévères condamnations contre l’hérétique exigées d’un responsable communiste. Totalement dévoués au Parti, Sorlin et Bagard étaient aussi profondément désintéressés : pas plus que l’argent ils ne cherchaient le pouvoir ; de celui qu’ils détenaient, ils ne tiraient aucune satisfaction personnelle. Ils étaient prêtres au service d’une cause vivante, celle de leur classe. À ce titre , ils n’auraient même pas songé à contester la ligne d’une institution qui les avait sortis du rang et leur avait donné une dignité nouvelle." p. 70
Il siégea à la commission de contrôle financier de la Fédération communiste de Paris en 1956-1961.
En 1961, ancien secrétaire de la section du Ve (il occupait encore cette fonction en 1951), il participait à la 6e conférence de la Fédération parisienne et fut le doyen de la conférence à soixante-quatorze ans.
Par Claude Pennetier
SOURCE : Arch. comité national du PCF. — Sixième Conférence de la Fédération de Paris, 5-7 mai 1961. — P. Noirot, La Mémoire ouverte, p. 70. — Annie Kriegel, Ce que j’ai cru comprendre, Robert Laffont, 1991, p. 374-377. — Philippe Nivet, Dictionnaire des conseillers municipaux de Paris (1944-1977), annexe de sa thèse de doctorat, Paris I, 1992. — Paul Noirot, Mémoire ouverte, Stock, 1976. — Renseignements fournis par Jacques Girault et Charles Désirat.