ANTIGNAC Antoine, Pierre [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice revue par Guillaume Davranche

Né le 15 avril 1864 à Argentat (Corrèze), mort le 8 juin 1930 au Bouscat (Gironde) ; charretier ; anarchiste.

Antoine Antignac naquit dans une famille pauvre qui comptait onze enfants. Il avait le goût de l’étude et sut acquérir de solides connaissances. À son emploi de petit clerc chez un notaire, il préféra la vie libre et exerça les métiers les plus divers, tâches mal payées mais qui lui permettaient de vivre sans contrainte. À 60 ans, raconte Aristide Lapeyre, il était livreur à Bordeaux avec une charrette à bras ; son patron acheta une camionnette mais Antignac refusa d’apprendre à la conduire ; le chauffeur qu’on lui donna alors était, à ses dires, « un imbécile sans malice, incapable de comprendre et d’exprimer une idée raisonnable » et Antignac demanda à reprendre sa charrette à bras.

Dès qu’il eut quitté le pays natal, il se lança dans la vie militante. Bon orateur, il tint de nombreuses réunions de propagande anarchiste. À Bordeaux, au début de sa carrière, il porta avec vigueur la contradiction à Sébastien Faure, alors jeune militant du Parti ouvrier français de Jules Guesde. Peu de temps après, Sébastien Faure quitta le parti guesdiste pour devenir conférencier anarchiste et demeura toujours en amicaux rapports avec son ancien contradicteur.

Antignac fut ensuite actif à la bourse du travail de Bordeaux. Toute sa vie, il devait collaborer à la presse libertaire. Ainsi, dès 1888, il écrivit dans L’Attaque de Gégout et Malato. Le 25 janvier 1890, il publia l’unique numéro d’un Bordeaux-Misère. Il collabora également à L’Harmonie et à L’Agitateur, de Marseille, à L’Insurgé de Lyon, à La Révolte de Jean Grave, au Libertaire de Sébastien Faure, à Régénération de Paul Robin.

A l’occasion du 1er mai 1891, il fut victime de la vague de répression qui visa les milieux anarchistes, et subit une condamnation.

Antignac fit campagne en faveur de Dreyfus, mais semble avoir été des « déçus du dreyfusisme » puisqu’il collabora en 1899 à L’Homme libre d’Émile Janvion et Ernest Girault.

Au début des années 1900, il était un des principaux orateurs anarchistes de Bordeaux. Il collabora à L’Action antimilitariste de l’AIA, à L’Ordre de Limoges, au Cubilot, de la colonie libertaire d’Aiglemont, et à La Cravache de Dhooghe. Il vivait alors avec Alice Dedieu.

En 1909, Antignac participa à la campagne pour la libération de Vassili Gambachidzé.

En avril 1912, il était présent au congrès de la Fédération révolutionnaire communiste (FRC) des Charentes, qui proposa la tenue d’un congrès national anarchiste. Il fut ensuite délégué au congrès national et, par la suite, fut secrétaire du groupe girondin de la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (FCAR).

Son activité lui valut avant la guerre de 1914-1918, d’être arrêté plusieurs fois. Sur la fin de la guerre, il collabora au journal pacifiste libertaire La Plèbe. En 1919, il appartenait à la Fédération anarchiste et écrivait dans Le Libertaire ainsi que dans La Révolte, organe anarchiste du Sud-Ouest. Il aurait également fait partie en 1920 d’un éphémère « soviet de Gironde » d’inspiration anarchiste (affilié à la Fédération communiste des soviets ?).

Il participa aux congrès anarchistes de Paris, 14-15 novembre 1920, de Lyon, 26-27 novembre 1921, de Levallois, 2-4 décembre 1922 et de Paris, 1-3 novembre 1924. Au congrès de Pantin, 31 octobre-2 novembre 1925, il fut désigné comme permanent chargé de gérer la librairie de l’Union anarchiste. Il écrivait alors dans La Revue anarchiste.

Après l’adoption de la Plate-forme par l’Union anarchiste communiste en 1927, Antignac milita à l’Association des fédéralistes anarchistes (AFA). Il écrivit alors dans le périodique de l’AFA, Le Trait d’union libertaire auquel succéda au mois de mai suivant La Voix libertaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154718, notice ANTIGNAC Antoine, Pierre [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice revue par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 21 avril 2014, dernière modification le 13 janvier 2021.

Par Jean Maitron, notice revue par Guillaume Davranche

SOURCES : Arch. Nat. F7/13053 — René Bianco, « Cent ans de presse », op. cit. — AD de Gironde, M (anarchistes 1899-1907) — La Révolte du 23 mai 1891 — Jean Maitron, Le Mouvement anarchiste en France, 2 vol., Paris, 1975 — Antoine Antignac dans Dictionnaire biographique des pionniers et militants d’avant-garde et de progrès social, publié par Louis Louvet (s.d.), biographie rédigée par Aristide Lapeyre — Antignac, « Souvenirs tullistes », dans La Voix libertaire, Limoges, n° 81, février 1930 — Contre-Courant, mai-juin 1960.

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