Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell
Né le 14 juillet 1896 à León, tué le 20 novembre 1936 sur le front à Madrid ; militant anarchiste et anarcho-syndicaliste, figure emblématique de l’anarchisme espagnol.
Fils d’un ouvrier corroyeur syndicaliste, Durruti devint en 1910 apprenti dans un atelier de métallurgie puis il travailla aux Chemins de fer du Nord. Après la grève générale insurrectionnelle d’août 1917, il fut révoqué et adhéra à la CNT ; recherché pour actes de sabotages et insoumission, il se réfugia à Gijón, puis en France. En janvier 1919, il rentra en Espagne et travailla à La Felguera comme mécanicien. En mars 1919, arrêté pour désertion, il parvint à s’évader et à gagner Paris, où il rencontra d’autres exilés espagnols, ainsi que des anarchistes comme Sébastien Faure, Émile Cottin et Louis Lecoin.
De retour en Espagne début 1920, il fonda le groupe "Los Justicieros", pour contrecarrer les pistoleros du patronat. En août 1923 il s’installa à Barcelone où, avec son ami Francisco Ascaso et d’autres militants, il forma l’emblématique groupe "Los Solidarios", qui organisa attaques et braquages. Durruti et Ascaso s’exilèrent à nouveau en janvier 1924 à Paris, où ils amenèrent 500.000 francs expropriés à la banque de Gijón pour financer la Librairie Internationale et l’Œuvre internationale des éditions anarchistes, qui publiera L’Encyclopédie anarchiste. Durruti trouva du travail chez Renault.
Menacés d’expulsion, Ascaso et Durruti passèrent en Belgique et de là, à la fin de l’année 1924, à Cuba puis au Mexique, au Pérou, au Chili, en Argentine et en Uruguay, où ils furent rejoints par d’autres compagnons du groupe dont Gregorio Jover et où ils poursuivirent leurs « expropriations » pour financer publications révolutionnaires, syndicats et écoles rationalistes.
Traqués par toutes les polices d’Amérique Latine, ils retournèrent en France le 30 avril 1926. Impliqués dans un complot en vue d’assassiner le roi d’Espagne lors de sa venue à Paris, Durruti, Ascaso et Jover furent arrêtés le 25 juin 1926 par la police française. Détenus à la prison de la Santé, ils furent respectivement condamnés, le 7 octobre 1926, à 3 mois, 6 mois et deux mois de prison pour rébellion, port d’armes, faux passeport et furent transférés le 8 octobre 1926 au dépôt de la préfecture de police.
Afin d’éviter une extradition demandée par l’Argentine et l’Espagne et dont l’arrêté avait été pris le 13 octobre, l’Union Anarchiste et particulièrement Louis Lecoin menèrent une intense campagne de solidarité qui aboutit à leur libération en juillet 1927. Durruti rencontra à ce moment-là Émilienne Morin qui devint sa compagne et avec qui il eut une fille, Colette.
Durruti et Ascaso furent expulsés vers la Belgique le 23 juillet 1927, mais revinrent clandestinement à Lyon, puis, à l’automne 1928, en Allemagne, avant de rentrer en Belgique.
Ils regagnèrent l’Espagne à l’avènement de la République (avril 1931). Depuis lors, les vies de Durruti et de ses compagnons sont liées aux mouvements révolutionnaires en Espagne. Buenaventura Durruti a été tué le 20 novembre 1936 lors de la défense de Madrid où il était venu participer aux combats avec une partie de sa colonne de miliciens.
Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell
SOURCE : Abel Paz, Un anarchiste espagnol, Durruti, Quai Voltaire, 1993.