BAGOT Alexandre, Léon

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 31 janvier 1877 à Paris (VIe arr.), mort le 18 février 1962 à Antony (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier tourneur puis marchand de vins puis à nouveau tourneur ; militant syndicaliste de la métallurgie et socialiste de la Seine, d’Aubervilliers, de Boulogne-Billancourt et de Châtenay-Malabry.

Fils d’une couturière (reconnu ensuite par un cafetier), Alexandre Bagot exerçait en 1905 la profession d’approvisionneur. Membre de la 20e section de la Fédération socialiste de la Seine avant la Première Guerre mondiale, Alexandre Bagot fut élu conseiller municipal d’Aubervilliers en mai 1904. au deuxième tour, avec 1 686 voix. À l’occasion de nouvelles élections l’année suivante - le Conseil étant divisé - il fut battu. Il se confond vraisemblablement avec Bagot, délégué de la Seine au congrès socialiste de Lyon (1912).

Mobilisé au 35e régiment territorial d’infanterie, il fut placé en sursis d’appel le 6 octobre 1915 et affecté aux usines Renault à Billancourt, le 18 du même mois, comme ouvrier tourneur à l’Artillerie. Membre du syndicat de la voiture-aviation, les ouvriers l’élurent délégué d’atelier le 6 septembre 1917. Il déclara le 25 septembre 1917, devant les grévistes de Salmson, que « la classe ouvrière doit montrer qu’elle ne combat pas le gouvernement et qu’elle ne lutte que contre le capitalisme ». Alexandre Bagot apparaissait comme un des principaux dirigeants du mouvement syndical dans l’entreprise, avec Anatole Michelet*. Au début de l’année 1918, un rapport de police le présentait comme un adhérent du syndicat de la Voiture-Aviation au sein duquel il défendait le point de vue de la minorité révolutionnaire ; dans les réunions il se montrait partisan de la reprise des relations internationales et préconisait « l’action directe pour obliger le gouvernement à conclure une paix sans conditions » ; « orateur à la faconde populacière intarissable (sic), très écouté par les ouvriers de l’usine Renault qu’il mène au gré de ses désirs, il paraît être au mieux avec le député Jean Longuet* » (Arch. Nat. F7/13367). Son « cœur tressaille de joie » lorsqu’éclate la grève de Renault en mai 1918 (déclaration du 16 mai 1918) mais il ajoute le lendemain : « Depuis un certain temps un grand nombre de délégués d’atelier n’ont plus confiance dans les organisations centrales parce que celles-ci s’effacent en toute occasion. ». Après le mouvement de mai 1918, Alexandre Bagot fut rappelé à la 6e section de COA de Châlons-sur-Marne et fut condamné à 4 années de travaux publics pour activité pacifiste. On le retrouve comme dirigeant syndical pendant les grèves de juin 1919 qu’il qualifie de grèves « révolutionnaires ». Il se prononce pour un « Soviet du peuple [...] qui saura imposer sa dictature ». Sa déclaration du 24 juin est claire : « Lorsque le travail aura cessé complètement dans l’industrie, les mines, les transports paralysant ainsi la vie du pays, le capitalisme devra se retirer et nous laisser la place pour que nous procédions à la reconstitution du pays dans le calme et l’ordre ce que le régime bourgeois a été incapable de faire. ».

Membre suppléant de la commission administrative de l’Humanité en 1918, Alexandre Bagot siégeait à la commission exécutive de la Fédération socialiste de la Seine fin 1919. André Morizet* le prit dans sa liste socialiste élue le 30 novembre 1919 et ce fut l’occasion de sa réapparition à Billancourt, lors d’une réunion publique le 3 novembre 1919. Il se déclarait alors marchand de vins, 1, place du Marché à Boulogne, mais son nom ne figurait pas dans les listes électorales et, à cette adresse, le recensement de 1921 signalait un Léon Bagot, né en 1856, marchand de vins (or les registres préfectoraux confirment l’état civil d’A.-L. Bagot).

Alexandre Bagot fut délégué de la Fédération socialiste de la Seine au congrès de Strasbourg (février 1920) d’où il sortit suppléant à la CAP. Son nom apparaît sur la liste des membres suppléants de la CAP socialiste SFIO désignée par les délégués ayant quitté le congrès de Tours (décembre 1920). Il s’agit peut-être d’une méprise car on s’étonne de ne pas le trouver parmi les signataires du Manifeste du Comité de résistance socialiste, ni d’ailleurs des autres déclarations de tendance. La préfecture de la Seine le qualifiait, vraisemblablement par erreur, de « communiste » en mars 1925. Il s’était marié dans la ville le 30 avril 1923 en déclarant la profession de « tourneur ».

Alexandre Bagot se confond vraisemblablement avec Bagot, candidat « communiste dissident » au conseil général de la Seine, à Boulogne le 22 mai 1927, à la suite de la démission d’André Morizet*.

Divorcé, il se remaria avec une veuve de guerre en avril 1923. Il apparaît sur les listes électorales de 1935 à Boulogne-Billancourt avec la profession de « tourneur », domicilié 89, bd Jean-Jaurès. Selon des témoignages, avant de s’installer, à la fin des années 1930, à Châtenay-Malabry (Seine), il aurait habité la région d’Aubervilliers et exercé la profession de marchand de pomme de terre sur les marchés, avec son fils. Bagot se déclarait cultivateur maraîcher à Châtenay- Malabry, au début des années 1940.

Ancien combattant, membre du Parti communiste, Alexandre Bagot fut élu conseiller municipal, le 29 avril 1945, sur la liste d’unité socialiste, républicaine et antifasciste, avec 2 035 voix sur 4 722 inscrits et 3 752 votants. Fondateur de la section de l’Union des Vieux de France, il fut réélu conseiller municipal en octobre 1947, avril 1953 battu en octobre 1959.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15480, notice BAGOT Alexandre, Léon par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 21 août 2017.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13263 et F7/13367. — Arch. Renault (J.-P. Depretto). — L’Humanité, 2 octobre 1919. — Comptes rendus des congrès socialistes nationaux. — J.-P. Depretto, Les Communistes et les Usines Renault de Boulogne-Billancourt, mémoire de maîtrise, Paris IV, 1974. — Renseignements fournis par J. Girault. — J. Girault, Militants de Châtenay-Malabry entre les deux guerres, CNRS, 1987. — Notices biographiques Renault, publiées sous la direction de Gilbert Hatry, Éditions JCM, 1990 — Jean-Louis Robert, Les ouvriers, la Patrie et la Révolution. Paris 1914-1919, Annales littéraires de l’Université de Besançon, 1995.

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