Par Claire Auzias
Né le 2 septembre 1902 à Oullins (Rhône), mort le 3 octobre 1997 à Lyon ; ouvrier puis artisan ébéniste ; anarchiste individualiste de Villeurbanne (Rhône).
D’une famille originaire du sud de l’Italie, qui était arrivée dans la région lyonnaise à l’époque de l’attentat de Caserio*, Antoine Marsella y était né en 1902. Il fut introduit à la philosophie anarchiste par deux oncles maternels dont l’un lui avait rapporté de Naples la brochure Aux jeunes gens de Kropotkine qui le marqua profondément. Dès la fin de la guerre il participait aux activités du groupe les Causeries populaires qui avait été reconstitué à Lyon en 1919 par Ruault.
Militant individualiste convaincu, grand connaisseur de Proudhon et de toute la littérature individualiste, il fut farouchement anti-centraliste, peu intéressé par l’anarcho-syndicalisme dont il qualifiait les militants de « gens frustes et sans culture ». Dans l’entre deux guerres il participa à toutes les campagnes menées par le mouvement libertaire, fut membre des Amis de l’En-dehors (1926-1928), croisa et hébergea de nombreux militants tant français qu’étrangers – dont Bertoni*, Jules Vignes*, Durruti*, Ascaso, Lazarevitch*, etc – tout en pratiquant activement l’illégalisme dans les années 1930 . Salarié pendant près d’une vingtaine d’années dans diverses fabriques de meubles de l’agglomération lyonnaise, il se mit ensuite à son compte comme artisan ébéniste.
Pacifiste intégral, il fut au début des années 1930 membre de l’Internationale des résistants à la guerre où il occupa un poste de responsabilité avant de quitter cette organisation, estimant qu’elle virait au cléricalisme.
Á la fin des années 1930 il se mettait en ménage avec Marie-Louise Massoubre (voir Marie-Louise Marsella) qu’il épousa en 1943 et dont il eut en 1946 un fils prénommé Michel* en hommage à Bakounine. Lors de la déclaration de guerre il ne répondit pas à l’ordre de mobilisation. Avec sa compagne il hébergea plusieurs copains et des familles juives dans la maison que le couple avait dans la campagne lyonnaise. Lorsque la situation devint dangereuse pour sa sécurité, il se cacha jusqu’à la fin de la guerre dans un hôpital. Dans les années 1950 il était membre du groupe Elisée Reclus de Lyon-Villeurbanne.
Antoine Marsella est mort à l’hôpital en 1997.
Par Claire Auzias
SOURCES :Claire Auzias, Mémoires libertaires : Lyon 1919-1939, Éd. L’Harmattan, 1993. — Etat civil.