BAHEU Émile, Paul, Joseph

Par Jean-Pierre Besse, complété par Philippe Pauchet

Né le 17 octobre 1923 à Longueau (Somme), mort le 2 décembre 1982 à Camon (Somme) ; mêtreur-vérificateur ; résistant et militant communiste dans la Somme ; trésorier fédéral du PC ; député suppléant ; maire de Camon.

Le père d’Émile Baheu, Paul Baheu était cheminot. Domicilié dans ce fief du Parti communiste qu’était la commune de Longueau (Somme), il était adhérent au parti depuis 1922, militant syndicaliste et conseiller municipal. Déporté dans le convoi des 45 000, il mourut à Auschwitz.

Son fils Émile adhéra aux Jeunesses communistes en 1934, selon sa fille, en 1936 selon les archives du comité central puis entra très jeune dans la Résistance.
Émile Baheu rejoignit les FTPF dès leur création.
Il commença, avec André Lalou, les premières distributions de tracts appelant les jeunes à refuser de partir en Allemagne. Il multiplia alors ses actions : sabotages des lignes téléphoniques entre Amiens et Glisy, des voies ferrées sur les lignes Paris-Lille, Paris-Amiens et Rouen-Boulogne.

Il fut l’un des résistants les plus actifs au sein du groupe dirigé Jules Bridoux (Michel), responsable régional des FTP qui le nomma chef de groupe en mars 1942.. Dans la nuit du 26 au 27 octobre 1942, avec Bridoux selon Jacques Béal (ouvrage cité en source), avec André Lalou, selon Gisèle Dujardin, il s’empara de 28 000 tickets de ravitaillement à la mairie d’Amiens (sa fille dit 36 000) et participa à l’attentat du Royal dans la nuit du 24 au 25 décembre 1942. Dans cette brasserie était installé le mess des officiers allemands, l’attentat fit vingt-cinq morts parmi les Allemands, d’autres sources donnent 33 morts et 50 blessés.

Le 19 janvier 1943, la police française trouva chez lui des tracts et avait ainsi la preuve la preuve de ses activités clandestines. Arrêté avec plusieurs de ses camarades par le commissaire Chevalier de la brigade spéciale de Saint-Quentin, il fut interrogé pendant 20 jours avant d’être interné à la prison d’Amiens. Il fut jugé et condamné à un an de prison ferme par la Section spéciale de la cour d’appel d’Amiens. Neuf mois plus tard, il fut livré aux nazis qui le dirigèrent vers Compiègne. Déporté à Buchenwald le 19 janvier 1944, il fut ensuite dirigé vers Weimar le 27 février avant d’être transféré aux mines de sel de Billorda le 20 février 1945.

De retour en France le 1er mai 1945, il fit un séjour dans un sanatorium puis reprit ses études au lycée technique dans la section menuiserie et devint mêtreur-vérificateur.

Émile Baheu était titulaire de la médaille de la Résistance et de la carte de combattant volontaire de la Résistance.

Émile Baheu reprit aussi ses activités militantes. Ce proche de René Lamps accéda en juin 1956 à la commission fédérale de contrôle financier du PC. Il quitta cette instance le 18 décembre 1966 lorsqu’il fut élu membre du comité fédéral. Il était alors présenté comme le trésorier fédéral du parti. Il occupait toujours cette fonction en 1968.

Émile Baheu qui fut pendant plusieurs années secrétaire de la section d’Amiens (Somme) fut aussi le suppléant de René Lamps quand celui-ci fut candidat aux élections législatives en 1967, 1968 et 1973 et élu. Candidat aux élections sénatoriales de 1977, Émile Baheu obtint 369 voix sur 1 658 suffrages exprimés et 1 663 inscrits.

Il fut enfin élu maire de Camon de 1971 à 1982, commune de la banlieue d’Amiens qui était aussi dirigée depuis 1959 par un communiste, Lucien Jovelin. Il conserva ce poste pendant deux mandats.

Émile Baheu, marié une première fois à Gisèle Dujardin puis à une enseignante, militante elle aussi au Parti communiste, eut deux enfants. Il décéda le 2 décembre 1982, des suites des maladies contractées dans les camps de concentration et fut pour cela reconnu mort pour la France. Albert Bécard (1982-1995) lui succéda.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15483, notice BAHEU Émile, Paul, Joseph par Jean-Pierre Besse, complété par Philippe Pauchet, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 18 août 2021.

Par Jean-Pierre Besse, complété par Philippe Pauchet

SOURCES : ADS 79W117/1791, SHD 16P27372. — Le Travailleur de la Somme, 1944-1982. — Jacques Béal, Hommes et combats en Picardie, 1939-1945, Amiens, Éditions Martelle, 1994, 181 p. — Le Courrier Picard, 3 décembre 1982. — « La Résistance dans la Somme » DVD Rom Fondation de la Résistance. — Fiche de renseignements remplie par Mesdames Françoise Baheu et Gisèle Dujardin en octobre 2000 et février 2001. — Témoignage de André Lalou recueilli par Philippe Pauchet (juillet 2002),

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