RINGEAS René [René, Antoine Ringenbach dit] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy, Marianne Enckell et Edouard Sill

Né le 13 juillet 1914 à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), mort le 20 octobre 1992 à Toulon (Var). Militant des Jeunesses anarchistes communistes avant guerre puis fondateur des Editions du vieux Saint-Ouen.

René Ringenbach, dit Ringeas, était le fils d’un secrétaire de la Fédération CGT de l’habillement. Habitant chez ses parents à Paris (13e arr.) au début des années 1930 et travaillant comme rédacteur pour la main-d’œuvre étrangère, il était membre de la Jeunesse anarchiste communiste (JAC) dont il fut le délégué le 4 juin 1933 au congrès de la Fédération anarchiste parisienne. Nommé secrétaire de la JAC, il en fut le délégué au congrès de l’Union anarchiste, les 12-13 avril 1936. Selon un rapport de police la JAC aurait compté jusqu’à 300 militants.

Orateur de talent, Ringeas fut l’un des animateurs des Jeunesses Anarchistes Communistes des Lilas et, à ce titre, orateur annoncé, aux côtés de Weiss des Jeunesses Socialistes (sans doute Lucien Weitz), dans un un tract antimilitariste "Les deux ans, c’est la guerre !" pour la tenue d’une réunion publique aux Lilas le 24 septembre 1936. Cette réunion fut suivie par une cinquantaine de personnes et soumise à une étroite surveillance de la police car des tracts furent lancés par dessus le mur du fort de Romainville et atterrirent sur le champ de tir.

Ringeas, qui collabora au Libertaire de 1934 à 1939, assista également au congrès de Paris, dit congrès de l’unité (20-21 mai 1934) où fut abandonné le sigle UACR pour celui d’Union anarchiste. Il fut élu membre de la commission administrative à l’issue des travaux des congrès de l’UA qui eurent lieu à Paris, respectivement les 12 et 13 avril 1936 et les 30, 31 octobre, 1er novembre 1937. Il fut en 1938 trésorier adjoint de Solidarité Internationale Antifasciste, le trésorier étant Nicolas Faucier. Il demeurait alors 224 rue de Vanves.

Le 19 novembre 1938 il intervint au nom des Jeunesses Anarchistes Communistes à Courbevoie au meeting "La Paix n’est pas sauvée" à l’appel du Rassemblement contre la guerre, aux côté de Weitz (et non Weiss) des Jeunesses Socialistes Ouvrières et Paysannes, de Suzanne Nicolitch du Parti Socialiste Ouvrier et Paysan, d’Henri Claude des Jeunes Équipes Unies pour une Nouvelle Économie Solidaire (JEUNES), Barzangette* de l’Union Anarchiste et un orateur du Parti du Peuple Algérien. Ce meeting fut un demi succès puisque, si le public fut nombreux, 500 personnes, il était à moitié hostile. En effet, 250 communistes se livrèrent à de nombreuses provocations, réclamant la mise au vote de la composition du bureau, traitant les Pivertistes de diviseurs ("Le POUM assassin !"). A cette réunion publique assista un important groupe de maghrébins qui y vendaient El Ouma et entonnèrent durant les échauffourées un chant qui fut sifflé par les communistes. Radjef, du Parti du Peuple Algérien, manifesta sa solidarité avec la tribune.

En 1939 Ringeas était membre de l’Université de la jeunesse prolétarienne dont le secrétaire était Armand Galli.

Durant la Seconde Guerre mondiale, il fut fiché comme juif par la police de Vichy.

Selon le témoignage de Charles Louis Anderson*, René Ringeas était très doué pour le commerce et monta de nombreuses petites entreprises, notamment après la guerre, Forana, une entreprise chargée d’approvisionner les marchands forains et dont il confia l’administration à Anderson.

En 1950 il résidait à Courbevoie où son domicile figurait sur la liste des domiciles anarchistes à surveiller par la police.

Dans les années 1960 il fut le fondateur des Editions du Vieux Saint-Ouen et publia le bulletin hebdomadaire L’Intrus (Saint-Ouen, n°1, 20 janvier à n°15, 28 avril 1966). Les éditions publièrent au moins quatre ouvrages : A. Croix, Tixier Vignancour, ombres et lumières (1965), A. Croix, Jaurès et ses détracteurs (1967), R. Ringeas & G. Coutant, Gaston Couté l’enfant perdu de la révolte (1966) et un ouvrage sur le peintre et graveur libertaire Germain Delatousche*. Deux autres ouvrages avaient été annoncés (100 ans d’histoire à travers un titre : le Figaro et De Germaine Berton à Philippe Daudet, probablement par A. Croix), mais ne parurent pas, un sinistre ayant ravagé le local du 5 rue Cagé servant de siège aux éditions. Dans L’Intrus, Ringeas écrivit sous de nombreux pseudonymes dont Le beau Jojo et Jacques Sanvignes.

En 1968 il écrivit un roman autobiographique sur la période 1936-37 qui fut refusé par Denoël et vivement critiqué par Louis Mercier*. Il s’occupait à cette époque d’une entreprise d’appareils ménagers à Saint-Ouen avec une filiale à La Seyne-sur-mer (Var) où il partit s’établir par la suite.

René Ringeas est décédé à Toulon (Var) le 20 octobre 1992.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154837, notice RINGEAS René [René, Antoine Ringenbach dit] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy, Marianne Enckell et Edouard Sill, version mise en ligne le 24 mars 2014, dernière modification le 23 décembre 2020.

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy, Marianne Enckell et Edouard Sill

ŒUVRE : Avec Gaston Coutant, Gaston Couté, l’enfant perdu de la révolte, Ed. du Vieux Saint-Ouen, 1966, illustré par Germain Delatousche.

SOURCES : Collection de L’Intrus — R. Bianco, « Un siècle de presse… », op. cit. — APpo BA 1664, 1780, 1781, 1899 & 1900 — Entretien avec L. Anderson le 3 avril 1988 — Notes de J.M. Lebas, D. Dupuy et R. Bianco — Archives municipales de Montceau-les-Mines — Archives Mercier, CIRA-Lausanne.

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