BAILLE-BARELLE Louis

Par Michelle Blondé

Né le 27 juin 1908 à Grenoble (Isère), mort en en août 1982 ; ouvrier au Société Nationale de la Viscose à Grenoble ; résistant ; militant syndicaliste CGT et communiste ; président de la FNDIRP de l’Isère ; maire adjoint d’Échirolles.

Louis Baille-Barelle était le cadet d’une famille ouvrière de six enfants. Son père, Louis-Philippe est employé aux chemins de fer. À la suite d’un accident de travail où il se fait écraser entre deux wagons, Louis Philippe demeure tétraplégique et les enfants doivent très vite travailler pour subvenir aux besoins de la famille.

Louis apprend le métier de chaudronnier et entre à seize ans chez Neyrpic. Pendant onze ans il va être employé à la construction de différents barrages de la région.

À vingt-trois ans, il rencontre Louise Michelland, âgée de seize ans ; il l’épouse et deux garçons naissent de cette union.

En 1935, Louis entre au service d’entretien général de la Société Nationale de la Viscose à Grenoble. En 1936, il y devient secrétaire du syndicat CGT, participa aux grèves et négocie avec les représentants syndicaux départementaux la convention collective signée en 1937.

Après sa démobilisation en juillet 1940, il s’implique dans la gestion des œuvres sociales de l’usine et devient en 1942 membre de la commission permanente du Comité social ainsi que des commissions « jeunes » et « d’entraide ». Ses activités l’amènent à se faire largement connaître au sein de l’usine où il est estimé des ouvriers et de la direction.

Cette même année 1942, contacté par Georges Bois-Sapin, il rejoint le mouvement Combat puis il devient membre de l’AS, sous les ordres d’Albert Reynier, alias Vauban. Responsable des Groupes Francs de Combat à la Viscose, il est entouré d’une équipe soudée où l’on retrouve également des membres des FTP. Ses amis y ont pour noms René Thomas, Sollier, Balme, Louis Clavel, Rawlik, Navarre...

Il participe à différentes opérations de sabotage de lignes électriques, de voies de communication et de la production de textile ; Il fait partie de la première expédition d’enlèvement d’explosifs à la poudrière de Rochefort, et mène, avec ses camarades, des opérations de récupération d’armes, de fabrication de faux-papiers d’identité, de fabrications et distribution de tracts. Il héberge des résistants recherchés par la Gestapo ou la Milice et aide de nombreux camarades à rejoindre le maquis.

Ses activités syndicales l’amènent, avec René Thomas, à rencontrer l’équipe de l’école des cadres d’Uriage et en particulier Joffre-Dumazedier qu’il va aider à former des cercles d’études dans le milieu ouvrier grenoblois. L’équipe de l’école s’engageant peu à peu dans la Résistance, il trouve auprès de plusieurs responsables, notamment Dunoyer de Ségonzac et Hubert Beuve-Méry, un appui au combat qu’il mène contre le STO.

En septembre 1943, dénoncé par un milicien, il est arrêté par la Gestapo avec ses amis Villevieille et Navarre, au cinéma Eden où se tient une conférence de Philippe Henriot. À Montluc, Barbie s’occupe personnellement de l’interroger. Louis Baille-Barrelle subit de nombreux interrogatoires pendant lesquels il est affreusement torturé, mais ne dénonce pas ses camarades. Transféré à Compiègne en piètre état, il y demeure quelques semaines puis partit pour Buchenwald où il arrive le 16 décembre 1943. Un mois plus tard, il est transféré au kommando de Schönebeck où se trouve l’usine de fabrication de pièces et moteurs d’avions Junkers. Il y demeure jusqu’à l’évacuation du camp en avril 1945.

Au camp il rejoint le Parti communiste et poursuit son action de résistance par des actes de sabotage dont l’un est découvert et entraîne une sanction dont seule sa puissance physique et morale lui permettent de réchapper. Mais c’est aussi et surtout par l’entraide, le soutien aux jeunes et aux plus faibles, l’organisation interne des blocks, la constitution de groupes solidaires auxquels il apporte un concours actif qu’il manifeste son humanisme et sa foi en des jours meilleurs.

À la faveur de l’évacuation du camp le 12 avril 1945, il prend la tête d’un petit groupe d’une quinzaine de déportés qui s’évade, parmi lesquels Georges Cavaroz, René Maillet et Jean Ricoux. Après 3 jours d’errance ils rejoignent les troupes américaines et sont rapatriés par la Croix Rouge.

À son retour, Louis Baille-Barrelle, très affaibli par un an et demi de déportation, séjourne trois mois au château Randon à St Ismier, transformé en maison de convalescence pour les déportés. Puis il reprend progressivement ses activités à la Viscose, avant de quitter bientôt l’usine pour les établissements Keller et Verne où il travaille trois ans.

Très vite, il va se mettre au service de ses camarades déportés et de leurs familles et va devenir président de la FNDIRP de l’Isère, fonction qu’il occupera pendant trente-cinq ans. Son nouveau combat s’organise autour de la reconnaissance des droits des déportés et des résistants. Il travaille avec les Dr Katz et Fugain à la reconnaissance des pathologies de la déportation, et participe, avec Blaise Giraudi, aux commissions départementales de reconnaissance des déportés politiques et résistants.

En 1949 il réintègre la Viscose où, après quelques mois, il est nommé contremaître. Il vit douloureusement la rupture qu’occasionnent les grèves dures de 1952 dans la communauté des viscosiers et s’absorbe de plus en plus dans son activité au sein de la FNDIRP et de l’ARAC d’Échirolles dont il devient président à compter de 1960.

En 1965, il est élu conseiller municipal d’Échirolles et adjoint aux affaires sociales, sous le mandat de Georges Kioulou. La même année, il tombe malade et doit arrêter définitivement son activité professionnelle. Il maintient cependant ses engagements comme élu jusqu’en 1971, à l’ARAC jusqu’en 1976 et à la FNDIRP jusqu’aux derniers mois de sa vie. Il décède en août 1982, à soixante-quatorze ans.

Louis Baille-Barrelle était officier de la légion d’honneur. Une place porte aujourd’hui son nom à Échirolles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15491, notice BAILLE-BARELLE Louis par Michelle Blondé, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 16 octobre 2019.

Par Michelle Blondé

SOURCES : Documents personnels. — Archives de la Société Nationale de la Viscose. — Archives départementales de l’Isère, séries 13R et 102J. — Archives du camp de Buchenwald. — Témoignages oraux et écrits : B. Giraudi, P. Moussi, H. Duffourd, P. Thibault, G. Bois-Sapin, J. Giroud, J. Baron, G. Prieto, G. Cavaroz, M. Flandrin-Thoniel. — A. Delestre, Une communauté et une école dans la tourmente 1940-1945, Presses Universitaires de Nancy, 1989. — B. Comte, Une utopie combattante, l’école des cades d’Uriage 1941-1942, Fayard, 1991. — Ville d’Échirolles, ville d’Eybens, Mémoire vivante, paroles de résistants, 2002. — M. Lorin, Schönebeck, un kommando de Buchenwald, Amicale des anciens déportés de Schönebeck-Mülhausen-Buchenwald, 2000. — P. Ricard, J.-L. Pelon, M. Silhol, Mémoires de viscosiers, PUG, 1992. — P. Billat, Levés à l’aube de la résistance dauphinoise, 1978, Sassenage, imprimeurs réunis

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