GAUDEAUX Jean, Ernest [Dictionnaire des anarchistes]

Par Michel Dreyfus, notice révisée par Guillaume Davranche

Né le 15 avril 1896 à Paris 14e, mort le 23 avril 1992 ; représentant de commerce ; anarchiste et syndicaliste, puis socialiste de gauche.

Jean Gaudeaux s’engagea volontaire le 16 septembre 1914. Blessé le 20 février 1915 et reconnu inapte au combat, il fut versé dans les services auxiliaires le 20 novembre 1916. Il fut libéré le 3 avril 1919 et put se consacrer à sa profession de voyageur de commerce.

Employé de bureau à la Compagnie française des métaux, Jean Gaudeaux devint voyageur de commerce en 1919. Militant syndicaliste révolutionnaire très actif, il fut nommé secrétaire adjoint de la section de Paris du syndicat national des voyageurs et représentants de commerce le 6 février 1921. Ce même mois, il signa avec une vingtaine d’anarcho-syndicalistes le document secret connu sous le nom de « Pacte » (voir Pierre Besnard). Il fit alors partie de la délégation qui devait représenter la minorité syndicaliste française au congrès de l’Internationale syndicale rouge (ISR). La délégation fut constituée vers le 10 mai et Jean Gaudeaux put partir, notamment en compagnie de l’anarchiste Sirolle*. Il arriva à Berlin le 17 mai 1921 où il resta une dizaine de jours en compagnie de Victor Griffuelhes. Après être passé par Stettin et Reval, il arriva à Moscou le 2 juin 1921 et assista au congrès de fondation de l’Internationale syndicale rouge qui se tint à Moscou du 3 au 19 juillet 1921.

Durant son séjour à Moscou, Jean Gaudeaux s’inquiéta du sort des prisonniers politiques. Dès son arrivée, il entra en contact avec le Groupe anarchiste universaliste et d’autres anarchistes tels que Askharov et Barmarsch. Il intervint également en faveur de communistes de gauche et rencontra à cette occasion Victor Serge* le 14 juin 1921 puis Manouilsky qui le mit en contact avec Félix Dzerjinsky puis Lénine et Trotsky.

Jean Gaudeaux visita également plusieurs usines et, avec Sirolle, demanda à visiter la région du Donetz, ce qui lui fut refusé. Il repartit d’Union soviétique « peu avant septembre 1921 » et le même mois était de retour à Paris. Entre temps, à la suite du XVIe congrès fédéral national de la CGT qui s’était tenu à Lille du 25 au 30 juillet 1921, il avait été nommé membre de la commission exécutive des Comités syndicalistes révolutionnaires le 31 juillet 1921.

Dès son retour à Paris, Jean Gaudeaux contacta Victor Griffuelhes et d’autres syndicalistes ; il attira leur attention sur les divergences grandissantes qui apparaissaient entre communistes et syndicalistes révolutionnaires. Il accepta de repartir en Russie avec Griffuelhes. Après quelques difficultés de visa, semble-t-il, ils arrivèrent à Moscou le 9 novembre 1921, et eurent pour guide la militante Khassia Voltchonok, la femme de Michel Kneler*. Tous deux consacrèrent une grande partie de leur temps à faire des démarches en faveur des prisonniers politiques et obtinrent la libération de onze condamnés à mort, sous condition qu’ils s’exilent. En revanche, ils ne purent obtenir de visa de sortie pour leur guide, qui fut arrêtée par la Tchéka alors qu’ils repartaient en France.

Jean Gaudeaux rendit compte de ces deux voyages dans un témoignage qui parut en 1924 et qui fut préfacé par Victor Méric*. Le 1er juillet 1924, il entra comme fonctionnaire des collectivités locales à la mairie de Levallois-Perret où il occupa son poste jusqu’en 1935. À cette date, il prit ces fonctions à la mairie de Saint-Ouen.

L’itinéraire de Jean Gaudeaux s’éloigna alors définitivement de l’anarchisme (se reporter au Maitron-en-ligne). Il milita au Parti socialiste-communiste animé par Paul Louis. Il y défendait le thème de l’unité ouvrière et s’opposait à la subordination des syndicats au Parti communiste. Ce fut pendant cette période, le 15 décembre 1927, qu’il épousa Emma Saulay à Asnières. Il fut ensuite un des dirigeants du Parti d’unité prolétarienne (PUP), puis un militant SFIO proche de Marceau Pivert. Pendant l’Occupation, il appartint au réseau Brutus, devint à la Libération administrateur des Journaux parlés de la radiodiffusion française et maire adjoint de Levallois-Perret.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154920, notice GAUDEAUX Jean, Ernest [Dictionnaire des anarchistes] par Michel Dreyfus, notice révisée par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 16 avril 2014, dernière modification le 16 avril 2014.

Par Michel Dreyfus, notice révisée par Guillaume Davranche

ŒUVRE : Six mois en Russie bolcheviste, Paris, Ed. Roman nouveau, 1924, 194 p. — L’Unité politique de la classe ouvrière. Les travaux de la Commission d’unification (du 11 avril 1935 au 7 février 1936). Avec une préface de Paul Louis, Paris, Éditions de la fédération de la Seine du PUP, 1936, 8 p. — Collaboration à L’Unité, journal du PUP, et à La Vague.

SOURCES : Les Archives Monatte. Syndicalisme révolutionnaire et communisme, Maspero, 1968 — État civil de Paris 14e — Bruce Vandervort, Victor Griffuelhes and French Syndicalism, 1895-1922, Louisiana State University Press, 1996.

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