GAUZY Antoine, Scipion [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Anne Steiner

Né le 4 septembre 1879 à Nîmes (Gard), mort le 12 juin 1963 à Viry-Châtillon (Essonne) ; fripier ; anarchiste individualiste.

Antoine Gauzy (1912)
Antoine Gauzy (1912)
cc Arch. PPo

Marié à Nelly Uni et père de deux enfants, Mireille et Germinal, Antoine Gauzy, originaire de Nîmes, s’était installé à Ivry-sur-Seine comme marchand soldeur avec l’aide de l’anarchiste Fromentin, lui aussi originaire du Gard.

Il fréquentait les individualistes anarchistes de L’Anarchie et de L’Idée libre et employait Élie Monier, que son frère, contrôleur des eaux à Nîmes et anarchiste, lui avait recommandé. C’était un insoumis qui utilisait des papiers au nom de Simentoff et qui était soupçonné par la police d’avoir participé au hold-up de Chantilly aux côtés de Jules Bonnot. Le 24 avril 1912, Monier était arrêté à son hôtel et le domicile de Gauzy fut perquisitionné. Les policiers tombèrent alors nez à nez avec Jules Bonnot, auquel Gauzy avait donné l’hospitalité la veille, et qui parvint à s’enfuir après avoir abattu le sous-directeur de la Sûreté, Jouin, et blessé grièvement l’inspecteur principal Colmar.

Antoine Gauzy fut alors arrêté par Xavier Guichard, le chef de la Sûreté, qui le gifla à la volée. Selon plusieurs témoignages non démentis à l’audience par l’intéressé, Guichard lui aurait alors lancé : « Tu vas sentir les poings de la foule, voyou. Ta boutique, on la vendra. Tu crèveras de faim, ta femme et tes enfants aussi », avant d’ajouter que sa femme pourrait bien toujours faire le trottoir. La compagne de Gauzy, Nelly Uni (née à Nîmes le 1er octobre 1888), anarchiste elle aussi, fut également arrêtée et interrogée.

Le cas de Gauzy fut ensuite au centre d’une campagne orchestrée par le Comité pour la défense du droit d’asile (voir Henri Guilbeaux). La campagne fut soutenue par la Fédération communiste anarchiste et plusieurs journaux dont La Guerre sociale et Le Libertaire.

Le 28 février 1913, la Cour d’assises de la Seine condamnait Antoine Gauzy, qui avait toujours affirmé ne pas connaître la véritable identité de Bonnot, à dix-huit mois de prison pour « recel de malfaiteurs ». Sébastien Faure, la journaliste Séverine et Pierre Martin avaient été cités à la barre par son avocat, André Berthon.
Antoine Gauzy fut réformé n°2 le 6 août 1915, et était encore dans cette position en mars 1916. En 1921, il était membre de la Fédération anarchiste et du CDS. Il demeurait alors 193, bd de la Gare à Paris.

Le 24 avril 1949, il assistait au banquet en l’honneur du 77e anniversaire du théoricien individualiste E. Armand, preuve qu’il n’avait pas rompu avec les milieux anarchistes individualistes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154921, notice GAUZY Antoine, Scipion [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Anne Steiner, version mise en ligne le 31 mars 2014, dernière modification le 3 octobre 2021.

Par Jean Maitron, notice complétée par Anne Steiner

Antoine Gauzy (1912)
Antoine Gauzy (1912)
cc Arch. PPo

SOURCES : Arch. Nat. F7/13053, F7/13972-13973. — Arch. PPo BA/1643. — L’Unique, 1er mai 1949. — Paris Jour, 15-16 juin 1963. — Émile Becker, La Bande à Bonnot, Nouvelles Éditions Debresse, 1968. — Jean Maitron, Histoire du mouvement anarchiste en France, Gallimard, 1975. — Acte d’accusation assises de la Seine. — Notes de Guillaume Davranche.

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