HOTZ Charles [dit Edouard ROTHEN] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par René Bianco et Rolf Dupuy

Né à Orbe, canton de Vaud (Suisse) le 21 juin 1874, mort le 26 mai 1937. Employé aux tramways. Anarchiste de Marseille.

Charles Hotz
Charles Hotz
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Les parents de Charles Hotz s’établirent avec leur nouveau-né à Marseille, où il allait rester pratiquemet toute sa vie. Il fréquenta l’école supérieure jusqu’à l’âge de 15 ans puis son père le plaça chez un épicier en gros pour apprendre le commerce. Le jeune Hotz, qui avait des goûts bien différents, se cachait alors pour lire derrière les piles de sacs de pommes de terre. A 17 ans, ses parents étant morts, il se retrouva seul avec deux jeunes sœurs à élever ; pour subvenir aux besoins de sa famille il s’imposa alors un travail supplémentaire de comptabilité. Passionné de musique, il collabora au Pavé Marseillais où sous le pseudonyme de Gillet de Juhés il donna des critiques sur les concerts et pièces de théâtre. C’est dans ce journal dont le directeur était Xavier Raynaud, un ami de Sébastien Faure*, qu’il fit la connaissance de Victor Louis La Trémolière, ouvrier relieur, ancien gérant du journal anarchiste L’Agitateur et gérant du Cri de Marseille auquel Hotz collabora également.

Vers 1900 il se rendit à Paris où il travailla 18 mois à la compagnie des tramways et tenta de trouver une situation dans le journalisme. Ne supportant pas les concessions, il abandonna bientôt cette idée et rentra à Marseille.

Au rédacteur d’un journal chrétien qui avait, lors d’une conférence de Louise Michel* à Marseille en mars 1904, décrit « des hommes en vêtements de travail, fumant, crachant et buvant, qui soulignaient d’applaudissements frénétiques les tirades de Louise », Hotz avait répliqué : « ma lettre n’a pas pour but de vous faire grief de votre façon de peindre le milieu anarchiste où vous vous êtes trouvé ; d’aucuns célèbrent la beauté des réunions où des travailleurs viennent applaudir les paroles de justice et de liberté ; c’est votre droit de ne pas voir cette beauté et de ne pas la comprendre. Mais votre article trahit l’étonnement inquiet et le malaise que vous avez éprouvé à vous trouver, par hasard, au milieu d’ouvriers, et vous auriez peut-être voulu ajouter que ces hommes qui fumaient, crachaient et buvaient, sentaient mauvais comme leurs pipes. Vous n’avez pas osé, par un excès de délicatesse qui vous honore et comprenant sans doute que, parmi ces gens si mal éduqués, l’art de fleurer bon ne peut être réservé que pour leurs filles, lorsqu’elles sont obligées, pour manger, de se prostituer à des fils de bourgeois pieux et très orthodoxes » (L’Ère Nouvelle, mai 1904).

En 1912 il était chef de service de contentieux à la Compagnie des tramways de Marseille, était membre du Groupe d’études sociales et classé, avec Jean Marestan* auquel il était très lié, comme « communiste libertaire ». Avant et après la Première Guerre mondiale, il donna des conférences libertaires à Marseille. Il collabora à l’Encyclopédie anarchiste dont il rédigea les articles Élite, Grammaire, Ignorantin, Indiscipline, Instruction populaire, Littérature, Musique, Politique, etc. Il collabora également à de nombreux titres de la presse libertaire dont l’Ere nouvelle (Paris-Orléans, 1901-1911) que fondèrent E. Armand* et Marie Kugel* (qui était la sœur d’Esther Diener, la femme de Hotz), à L’Idée anarchiste (Paris, 13 numéros du 13 mars au 15 novembre 1924) dont Lucien Haussard* fut l’administrateur-gérant et au journal d’Alphonse Barbé*, le Semeur de Normandie (Caen-Falaise, 280 numéros de juillet 1923 à novembre 1936), de 1927 à 1936. Edouard Rothen a également collaboré à La Vie ouvrière, de Pierre Monatte*.

Avec Théodore Jean* et Casanova*, il adhéra à la fin des années 1920 au Groupe des amis de La Voix libertaire de Martial Desmoulins* qu’il avait rencontré en 1927. Toutefois Desmoulins précisait : « Nous ne le verrons pas souvent au groupe d’action libertaire, et jamais à la Fédération ; il nous fit deux causeries assez fastidieuses sur Rabelais. En les lisant d’une voix monotone, les jeunes gens des deux sexes fréquentant nos réunions le trouvaient fort ennuyeux. » Il donna des articles à La Voix libertaire (Limoges, 394 numéros de mars 1929 à juillet 1939) pour le compte de la Fédération anarchiste provençale et collabora également à l’organe pacifiste La Patrie Humaine (Paris, novembre 1931 à août 1939) de Victor Méric*. En 1934, il hébergea Max Nettlau*, dont il était l’ami, lors d’un de ses passages à Marseille.

Lors du déclenchement de la guerre civile en Espagne, il collabora à L’Espagne antifasciste (Barcelone-Paris, 22 août 1936 à 8 janvier 1937) publié en soutien au mouvement libertaire espagnol.

Charles Hotz dit Édouard Rothen est mort le 26 mai 1937. Sébastien Faure lui rendit hommage dans Le Libertaire et E. Armand écrivit qu’il était de ceux « qui font plus de besogne que de bruit ».

Les archives et la riche correspondance de Charles Hotz ont été déposées à l’Institut international d’histoire sociale d’Amsterdam et doivent être numérisées (http://search.socialhistory.org/Record/ARCH00585).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154935, notice HOTZ Charles [dit Edouard ROTHEN] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par René Bianco et Rolf Dupuy, version mise en ligne le 24 mars 2014, dernière modification le 5 avril 2020.

Par Jean Maitron, notice complétée par René Bianco et Rolf Dupuy

Charles Hotz
Charles Hotz
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ŒUVRE : Politiciens : pièce en un acte (Marseille, 1909) — L’art et le peuple (Marseille, 1910) — La Liberté individuelle (Paris, 1929) — La politique et les politiciens : une duperie, des dupeurs (Ed. de l’Encyclopédie anarchiste, 1934) — La propriété et la liberté (Paris, 1934).

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M6/3851 et 10890. — Bulletin du CIRA, Marseile, 1983 (M. Desmoulins, Souvenirs ou la fin d’une vie) — La Voix libertaire, 9 mars 1929. — Le Libertaire, 3 juin 1937. — L’En-dehors, juillet-août 1937 — AD Marseille M6/3850 — CIRA Marseille (Dossier E. Rothen) — R. Bianco « Le mouvement anarchiste à Marseille…, op. cit. — R. Bianco « Un siècle de presse… », op. cit.

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