Par Théo Roumier
Né le 17 août 1955 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; facteur ; communiste libertaire et syndicaliste.
Clermontois, Patrick Velard commença à militer au lycée Montferrand en 1973 lors du mouvement contre la Loi Debré. Il n’y avait pas de traces d’un engagement militant dans sa famille et ce fut sa curiosité qui le guida, dans la salle de documentation de son lycée, vers des ouvrages anarchistes. Il rentra alors en contact avec le groupe de la FA de Clermont-Ferrand. Dans ce groupe « en déliquescence », des militants étaient en relation avec l’ORA, dont un groupe se créa peu après sur la ville. Ce fut dans cette dernière organisation que Patrick Velard inscrivit son militantisme lycéen. Sur son lycée, où il se frottait aux jeunes de LO, de la LC et de la JC, il anima une publication lycéenne, Noir et rouge. De cette période et des polémiques avec notamment ses camarades lycéens trotskystes, il dit : « on rivalisait de fanfaronnades sur les références historiques, pas toujours bien maîtrisées d’ailleurs ».
Reçu facteur après son baccalauréat, il intégra le bureau de Paris 18e en janvier 1975 et adhéra à la CFDT, sensible aux « valeurs du socialisme autogestionnaire » prônées alors par le syndicat. La section CFDT de Paris 18e ne comptait alors pas de militants très actifs et seulement six mois après avoir adhéré, Patrick Velard fut « parachuté » secrétaire de section. Ce qui lui valut d’ailleurs « un début de carrière difficile ».
Toujours militant à l’ORA, il fut intégré au groupe de militants des PTT qui éditaient le bulletin Le Postier Affranchi. Il y rencontra notamment Thierry Renard et Patrice Spadoni qui animaient en même temps la tendance Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL) de l’ORA. Très rapidement, Patrick Velard se reconnut dans la « ligne UTCL ». En 1976, quelques mois avant que le congrès d’Orléans de l’ORA exclue la tendance UTCL et en vue de la préparation de ce dernier, une assemblée générale des militants du Postier affranchi fut organisée. Lors de cette AG, ce fut la « ligne UTCL » qui l’emporta, ce qui permit aux futurs exclus de conserver le titre Postier affranchi. Seuls les militants ORA (puis OCL) du complexe téléphonique de Paris Inter-archives, « réservés sur le syndicalisme », manifestèrent leur hostilité.
Exclu de l’ORA avec la minorité UTCL, Patrick Velard décida de s’investir dans la nouvelle organisation. Ce fut d’ailleurs à son domicile que furent livrés les exemplaires du premier numéro de Tout le pouvoir aux travailleurs. Néanmoins, le rythme soutenu de militantisme, (« trois réunions par semaine au début ! »), conduisit Patrick Velard à prendre du recul pendant près de quatre années durant lesquelles il se concentra sur son militantisme syndical.
Aux débuts des années 1980, il assuma des responsabilités plus importantes en intégrant le conseil syndical du syndicat CFDT des « Postaux de Paris », les POP. Les débats en conseil syndical pouvaient alors prendre des tournures « surréalistes », comme lorsqu’il y fut débattu de la légitimité des « drapeaux noir et noir et rouge, comme drapeaux du mouvement ouvrier », à apparaître dans les manifestations et les cortèges syndicaux. Les militants du Postier affranchi (Martine Donio, Thierry Renard, Patrice Spadoni...) étaient alors partie prenante de l’opposition de gauche à la ligne confédérale dans la CFDT-PTT. Redevenu militant de l’UTCL en 1980, Patrick Velard y fut alors trésorier du secteur PTT.
En novembre 1988, Patrick Velard, alors qu’il se rendait avec la délégation CFDT à une réunion avec la direction, apprenait de cette dernière qu’il n’était « plus habilité à représenter la CFDT » suite à un télex reçu de la fédération des PTT. Ce fut « avec une grande émotion » qu’il prit la parole le lendemain lors d’une assemblée générale improvisée du bureau de Paris 18 pour dénoncer cette sanction. Suite à la création du nouveau syndicat, la section CFDT du bureau de Paris 18e basculait « à 99% à SUD ». Des débuts de SUD, Patrick Velard gardait le souvenir d’un militantisme « un peu cinglé » et de ses tournées de facteur où il avait « tout le matos dans la sacoche : des logos, du blanco, du papier » pour « aller écrire après les tracts dans les bistrots et les photocopier dans les boîtes à copies. Ce qui coutait une fortune ! ».
En mai 1989 il fut l’un des 100 signataires de l’Appel pour une Alternative libertaire publié dans Lutter !. Muté à Clermont-Ferrand, il s’attela à développer SUD-PTT avant de prendre des responsabilités dans le syndicat régional SUD-PTT Auvergne. Ce fut avec son départ de Paris qu’il quitta l’UTCL, tout en conservant « intactes [ses] convictions » et restant proche par la suite d’Alternative libertaire qui succéda à l’UTCL en 1991.
Par Théo Roumier
SOURCES : Archives UTCL. — Archives interfédérales CFDT, F3C, 20T136 et 20T137. — Fonds SZECHTER conservé au CHT de Nantes, SZE 3 et SZE 4. — Annick Coupé, Anne Marchand, Syndicalement incorrect. SUD-PTT, une aventure collective, Syllepse, 1999. — témoignage de Patrick Velard du 19 février 2010. — Thibault Dufour et Patrice Spadoni, SUD 20 ans, 2009. — Théo Rival, Syndicalistes et libertaires. Une histoire de l’UTCL (1974-1991), Alternative libertaire, 2013.