Par Claude Pennetier
Né le 5 octobre 1870 à Saintes (Charente-Inférieure, Charente-Maritime) ; dessinateur industriel ; anarchiste et syndicaliste, puis socialiste ; conseiller municipal de Bois-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine).
Né d’une tailleuse, Anne Poitevin, 23 ans (fille d’un tailleur de pierre), le petit Louis Poitevin prit le nom de Louis Bourguet après le mariage de sa mère avec son père, Eugène, Jacques Bourguet, peintre en voitures, en juillet 1871. Par la suite, le jeune homme devait signer ses articles L.E. Bourguet.
Après un passage au séminaire de Saintes, Louis Bourguet renonça à embrasser la prêtrise. Il fut incorporé en novembre 1891 au 144e Régiment d’infanterie à Blaye (Gironde) puis passa à la 18e section des infirmiers maritimes à Bordeaux en mai 1892. Revenu à la vie civile en novembre 1894, il devint dessinateur à l’arsenal de Rochefort (Charente-Inférieure, Charente-Maritime). De 1906 à 1912, il fut secrétaire adjoint du Syndicat des ouvriers réunis du Port. Excellent orateur, intelligent, mesuré, Bourguet exerçait une grande influence sur ses camarades de travail. Il était fiché comme syndicaliste révolutionnaire antimilitariste, inscrit au carnet B.
Il fut nommé secrétaire de la Fédération communiste anarchiste (FCA) de l’Ouest en remplacement d’Ernest Labrousse à l’issue du congrès tenu à Rochefort-sur-Mer le 29 septembre 1912. À ce congrès, où fut lancée l’idée d’un congrès national pour fonder une nouvelle organisation intégrant et dépassant la FCA, Bourguet se prononça en faveur d’un système de cartes et de timbres, arguant qu’il ne se sentirait pas « plus diminué avec une carte de la FCA qu’avec celle de la CGT ».
Du 13 au 15 juillet 1913, il fut délégué des syndicats de la Charente-Inférieure à la conférence des bourses et fédérations de la CGT, à Paris. En 1914, il était secrétaire de l’union départementale et reprit cette fonction de 1917 à 1919. En août 1917, en tant que délégué ouvrier à la commission régionale chargé de la fixation des salaires, il participa à l’adoption de salaires minimum pour trois catégories (spécialistes, manœuvres spécialisés et manœuvres) en demandant leur augmentation et réclama pour les femmes : « salaire égal pour travail égal ». Lors de la réunion du 29 août à la Bourse du travail de Rochefort, où il fit le compte rendu de ses interventions, il termina en appelant les travailleurs : « serrons-nous les coudes et pensons à nos camardes du front, aux veuves et orphelins ; il faut venger ces pauvres malheureux en empêchant la misère de franchir le seuil de la maison. »
Devenu socialiste, en mai 1925, Louis Bourguet fut élu conseiller municipal de Bois-Colombes (Seine), 21e sur 27. La municipalité comprenait 10 socialistes SFIO dont Louis Bourguet, et 17 radicaux. Voir Bernard Martin.
Dessinateur à l’Artillerie navale à Paris, veuf de Marie Bosselu, il vivait seul au 2, rue Jules Simon. Il se remaria le 10 décembre 1932 avec Yvonne Bonnaud, originaire d’Angoulême (Charente), sans profession.
Par Claude Pennetier
SOURCES : Arch. Nat. F7/12978. — Arch. Dép. Seine, DM3 et Versement 10451/76/1. — Arch. Dép. Charente-Maritime, 4M2/65, 5M2/65, registre matricule. — Le Libertaire, 19 octobre 1912. — État civil de Saintes. — Notes de Guillaume Davranche et d’Alain Dalançon.