CHAPOTON frères [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy, Françoise Fontanelli Morel

Jean, né le 3 octobre 1865 à Montrond-les-Bains (Loire), passementier. Claude, né le 15 septembre 1870 à Andrézieux-Bouthéon (Loire), tailleur d’habits. Collaborateurs de la presse anarchiste, individualistes, militants à Saint-Etienne.

Chapoton était en 1893 l’un des responsables du journal La Marmite Sociale dont un seul numéro est paru à Alger (15 janvier 1893), dont le siège se trouvait 13 rue Dupuch et qui avait pour gérant A. Pelegrin. D’après un rapport (n° 1366) de la Préfecture d’Alger, du 22 avril 1893, il se serait embarqué pour Marseille le 15 avril. Il n’aurait été en Algérie que pour lancer la Marmite sociale. Il portait une moustache et une barbichette, et avait une très forte corpulence.

Il s’agit sans doute d’un des frères Chapoton qui militaient depuis 1890 à Saint-Etienne. En 1892 ils étaient décrits comme violents et dangereux ; Jean aurait dû être arrêté préventivement avant le 1er mai 1890, mais avait pris la fuite. Claude subit 15 jours de prison en 1891 pour outrage à magistrat : lors du tirage au sort pour le service militaire, il avait crié haut et fort « Le patriotisme est le dernier refuge d’un bandit ! Vivent les peuples frères ! » Il avait également été condamné en simple police pour ne pas avoir formé un bureau lors d’une conférence de Sébastien Faure. En avril 1892, avec A. Samuel et Rousset, il avait été désigné pour représenter les anarchistes stéphanois à la manifestation du 1er mai à Fourmies, mais fut arrêté peu avant. Il demeurait alors 25 (ou 29) rue Neuve et son nom figurait dans un carnet d’adresses saisi en mai 1892 lors d’une perquisition chez Sébastien Faure à Marseille.

En 1896, l’un d’eux habita Saint-Chamond où il diffusait la presse libertaire.

Début 1900, l’un des frères Chapoton, demeurant 29 rue de la Loire, avait pris l’initiative avec quelques ouvriers rubaniers, de fonder un petit atelier "où les principes communistes libertaires seront largement appliqués" (cf. Les Temps Nouveaux, 24 mars 1900). Il était membre du groupe L’Inéfait de Saint Etienne.
A l’automne 1906 l’un des Chapoton fut le fondateur du groupe L’Individualité à Saint Etienne.

Depuis 1907, l’un d’eux, ou tous les deux, collaborèrent sous leur seul nom de famille à plusieurs titres de la presse libertaire de tendance individualiste parmi lesquels on peut citer : La Vie anarchiste paraissant alternativement à Reims (Marne), Château-Thierry (Aisne) puis Saint-Maur des Fossés (Val-de-Marne) entre juin 1911 et août 1914 et dont les rédacteurs étaient H. Richard, puis G. Butaud à la colonie de Bascon (Aisne) et Paillard à Saint Maur ; La Mêlée publiée à Deols (Indre) en 1918-1919 puis à Paris en 1919-1920 par Pierre Chardon et Marcel Sauvage ; Sans Étiquette publié à Lyon (n°1, octobre 1923 à n°17, juin 1925) par Paul Bergeron ; Libération publié à Saint-Genis-Laval (1927-1929 ?) par Jules Vignes ; La Voix libertaire publié à Limoges entre 1929 et 1939 par l’Association des Fédéralistes Anarchistes (AFA).

Jean Chapoton était marié à une demoiselle Denhomme, fille et sœur de militants. En 1935 une dame Faure, veuve Chapoton, demeurant 22 rue de Vernay à Saint-Etienne, était la responsable du groupe féminin d’action pratique (Libertaire, année 1935).

Au printemps 1937, le journal La Voix Libertaire signalait qu’un Chapoton menait campagne en faveur de l’artisanat sans bénéfices capitalistes par la distribution de tracts signés "Chapoton le démonétiseur". Toutefois le journal regrettait que "notre vieux camarade... se soit intoxiqué par le virus bolchevik-stalinien". Visiblement très amer, Chapoton, après avoir précisé que son frère était mort, répondit que le démonétiseur n’avait que faire de cette critique et que "le sans étiquette, son idéal supprime tous les êtres supérieurs" (La Voix Libertaire, 27 novembre 1937). Dans d’autres collaborations au journal, il signait "ex artisan tisseur" et résidait alors 24 rue du Vernay à Saint Etienne ; il pourrait s’agir de Jean Chapoton.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154998, notice CHAPOTON frères [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, Françoise Fontanelli Morel, version mise en ligne le 25 avril 2014, dernière modification le 27 décembre 2020.

Par Rolf Dupuy, Françoise Fontanelli Morel

SOURCES : AD Bouches-du-Rhône 13 4 M 2419 — Les Temps nouveaux, années 1896-1900 — L’Anarchie, année 1907 — R. Bianco "Un siècle de presse...", op. cit. — Etat civil. — Note de Marianne Enckell.

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