Par Théo Roumier
Né le 22 juin 1955 à Paris XIVe arr. ; technicien chez Air France ; communiste libertaire et syndicaliste.
En 1971, après la classe de troisième, Pierre Contesenne intégrait le Centre d’instruction de Vilgenis, l’école d’apprentis d’Air France. Il en sortait en 1974 dans la promotion Mécanicien pour partir effectuer son service militaire à la base aérienne de Villacoublay où il refusa de travailler sur les avions militaires et sera affecté au balayage du hangar.
En 1976 il était embauché aux ateliers d’Air France Industrie d’Orly comme mécanicien avion. C’est sur ce site qu’il allait inscrire son militantisme syndical. Dès la fin de l’année il rejoignait la CFDT et en 1977 était élu délégué du personnel. En 1978 il demanda sa mutation et rejoignit l’atelier d’entretien moteur où il rencontra Daniel Goude qui lui fit intégrer l’UTCL. Ils rédigeaient alors tous deux un tract d’entreprise, L’Éclateur, « Bulletin des travailleurs communistes libertaires d’Air France » qui paru jusqu’en 1982.
Tout le temps de son militantisme à la CFDT, où il était un chaud partisan de l’autogestion des luttes, il s’opposa aux militants de la CGT et du Parti communiste. Pierre Contesenne appuyait notamment la radicalité des actions choisies par les grévistes lors des conflits des années 1980. Ce dont témoignèrent plusieurs articles qu’il rédigea pour Lutter !, le titre de presse de l’UTCL.
Au début des années 1980, à l’instar de militants de l’UTCL d’autres champs professionnels comme Thierry Renard ou Patrice Spadoni, Pierre Contesenne accédait à des responsabilités au sein de la CFDT d’Air France pour laquelle il investit la commission culturelle du Comité d’entreprise, estimant que « tout ce qui est ouverture sur l’éducation et la culture fait partie de la stratégie d’émancipation ». Dans l’organisation des diverses animations culturelles, conférences, expositions, il tentait de faire « entrer de la subversion », rencontrant là encore l’hostilité des militants de la CGT et du Parti communiste.
Il était, lors d’une des plus longues grèves de la maintenance industrielle d’Air France en 1988-1989, reconnu comme animateur de la coordination d’Air France et comme militant de l’UTCL. En 1991 il s’investit dans la fondation d’Alternative libertaire et, en 1993, fut actif dans la grande grève d’Air France.
De 1991 à 1993 il devint secrétaire du Comité d’entreprise de la Maintenance Industrielle d’Orly. Cette période, qui fut aussi celle du basculement de la CFDT dans un syndicalisme de plus en plus intégré, isola progressivement Pierre Contesenne au sein de son syndicat. Il s’investit notamment alors dans la fondation de l’association DAL, Droit au logement.
Il sera co-fondateur en 1995 avec Annie Pourre et Jean Claude Amara de l’association Droits devant !!, à la suite de l’occupation de l’immeuble de la rue du Dragon à Paris par le DAL, très investie sur les luttes des sans papiers. Il sera le rédacteur du premier « Appel pour l’autonomie du mouvement social » en 1998, qui sera élargi par un deuxième appel en 1999, signé notamment par Pierre Bourdieu.
Il profita en 1997 de la fusion Air France/Air-Inter pour rejoindre le nouveau syndicat SUD Aérien, héritier du SNPIT d’Air-Inter, fondé par des syndicalistes exclus de la CFDT. Il allait par la suite renforcer de sa présence le Bureau national de SUD Aérien et continuait à rendre-compte dans les colonnes du mensuel Alternative libertaire des luttes à Air France.
Par Théo Roumier
ŒUVRE : « Quel corporatisme ? Notes sur la disqualification des mouvements sociaux »,Agone n°26-27, « Revenir aux luttes », avril 2002 — « Nouveaux mouvements sociaux, luttes antiglobalisation et perspectives d’une nouvelle internationale »,Contre-Temps n°6, « Changer le monde sans prendre le pouvoir ? Nouveaux libertaires, nouveaux communistes », février 2003.
SOURCES : Archives UTCL. — Archives AL — Archives interfédérales CFDT, FGTE, 5K123 ; Fonds Szechter conservé au CHT de Nantes, SZE 3 et SZE 4. — témoignage de Pierre Contesenne du 10 mars 2010 — site web du syndicat SUD-Aérien. — Théo Rival, Syndicalistes et libertaires. Une histoire de l’UTCL (1974-1991), Alternative libertaire, 2013.