JACQUINOT Jean-Pierre [Dictionnaire des anarchistes]

Par Hugues Lenoir, Rolf Dupuy, Guillaume Davranche

Né le 23 juin 1938 au Havre (Seine-Inférieure), mort le 14 juillet 2011 au Havre (Seine-Maritime) ; marin de commerce, docker ; anarcho-syndicaliste.

Jacquinot Jean-Pierre
Jacquinot Jean-Pierre
Arch. Groupe libertaire Jules-Durand

Le père de Jean-Pierre Jacquinot, Pierre, né à Paris 12e le 14 août 1909, avait été marin syndiqué. Sa mère, Jeanne, Albertine Dujardin, née le 17 juin 1916 à Graville-Sainte-Honorine (Seine-Maritime), était « au foyer ».

Après une scolarité primaire, Jean-Pierre Jacquinot devint marin en 1956 à bord de L’Île-de-France. De 1961 à 1993, il fut docker sur le port du Havre, où le surnommait Labbé. Syndiqué CGT depuis 1956, il découvrit dans la bibliothèque du syndicat des dockers, fort d’un riche passé anarcho-syndicaliste (voir Jean Le Gall) les éditions originales des textes de Bakounine, Kropotkine, Proudhon...

À la suite à sa rencontre avec Louis Lecoin et Maurice Laisant, il adhéra à la Fédération anarchiste. En 1962, il fut un des fondateurs du groupe libertaire Jules-Durand, au Havre, qui participa à la campagne pour l’objection de conscience dirigée par Lecoin.

En mai 1978, après que le congrès de Ris-Orangis de la FA ait reconnu la lutte des classes, Jean-Pierre Jacquinot fut de ceux qui, avec Maurice Laisant, reprochèrent à la FA son évolution vers le « marxisme ». Avec quelques groupes dissidents — Asnières, Le Havre, Germinal à Paris —, il lança une nouvelle édition du Libertaire.

C’est sur la base de ce refus qu’au congrès de Nevers, en novembre 1979, Jean-Pierre Jacquinot et Maurice Laisant furent parmi les fondateurs de l’Union des anarchistes (UDA).

Cette Union des anarchistes vivota tout au long des années 1980, puis entra en déclin après la mort de Maurice Laisant en 1991. Considérant que l’UDA était entrée dans une phase de dégénérescence sectaire, Jean-Pierre Jacquinot s’en retira. Cela n’empêcha pas le congrès de l’UDA à Dijon, en 1993, de prononcer son exclusion. Absent du congrès, il n’apprit que plus tard cet épisode. L’UDA s’éteignit dans les années suivantes.

En 1994, le groupe Jules-Durand du Havre constitua une Coordination anarchiste dont il était la principale composante. En 2001, Jean-Pierre Jacquinot quitta la CGT pour se syndiquer à la CNT et s’investit comme conseiller du salarié. Il continua de confectionner Le Libertaire jusqu’en 2005, date à laquelle le titre se replia sur une édition électronique.

En mai 2011, malgré une santé altérée il aida à l’organisation de l’anti-G8 au Havre.

Internationaliste, antimilitariste et anticlérical, il se définissait lui-même comme « individualiste sur le plan de la philosophie, anarcho-syndicaliste sur le plan de l’organisation et communiste libertaire dans la finalité ». Autodidacte, détenteur du seul certificat d’études, il était un fin connaisseur de l’histoire ouvrière havraise.

Ses cendres furent dispersées le jeudi 21 juillet 2011 dans le jardin aux souvenirs du funérarium du Havre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155020, notice JACQUINOT Jean-Pierre [Dictionnaire des anarchistes] par Hugues Lenoir, Rolf Dupuy, Guillaume Davranche, version mise en ligne le 25 avril 2014, dernière modification le 23 mai 2014.

Par Hugues Lenoir, Rolf Dupuy, Guillaume Davranche

Jacquinot Jean-Pierre
Jacquinot Jean-Pierre
Arch. Groupe libertaire Jules-Durand

ŒUVRE : Anarchie et non-violence, Éd. du Libertaire , 1987. — Groupe libertaire Jules Durand, Histoire méconnue et oubliée du syndicalisme havrais 1907-1939, Éd. du Libertaire, 1997 —Groupe libertaire Jules Durand, Cent vingt ans d’anarchisme au Havre, Éd. du Libertaire, 2000. — Les Congrès ouvriers de 1880, Éd. du Libertaire, supplément au Libertaire électronique n° 14.

SOURCES : témoignages de Jean-Pierre Jacquinot et de Vincent Dubuc. — communiqué de la CNT Seine-Maritime du 21 juillet 2011.

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