Par Hugues Lenoir
Né en 1933 à Langoëlan (Morbihan) ; militant de l’Institut coopératif de l’École moderne (ICEM) ; instituteur puis maître de conférences en sciences de l’éducation
Il vit aujourd’hui en Loire-Atlantique avec Jenny Desbois, institutrice engagée dans le mouvement Freinet et dans la solidarité internationale. Il a eu deux enfants avec son ex-épouse qui était elle aussi institutrice.
Il est le fils de Marie, Anne Le Roux, née 11 décembre 1893 au Croisty (Morbihan), décédée en 1978 à Pontivy, qui fut tour à tour femme de ménage et ouvrière agricole dans les fermes de Langoëlan, puis saisonnière dans la région parisienne et enfin bonne de la châtelaine. Quant à son père, Jean-Marie Le Gal, né le 21 mai 1882 à Langoëlan (Morbihan) et décédé en 1964 à Pontivy, il était ouvrier agricole et travaillait dans la région parisienne. Blessé à la guerre de 14-18, il revint à Langoëlan en 1931 et vécut avec sa petite pension militaire. À leur propos Jean Le Gal déclare : « Mes parents n’ont jamais été à l’école. Ma mère ne parle qu’en breton. Ils n’eurent pas d’engagement social dans le village. »
Lors de son entrée à l’école primaire, Jean Le Gal ne connaissait que la langue bretonne. Après le cours complémentaire, il entra à l’École normale de Vannes où il passa d’abord son baccalauréat puis se forma professionnellement (1949-1953). En 1964, il suivit une formation à l’enseignement spécialisé « enfance inadaptée ». En 1973, il obtint une licence de psychologie puis une licence, une maîtrise et un doctorat de sciences de l’éducation (1979) à l’université de Caen. Il fut instituteur de 1954 à 1991, chargé de cours à l’université Paris-X de 1984 à 1992, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’IUFM des Pays de la Loire jusqu’à sa retraite, en 1998.
Pendant la guerre d’Algérie, dès sa libération (1957), il milita activement pour la paix en participant aux actions au sein de groupes de militants auto-organisés. Ayant initié dès 1964, au sein du mouvement Freinet, une expérience d’autogestion à l’école, en 1968, il soutint activement les étudiants dont les revendications allaient dans le sens des principes qu’il défendait. Il fut un des responsables du comité de grève autogéré des travailleurs de l’enseignement de Rezé, la ville où il enseignait, expérience qu’il décrivit dans son ouvrage Le Maître qui apprenait aux enfants à grandir. Un parcours en pédagogie Freinet vers l’autogestion. Cette action militante pour l’autogestion le mit en contact avec des organisations politiques, syndicales et sociales agissant avec les mêmes principes
En tant qu’instituteur, il intégra le Syndicat national des instituteurs (SNI) et s’engagea dans la tendance École émancipée. Mais il fut d’abord un « militant pédagogique » agissant pour une école populaire et démocratique où les enfants peuvent construire, à leur rythme, leurs savoirs et leurs compétences dans un milieu coopératif et solidaire dont ils autogèrent l’organisation humaine, institutionnelle et matérielle.
Hormis ses activités d’enseignant, toujours soucieux du perfectionnement par eux-mêmes des « maîtres », il créa en 1975, à l’université de Caen, avec Gaston Mialaret, Jean Vial, Jean Guglielmi et Yves Guillouet, le Groupe de formation et de recherche de Caen, destiné à permettre aux militants des mouvements pédagogiques de se former à la recherche-action. Dans la même perspective, en 1979, il lança à Nantes, en relation avec l’université du Mans, l’université de Tours et l’université Coopérative internationale, animée par Henri Desroche, le Groupe autogéré de formation et de recherche-action de Nantes. Durant toute sa vie d’adulte, Jean Le Gal, profondément autogestionnaire, fut un militant pédagogique, engagé dans le courant Freinet dans le cadre de l’Institut coopératif de l’École moderne.
En 1957, il fut secrétaire fédéral de la Ligue des droits de l’Homme à Nantes et adhéra en 1959 à l’Institut coopératif de l’École moderne. De 1961 à 1964, il fut responsable départemental de la Loire-Atlantique de l’ICEM. Puis, de 1965 à 1968, il fut membre du comité d’animation de la Commission nationale de l’éducation spécialisée. Entre 1968 et 1972, il fut élu au conseil d’administration. national de l’ICEM et représentant français de la Fédération internationale des mouvements d’École moderne (FIMEM). De 1982 à 1986, il fut responsable de la recherche de l’ICEM. En 1983 et jusqu’en 1992, il fut à nouveau membre du conseil d’administration de l’ICEM.
En 1986, il fut membre du comité directeur de l’ICEM en charge des relations extérieures et des relations internationales. Enfin, de 1987 à 2008, il fut responsable des relations de coopération avec le Sénégal où il participa à la renaissance de la pédagogie Freinet et chargé de mission aux droits de l’enfant et à la citoyenneté de l’ICEM.
Par Hugues Lenoir
ŒUVRE : Jean Le Gal, Pierre Yvin, Vers l’autogestion, documents de l’ICEM, 7, 1971, 208 p ; Jean Le Gal, Savoir écrire nos mots, thèse de doctorat de 3e cycle en sciences de l’éducation, Caen, 1979, 672 p. ; Organisation et mémoire des activités dans une expérience d’autogestion, Chantiers dans l’enseignement spécial, 7-8, nov-déc. 1976, édition de la Commission nationale enseignement spécial de l’ICEM, 132 p ; Jean Le Gal, André Mathieu, Réussir par l’école, comment ? La personnalisation des apprentissages, Nantes, éditions de l’ICEM, 1991, 295 p ; Coopérer pour développer la citoyenneté, la classe coopérative, Hatier ; Questions d’école, Paris, 1999 ; Les Droits de l’enfant à l’école, Pour une éducation à la citoyenneté, Bruxelles, De Boeck-Belin, 2002, 2e édition 2008. Traduit en espagnol : Los derechos del nino en la escuela, Barcelone, éditions GRAO, 2005 ; Le Maître qui apprenait aux enfants à grandir. Un parcours en pédagogie Freinet vers l’autogestion, Toulouse, Éditions libertaires/éditions de l’ICEM, 2007. Grand Prix Ni dieu ni maître 2007.
SOURCE : Témoignage direct, septembre-décembre 2009.