LESAGE DE LA HAYE Jacques, Marie, Gérard, Jean [Dictionnaire des anarchistes]

Par Hugues Lenoir

Né le 4 septembre 1938 à Fort-de-France (Martinique). Membre du Groupe information prisons, militant de la Fédération anarchiste, psychologue.

Son père (1907-1986), prénommé Henri, était natif de Tunis. Il fit carrière comme officier de marine. Sa mère, Yvonne Payen de La Garanderie, est née en 1915 à Château-Gontier (Mayenne). Elle travailla comme infirmière jusqu’à son mariage (1937). Tous deux étaient de conviction royaliste.

Délinquant dès l’âge de 15 ans, Jacques Lesage commence par des vols de voitures, puis avec toute une bande passe aux cambriolages et aux hold-up. Condamné à vingt ans de travaux forcés, il passe onze ans et demi en prison, de 18 ans et demi à 30 ans. En prison à Angers (1957-1958), il travailla comme ouvrier et fabriqua des filets de pêche. À Fresnes (1958), au Centre national d’orientation (CNO), il confectionnait des paquets d’étiquettes Esso pour la vidange des voitures. À la maison centrale de Caen (1958-1968), il fut comptable, pailleur de chaises et bibliothécaire. Pendant tout ce temps, il apprit le yoga, effectua une autoanalyse, passa son bac (1959), une licence de lettres (1959-1965), entreprit une licence de psychologie et une thèse de doctorat : « Les effets psychologiques de la frustration affective et sexuelle sur le détenu ».

Il termina sa licence de psychologie après sa libération, puis passa une maîtrise et un DESS de psychologie (1971).

Dès sa sortie, à Caen, il travailla comme manutentionnaire, docker et débardeur des halles.

À Paris, à partir de 1969, il fut déménageur chez Manpower, puis portier dans une discothèque, Le Golf Drouot. De 1969 à 1971, il travailla comme psycho-sociothérapeute à la clinique de Rueil-Malmaison, qui s’inspirait de Chesnut Lodge Hospital et dont la spécialité était le traitement des psychoses lourdes.

De 1971 à 2008, il fut psychologue-formateur à l’École des parents et des éducateurs. En 1972, il fut embauché comme psychologue à l’Établissement public de santé de Ville-Evrard et chargé de cours à l’université Paris-VIII Vincennes. Les influences conjuguées de Michel Foucault, David Cooper, Serge Livrozet, Maurice Laisant et Maurice Joyeux expliquent pour une part son parcours militant.

Membre du Groupe information prisons (GIP), membre du Comité d’action des prisonniers (CAP) et du Groupe information asiles (GIA), il fonda, en 1974, le mouvement Marge, dont l’objectif était de rassembler les marginaux de toutes les catégories pour théoriser et mettre en application les idées libertaires.

Avec un groupe de ce mouvement, en 1976, il participa à l’occupation de l’ambassade d’URSS afin de dénoncer le goulag et l’internement psychiatrique des dissidents politiques en Union soviétique.

Après avoir été actif dans le mouvement autonome, il adhéra à la Fédération anarchiste en février 1989, où il rejoignit le groupe Berneri, et fonda l’émission Ras les murs, consacrée aux luttes des prisonniers. Il anime toujours cette émission sur Radio libertaire. En 1999-2000, il participa à la création de la section CNT de l’hôpital de Ville-Evrard. En 1995, il créa, avec le docteur Gérard Guasch, médecin psychosomaticien vivant à Mexico, le Cercle d’études Wilhelm-Reich qui forme des analystes reichiens. Cette psychanalyse, directement inspirée de Wilhelm Reich, est à la fois biologique, énergétique, psychologique et sociopolitique. Le cercle fonctionne toujours.

Par ailleurs, Jacques Lesage de La Haye est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages et de plus de 200 articles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155034, notice LESAGE DE LA HAYE Jacques, Marie, Gérard, Jean [Dictionnaire des anarchistes] par Hugues Lenoir, version mise en ligne le 26 avril 2014, dernière modification le 9 septembre 2020.

Par Hugues Lenoir

ŒUVRE : La Guillotine du sexe, Robert Laffont, 1978- Le Monde libertaire, 1992 - Édition de l’Atelier, 1998. L’Homme de métal, Éditions Existence, 1995. La Mort de l’asile, Éditions libertaires, 2006.
Ses articles, surtout consacrés à la prison, à la psychiatrie, à la psychanalyse reichienne et aux idées libertaires, ont été principalement publiés dans des revues comme : Esprit, Autrement, Le Journal des prisonniers, Marge, Matin d’un blues, Libération, Rouge, le Progrès, La Croix, Politis, Le Libertaire, Le Monde libertaire, Lien social, Quel corps, Cultures en mouvement, Les Œillets rouges, La Chôme, L’Égalité, etc.

Source : témoignage direct, décembre 2009.

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