MONCADA Raffaele [Dictionnaire des anarchistes]

Par Marianne Enckell, Françoise Fontanelli Morel

Né vers 1850. Italien établi à Marseille, indicateur de police.

Moncada aurait quitté l’Italie suite à une condamnation. Il arriva à Marseille en 1879, et logea 145 rue Breteuil (6° arr) pendant 4 ans puis au 26 rue Montgrand. En 1880-1881, il était membre du Club international, un groupe anarchiste (voir Frédéric Tressaud) qui se réunissait au Café des Voyageurs ou au Café Depouzier, sur le Cours Belzunce. Il était payé depuis 1880 par le consulat italien de Marseille pour l’informer sur les activités de ses compatriotes dans la ville.

Du 14 au 20 juillet 1881, Moncada fut délégué avec Errico Malatesta au congrès anarchiste de Londres (voir Gustave Brocher) par le groupe communiste anarchiste de Marseille ; mais il n’y intervint guère et ne s’y fit pas remarquer. Les compagnons marseillais avaient informé Malatesta de leurs soupçons, mais Moncada était parvenu à obtenir une lettre de recommandation de Carlo Cafiero. Il écrivit aux autorités que Malatesta prônait le régicide comme condition essentielle à la révolution sociale en Italie.

En 1882, il était toujours soupçonné par les anarchistes marseillais, et passa quelque temps en prison avec d’autres Italiens, Mattei, Francini et Innocenti.
En 1883, il participa à la convocation d’une réunion commémorative de la Commune. L’année suivante, il fut rédacteur de L’Affamé (Marseille, 6 numéros de mai à juillet 1884).

Selon un rapport de police du 12 février 1887, il avait la réputation d’un "homme violent, haineux, tenant souvent des propos injurieux contre la France". Il prétendait exercer la profession de courtier en bijouterie, mais ses moyens d’existence restaient mystérieux. Il était en relation avec Miss Lecompte et "le nihiliste russe Alissoff". La même année, le consul italien se plaignait au ministère des Affaires étrangères parce que, selon lui, Moncada ne donnait d’informations que sur les "internationalistes" et pas sur les quelque 60 000 Italiens résidant à Marseille ; la colonie italienne l’avait d’ailleurs mis en quarantaine, le soupçonnant d’être à la solde du gouvernement italien. Suite à cela, Moncada quitta la ville en août ou septembre 1889 pour se rendre à Lugano, où il poursuivit ses activités de confident.

Il fut remplacé dans ses fonctions à Marseille par Vittorio Villaggi, qu’il avait recommandé aux autorités italiennes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155045, notice MONCADA Raffaele [Dictionnaire des anarchistes] par Marianne Enckell, Françoise Fontanelli Morel, version mise en ligne le 21 avril 2014, dernière modification le 27 décembre 2018.

Par Marianne Enckell, Françoise Fontanelli Morel

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 4 M 2410, dossier individuel 213. — R. Bianco, Le Mouvement anarchiste à Marseille, op. cit. — Max Nettlau, Geschichte der Anarchie, III, Anarchisten und Sozialrevolutionäre, op. cit. — Peter van der Mark, Revolutie en reactie, de repressie van de Italiaanse anarchisten, 1870-1900, thèse lettres, Groningen (NL), 1997. — Pier Carlo Masini, Cafiero, Milano 1974.

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